Le Canard enchaîné, 17 juillet 1974 : Défaut d’information

Paris, le 23 mars 1974
Robert Faurisson
à Monsieur le Dr Kubovy
Directeur du Centre de documentation juive de Tel-Aviv
                                                                                                                                                                                                                                               

Monsieur,

Puis-je me permettre de vous demander votre sentiment personnel sur un point particulièrement délicat de l’histoire contemporaine : les chambres à gaz hitlériennes vous semblent-t-elles avoir été un mythe ou une réalité ? Auriez-vous l’obligeance de me préciser éventuellement dans votre réponse quel crédit, selon vous, il convient d’accorder au «document Gerstein» à la confession de R. Hüss [Höss], au témoignage Nyiszli (faut-il dire Nyiszli-Kremer ?) et, d’une façon générale, à ce qui s’est écrit, de ce point de vue, sur Auschwitz, sur ce gaz Zyklons B [Zyklon B], sur le sigle «N.N.» (« Nacht und Nebel » ou «Nomen Nescia» ? [Nescio]) et sur la formule de « solution finale » ?

Votre opinion sur la possibilité d’existence de ces chambres a-t-elle varié depuis 1945 ou bien reste-t-elle aujourd’hui ce qu’elle était il y a vingt-neuf ans ?

Je n’ai pu, jusqu’à présent, découvrir de photographies de chambres à gaz qui paraissent présenter quelque garantie d’authenticité.

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Le commentaire du Canard enchaîné :

Cette lettre, qu’on hésite de qualifier de « sérieuse », a été publiée par le quotidien israélien Yediot Aharouot [Aharonot] dans son numéro du 26 mai dernier. Elle a pour auteur un nommé Faurisson qui dispense son enseignement à la Faculté des Lettres et des Sciences humaines (Centre Censier, Paris). Chargé de commenter cet ahurissant poulet, l’écrivain Haim Gouri finissait par admettre, avec un humour féroce, que si, en 1974, un professeur de la Sorbonne pouvait encore douter de l’existence des camps de la mort, et poser au directeur du Centre de la documentation juive de Tel-Aviv la question de savoir si, au sujet de ceux-ci, son opinion restait aujourd’hui ce qu’elle était il y a vingt-neuf ans, ce ne pouvait être que par défaut d’information.

Il est vrai qu’on a si peu évoqué les joyeusetés de la « solution finale », qu’il est permis à un Sorbonnard de s’interroger sur cette vague formule. Et qu’est-ce que c’est, Auschwitz ? Ce gaz zyklone ? Ce document Gerstein ? Et ces chambres à gaz, dont on ne peut découvrir de photographies qui paraissent présenter quelque garantie d’authenticité ?

Faute de culture et de lecture, M. le professeur Faurisson pourrait peut-être aller faire du tourisme en Allemagne, du côté d’Auschwitz, où on peut les «visiter» ces chambres à gaz.

[Publié dans Le Canard enchaîné, 17 juillet 1974]