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La puissance juive et « une insupportable police juive de la pensée » (Annie Kriegel)

Les effets pervers de cette pratique de l’interdit sont éclatants. En confiant au pouvoir judiciaire la tâche détestable de paraître traquer le délit d’opinion et d’expression, en espérant de la concurrence entre organisations « antiracistes » une obsessionnelle chasse aux sorcières qui présente les mêmes excès que n’importe quelle chasse de cette nature, en s’abritant derrière des institutions juives inquiètes pour légitimer une insupportable police juive de la pensée – par exemple dans un cas navrant récent où on a suspendu un professeur d’université coupable d’avoir laissé s’exprimer un jeune collègue qui exposait des énormités (comme si l’université, depuis vingt ans, n’avait entendu que des propos équilibrés et raisonnables) – Michel Rocard devrait s’interroger en conscience s’il ne se prête pas à une assez répugnante instrumentalisation des concepts de racisme et d’antisémitisme en vue d’objectifs peu avouables.

Annie Kriegel, « Le Leurre de l’antisémitisme », Le Figaro, 3 avril 1990, p. 2.

 

Nous ne vivons pas dans l’empyrée philosophique. Pour commencer, nous ne sommes plus dans les années 1990 mais en 2004. Un quasi-silence a fini par s’instaurer dans les rangs de ceux qui, il n’y a guère, osaient encore protester ou murmurer contre la loi Fabius-Gayssot. J’en faisais déjà la remarque à Claude Courouve dans ma mise au point du 13 février 2003. En vain. Il n’a, on le voit, tenu aucun compte des retournements à 180° de certains protestataires. Au fond, Pierre Lellouche serait en droit de lui répliquer : « Voyez comme telles de ces personnes que vous me citez sont redevenues clairvoyantes ! Elles sont maintenant en faveur de cette loi ! Quant aux autres, on ne les entend plus. Qui ne dit mot consent. »

Aujourd’hui, à pleins charters, on convoie les enfants de France vers Auschwitz ou vers d’autres « camps de la mort ». Les pèlerinages de la religion de « l’Holocauste » fonctionnent à plein régime. Tandis que les catholiques ne font pas une obligation à tous, croyants ou mécréants, de se rendre pieusement à Lourdes, les groupes de pression juifs, eux, ne nous demandent pas notre avis. Dans ces dernières années ils ont investi l’ensemble des institutions scolaires de France pour leur imposer, aux frais du contribuable, l’enseignement de la Shoah à grands renforts de « mallettes pédagogiques » juives et de matériels de sensibilisation à l’incomparable souffrance juive. Au dernier banquet annuel du Conseil représentatif des juifs de France (CRIF) pas moins de dix-sept ministres en exercice et nombre de nos dignitaires de la politique, des médias et de la finance sont venus écouter comme au prêche les menaces et les gémissements du banquier Roger Cukierman. C. Courouve ne décrit pas cette puissance juive (qui n’a rien à voir avec l’idée farfelue d’un «complot juif»). Il ne dénonce pas vraiment ce que même une Annie Kriegel, justement à propos de la loi Fabius-Gayssot, avait eu le courage et la lucidité d’appeler « une insupportable police juive de la pensée ».

Essayons de voir la réalité en face, ne serait-ce que pour mieux débusquer, décrire et dénoncer toutes les formes de polices de la pensée, à commencer par la plus insolente d’entre celles-ci : la police juive. Se déclarer hostile à la loi Fabius-Gayssot sans toutefois en dénoncer les instigateurs et les gardiens, c’est faire preuve de prudence mais non de clarté.

28 septembre 2004