La victoire des révisionnistes ?
La page de couverture de L’Événement du jeudi comporte une photographie de l’abbé Pierre et a pour titre : « Holocauste : la victoire des révisionnistes ». L’essentiel du dossier consacré à ce sujet s’étend sur dix pages ; on trouve aussi des éléments sur le sujet à quelques autres pages.[1]
Tous les articles sont uniformément hostiles aux révisionnistes. À ces derniers on ne donne jamais directement la parole et les propos qu’on leur prête sont, en général, déformés ou tronqués.
Le directeur de la publication explique que la première victoire des révisionnistes est d’avoir imposé l’utilisation du mot « révisionnistes » en page de couverture pour bien faire comprendre quel était le sujet traité. Le mot de « négationnistes » n’aurait pas convenu.
On reconnaît que les révisionnistes ont remporté tant de succès que, dans le camp de leurs adversaires, « le désarroi concurrence la confusion » et que « la panique a gagné les rangs des démocrates ».[2]
Nos adversaires sont convaincus que, pendant plus de quinze ans, nous avons, Pierre Guillaume, ses amis et moi-même, agi en fins stratèges.
La réalité est différente : les révisionnistes ont accumulé des découvertes. Ce sont leurs seules vraies victoires.
Car nous ne parvenons pas, du moins en France, à obtenir un débat avec la partie adverse et à faire entendre nos voix dans les grands médias. Le jour même où L’Événement du jeudi annonçait « la victoire des révisionnistes », le tribunal de grande instance de Bordeaux condamnait le libraire bordelais Jean-Luc Lundi, père de onze enfants, à un mois de prison avec sursis et cinq mille francs d’amende pour exposition et vente de livres révisionnistes. Assorti d’une mise à l’épreuve de cinq ans, le jugement a, en outre, ordonné la destruction des livres saisis dans sa boutique : c’est-à-dire cinquante-deux exemplaires, soit des Annales d’histoire révisionniste, soit de la Revue d’histoire révisionniste. On peut s’étonner d’une telle mesure puisque ces deux revues n’ont fait l’objet d’aucune interdiction de publication; en revanche, un arrêté de Pierre Joxe en date du 2 juillet 1990 les a frappées d’une interdiction de publicité.
« Et si l’abbé Pierre avait raison ? » La question vient d’apparaître, dans Paris, sur des affiches en caractères jaunes sur fond noir. Nos censeurs de L’Événement du jeudi sont perturbés par cet affichage public tout autant que par l’utilisation d’Internet par les révisionnistes.
Ils savent que, pour eux, le danger vient actuellement, d’une part, de l’influence de l’abbé Pierre et, d’autre part, de la puissance d’Internet.
Prochains rendez-vous à la XVIIe chambre du tribunal correctionnel de Paris (4, boulevard du Palais) pour deux procès instruits sur le fondement de la loi Fabius-Gayssot :
– mardi 24 septembre 1996, à 13 h 30, contre Me Éric Delcroix pour son livre sur La Police de la pensée contre le révisionnisme ;
– vendredi 15 novembre 1996, à 13h30, contre moi-même pour mon communiqué du 19 avril 1996 à l’AFP à propos de l’affaire Garaudy-abbé Pierre ; ma dernière condamnation remonte au 13 juin 1995 pour mon livre Réponse à Jean-Claude Pressac.
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[1] « Holocauste : la victoire des révisionnistes », p. 16-25 et p. 3, 5, 10, 13.
[2] Id., p. 23.
[3] Interrogé à Paris le 14 décembre 1992 par la correspondante du réseau américain National Public Radio (NPR) sur ma condamnation du 9 décembre, Pierre Vidal-Naquet avait répondu en anglais: « Je hais Faurisson. Si je le pouvais, je le tuerais personnellement » (voy. samizdat : «Pierre Vidal-Naquet tuerait Faurisson», 10 mars 1993)