La Roumanie cède au chantage des organisations juives
La presse du monde entier a retenti de la nouvelle : la Roumanie, qui s’obstinait à dire qu’elle n’avait encouru aucune responsabilité personnelle dans ce qu’il est convenu d’appeler « l’extermination des juifs » (ou « l’Holocauste » ou « la Shoah »), est enfin venue à résipiscence. En France, Le Monde titre : « La Roumanie reconnaît formellement avoir participé à l’extermination des juifs » (article de Mirel Bran, 17 novembre 2004, p. 7).
Pourtant, s’il est un pays qui a protégé ses juifs pendant la seconde guerre mondiale, c’est bien la Roumanie. Cette vérité, on pouvait encore l’articuler il y a une vingtaine d’années. Aujourd’hui, on nous invite à la masquer, et donc à mentir.
Sur la réalité du sort des juifs roumains pendant la guerre, citons d’abord, en guise d’avertissement, un témoignage publié en 1979 dans L’Express sous le titre « Les Roumains et les Juifs », puis, pour une réflexion plus approfondie, voyons de près un rapport publié en 1982 dans Le Monde juif, revue du Centre de documentation juive contemporaine (CDJC) de Paris, sous le titre remarquable de « La Roumanie sauvée de l’Holocauste ».
« Les Roumains et les Juifs »
Signée de Constantin Mares, voici la lettre publiée dans L’Express (semaine du 10 au 16 mars 1979) :
Je suis un Roumain établi dans la République fédérale d’Allemagne. J’ai 51 ans. Quand Hitler est mort, j’avais 17 ans. — J’ai lu avec stupéfaction, dans L’Express n° 1440 que, pendant la seconde guerre mondiale (source citée et reprise sans objections), en Roumanie, seraient morts et auraient disparu 425 000 Juifs, soit 50% d’une population juive de 850 000 (en 1939). — C’est une grave erreur, une véritable diffamation à l’adresse d’un peuple qui a trop souffert, qui n’a jamais connu la haine, l’assassinat politique ou racial en masse, ou l’envahissement des territoires appartenant aux autres peuples. C’est aussi l’occasion de rappeler que, pendant la seconde guerre mondiale, la Roumanie n’a pas été conduite par un parti fasciste mais par un maréchal qui a commis des erreurs, mais qui a mené une lutte des territoires envahis. — J’ai le devoir de préciser que, pendant la seconde guerre mondiale, mes compatriotes roumains d’origine juive n’ont pas été obligés de porter l’étoile de David, qu’ils ont eu des écoles, que, dans la capitale du pays, ont fonctionné un lycée [juif] (la Culture) et un théâtre [juif] (le Baracheum), ce dernier étant fréquenté par tous les habitants de Bucarest, juifs ou non juifs. Dans ces années, sur la scène du Théâtre national roumain, la pièce L’Étoile sans nom, écrite par le grand dramaturge roumain d’origine juive Mihail Sebastian, faisait des salles pleines. Dans toute la Roumanie n’ont pas existé des camps de concentration pour les juifs et le Maréchal Antonescu s’est opposé personnellement à la demande de Hitler, et, en conséquence, aucun de mes compatriotes n’a été livré aux nazis.
De ce bref témoignage retenons principalement trois points forts : les juifs roumains, à la différence, par exemple, de certains juifs français, n’ont pas eu à porter l’étoile de David, n’ont pas été mis en camps de concentration et n’ont pas été livrés aux Allemands pour être déportés vers l’Allemagne ou la Pologne.
« La Roumanie sauvée de l’Holocauste »
(présentation du rapport Popescu par Le Monde juif)
Signé de Josif Toma Popescu, le rapport intitulé « La Roumanie sauvée de l’Holocauste » (Le Monde juif, janvier-mars 1982, p. 1-2 et 3-11) revêt d’autant plus d’importance qu’il a reçu l’aval du CDJC, dont le directeur était Georges Wellers, ennemi juré des révisionnistes. La présentation (p. 1-2) dudit rapport (p. 3-11) par Le Monde juif est élogieuse et assez honnête. On veille à y rappeler que le gouvernement roumain n’a pas encouru de responsabilité dans le sort qu’ont pu connaître les juifs de certains territoires qui venaient d’être arrachés à la Roumanie du 28 juin au 30 août 1940 en application du pacte germano-soviétique, puis du traité de Vienne imposé par Hitler et Mussolini. En l’espace de deux mois, la Transylvanie du Nord était annexée par la Hongrie tandis que la Bessarabie et la Bucovine du Nord était annexées par l’Union soviétique et que la Dobroudja du Sud était annexée par la Bulgarie. En conséquence, imputer à la Roumanie la responsabilité du destin des juifs dans tous ces territoires équivaut à une tricherie. Ce qui est vrai, c’est qu’en 1941 le gouvernement roumain, allié à l’Allemagne, récupérera la Bucovine et la Bessarabie et transplantera de nombreux juifs de ces provinces en Transnistrie (partie occidentale de l’Ukraine soviétique) avec l’intention de les envoyer dans l’Oural si les circonstances le permettaient. Le transfert et l’installation de ces juifs tourneront au désastre et, au bout d’un an, les juifs qui auront survécu principalement au typhus, à la faim et au froid seront ramenés en Roumanie. L’équipe du Monde juif précise : « La responsabilité du gouvernement roumain dans ces épreuves est lourde, quoiqu’il ne soit pas facile de la distinguer de celle des responsables allemands [alliés de la Roumanie dans la croisade contre l’Union soviétique]. » Le Monde juif dénonce l’existence dans le reste de la Roumanie de ghettos (!) et de lois anti-juives mais pour ajouter qu’en revanche il n’y a pas eu de déportations vers les camps de Pologne ou d’Allemagne. Il va jusqu’à reconnaître que le général Antonescu (devenu maréchal en août 1941), le vice-premier ministre Mihai Antonescu (anglophile), la reine-mère et de hautes autorités de l’Église orthodoxe répondaient favorablement aux multiples interventions du Grand Rabbin de Roumanie, le Dr Alexandre Safran. Quant à Iuliu Maniu, ancien premier ministre et président du Parti national paysan, il a joué auprès du maréchal Antonescu un rôle décisif en faveur de ses compatriotes juifs.
« La Roumanie sauvée de l’Holocauste » (le rapport Popescu lui-même)
À l’époque J. T. Popescu était avocat au barreau de Bucarest. Son rapport est riche de précisions qui confirment que, grâce, en particulier, au gouvernement du maréchal Antonescu, les juifs roumains se sont vu épargner toutes sortes d’épreuves infligées aux juifs de bien d’autres pays européens. Un certain nombre de ces juifs roumains montraient leur sympathie pour la cause de l’Union soviétique que combattait la Roumanie. Au début de la guerre, à Jassy, une formation militaire roumaine montant au front et passant par une rue étroite de la ville avait été attaquée par des juifs communistes ; il s’en était suivi un engagement qui avait causé des pertes de part et d’autre ainsi que dans la population ; seules les pertes juives, considérablement grossies par la légende, sont passées à l’histoire. J. T. Popescu ne rappelle pas cette affaire de Jassy mais il en évoque une illustration : les juifs roumains n’ont pas été mobilisés dans l’armée roumaine et ils n’ont donc pas participé à la campagne de Russie, qui allait coûter à la Roumanie de terribles pertes. En compensation de ce privilège, le maréchal Antonescu avait envisagé « une contribution spéciale imposée seulement aux juifs, étant donné que ceux-ci ne participaient pas à la campagne militaire » (p. 7). Toutefois, sur l’intervention, une fois de plus, de I. Maniu, la mesure envisagée était abandonnée. Le rapport Popescu fait également état d’un étonnant privilège juif : l’octroi, avec effet rétroactif, d’une retraite financière à de vieux juifs étrangers qui, ayant travaillé en Roumanie, avaient négligé de remplir à temps les formalités nécessaires pour obtenir la nationalité roumaine. Comme des juifs, immigrants clandestins, affluaient d’Autriche, de Tchécoslovaquie et de Pologne, le gouvernement de Bucarest envisagea des mesures d’internement et de refoulement de ces immigrants mais finit, là encore, par renoncer. Quand la fortune des armes se mit à tourner, le maréchal Antonescu fut arrêté, le 23 août 1944, sur l’ordre du roi Michel Ier, livré aux Soviétiques et exécuté en 1946.
La figure du maréchal Antonescu
Le peuple roumain, pour sa part, va connaître après la guerre les rigueurs du communisme (1947-1989). Puis, après la chute du communisme, il se met à élever çà et là des statues à son ancien « Conducator ». Loin d’apparaître comme un «fasciste», Antonescu prend alors les traits d’un nationaliste qui, à l’extrême droite, avait en 1941 violemment brisé le mouvement de la Garde de Fer, et qui, à l’extrême gauche, avait combattu le communisme par la force des armes. À l’égard de ses alliés allemands il avait fait la preuve d’une farouche indépendance par son refus de leur livrer les communistes juifs aux fins d’internement dans des camps d’Allemagne ou de Pologne et aussi par les facilités qu’il avait accordées aux juifs, en pleine guerre, pour gagner la Turquie.
Aujourd’hui la communauté juive roumaine et ses amis de la communauté internationale protestent contre ces hommages rendus à la mémoire du maréchal fusillé par les communistes. En décembre 2000, un dirigeant de droite, Corneliu Vadim Tudor, qui obtient cette année-là 28% des suffrages à l’élection présidentielle, remportée par Ion Iliescu, déclare : « Je ne conteste pas l’Holocauste, mais je ne crois pas que la douleur devrait être exploitée comme un commerce. […] [Dans le cas de la] Roumanie, on exagère les chiffres pour demander un maximum de compensations financières […]. Les juifs nous demandent de démolir les statues d’Antonescu comme les Talibans l’ont fait avec celles de Bouddha» (Mirel Bran, «L’autre mémoire roumaine», Le Monde, 8 mars 2002, p. 8).
La Roumanie est candidate à l’intégration aussi bien dans l’Union européenne que dans l’OTAN. Or la première condition imposée aux pays candidats est, on le sait, d’acquitter un droit d’entrée au bénéfice des organisations juives internationales. Le montant de ce droit d’entrée n’est pas négociable ; il est proportionnel au nombre des juifs censés, d’après ces organisations, avoir disparu pendant la guerre dans le pays en question. Cette taxe casher, il faudra l’acquitter, rubis sur l’ongle, comme l’ont fait les Suisses qui, eux, ne demandaient pourtant rien à personne et surtout pas leur intégration à l’Union européenne ou à l’OTAN.
Agenouillement et repentance
Le gouvernement roumain vient de ployer l’échine, de se mettre à genoux et de faire acte de contrition. « Sous la pression de la communauté juive des États-Unis, la Roumanie, candidate à l’OTAN, a fini par revoir son passé. En mars [2002], une nouvelle loi interdisait […] notamment les statues du maréchal Antonescu. Trois d’entre elles ont d’ores et déjà été déboulonnées », annonçait avec satisfaction Mirel Bran (Le Monde, 17 juillet 2002, p. 5). Dans sa disposition antirévisionniste, la même loi condamne « toute négation publique de l’Holocauste » sous peine de cinq ans de prison (en France, le tarif est de un an). Dans une lettre ouverte signée par Hillary Clinton, sénatrice de New York, la Roumanie est sommée d’enlever le portrait du maréchal dans la galerie de portraits de tous les premiers ministres roumains. Des octogénaires d’origine roumaine, devenus après la guerre citoyens des États-Unis, sont déclarés par des tribunaux américains anciens criminels de guerre, déchus de la nationalité américaine et livrés à la Roumanie pour y être jugés et condamnés. Élie Wiesel inaugure personnellement un monument de « l’Holocauste » en Roumanie et prévient le président Ion Iliescu et le premier ministre, social-démocrate, Adrian Nastase : « Ne tournez pas le dos au passé. Intégrez-le à votre vie et vous connaîtrez la prospérité. Oubliez-le et ce sera votre perte » [Do not turn your back on the past. […] Integrate it into your life and you will flourish. Forget it and you are doomed] (New York Times, 31 juillet 2002). Près d’un an plus tard, le 12 juin 2003, le gouvernement roumain, dans un éphémère mouvement de rébellion, déclare : « Le gouvernement souligne fermement qu’à l’intérieur des frontières de la Roumanie il n’y a pas eu d’holocauste entre 1940 et 1945 », ce qui est exact. Cinq jours plus tard, « cédant à la pression internationale », à la colère de l’État d’Israël et à l’indignation de l’Institut Yad Vashem de Jérusalem, Bucarest rectifie la position et, le 17 juin 2003, confesse : « Les gouvernements [roumains] au pouvoir entre 1940 et 1944 sont coupables de graves crimes de guerre, de pogroms et de déportations » (Mirel Bran, « Révisionnisme historique, façon roumaine », Le Monde, 26 juin 2003, p. 16). Le 14 février 2004, la presse annonce l’acte de repentir de C. V. Tudor : « e demande à tous les juifs de me pardonner. J’ai changé.» Il conduira à Auschwitz une délégation de membres de son parti, celui de « la Grande Roumanie », et, s’il devient le prochain président de son pays, il introduira dans les écoles l’enseignement de « l’Holocauste » («Former Holocaust denier wants to atone», édition en ligne du Jerusalem Post).
Ainsi, comme on l’a vu, Le Monde daté du 17 novembre 2004 a-t-il pu claironner dans un en-tête de trois phrases: « La Roumanie reconnaît formellement avoir participé à l’extermination des juifs. Le président Ion Iliescu endosse “l’entière responsabilité de l’État” pour la Shoah durant la seconde guerre mondiale. Environ 400 000 juifs et 11 000 Tziganes furent tués. » Ces derniers chiffres ne correspondent évidemment à aucune vérité historique ; ils constituent une simple indication du montant de la note qui sera présentée au contribuable roumain. Le même article rappelle que, dans un récent passé, Ion Iliescu avait essayé de «minimiser la tragédie des juifs en Europe et surtout en Roumanie» si bien que « le quotidien Jerusalem Post avait plaidé pour l’isolement du chef de l’État roumain sur la scène internationale en l’assimilant au leader extrémiste autrichien Jörg Haider ». Le ministre israélien de l’Intérieur, Avraham Poraz, né en Roumanie, avait déclaré le président roumain « persona non grata ». L’article du Monde se termine sur la confirmation de trois nouvelles : la Roumanie s’apprête à construire un mémorial de la Shoah, puis elle édifiera un musée de « l’Holocauste » et, enfin, « ce sombre épisode de l’histoire roumaine sera intégré dans les manuels scolaires ».
Si Georges Wellers revenait en ce monde et réitérait à Bucarest les propos tenus dans Le Monde juif de mars 1982, il encourrait sur place une peine de cinq ans de prison. Tant il se vérifie que, d’année en année et d’un pays à l’autre, se renforce le caractère conquérant du Shoah Business et de l’industrie de « l’Holocauste ». Entre l’État d’Israël, la diaspora juive et la super-puissance américaine, il règne sur ce sujet une entente, cordiale, de maîtres chanteurs.
Note : Aujourd’hui la Roumanie est accusée d’avoir tué 400 000 juifs et, si l’on en croit la presse, elle s’en accuse elle-même. Pourtant, selon les plus réputés des historiens juifs, le nombre des morts (et non des seuls tués) a été bien inférieur. Gerald Reitlinger propose un total de 210 000 à 220 000 morts, tout en précisant qu’il s’agit là d’une simple conjecture « en l’absence de renseignements probants » (The Final Solution, Jacob Aronson, North Vale [New Jersey] 1987 [1956], p. 497, 501). Lucy Dawidowicz avance le chiffre de 300 000 (The War against the Jews, 1933-1945, Holt, Rinehart and Winston, New York 1975, p. 403) et Raul Hilberg celui de 270 000 (The Destruction of the European Jews, Holmes and Meier, New York 1985, p. 1220). Leni Yahil, quant à elle, s’abstient de proposer un chiffre quelconque ; sa conclusion sur le sort réservé aux juifs roumains est nuancée au point de constituer par moments une défense, si l’on peut dire, de la Roumanie (The Holocaust, the Fate of European Jewry, 1932-1945, traduit de l’hébreu, Oxford University Press, New York et Oxford 1990 [1987], p. 344-348). Pour un intéressant débat entre deux révisionnistes (Serban C. Andronescu et Mark Weber) sur le sujet des juifs roumains durant la seconde guerre mondiale et pour de tout autres chiffres de morts, on se reportera à The Journal of Historical Review (Summer 1982, p. 211-223 ; Fall 1982, p. 233-238 ; Winter 1982, p. 357-358, 479).
23 novembre 2004