Exemple d’une falsification dans l’avertissement au lecteur de Mein Kampf
Le Monde du 16 mai 1978 (p. 7) annonçait que la LIC(R)A venait d’engager une action civile devant le tribunal de Paris contre les Nouvelles Éditions latines de F. Sorlot à la suite de la diffusion par cet éditeur du livre Mein Kampf d’Adolf Hitler. Voici l’article du Monde :
Plainte contre Mein Kampf
La Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICA) a engagé une action civile devant le tribunal de Paris contre les Nouvelles Éditions latines, la Société lorraine des magasins modernes, à Paris, et les Nouvelles Galeries, à Thionville, à la suite de la diffusion par cet éditeur et ces magasins du livre Mein Kampf, d’Adolf Hitler. La LICA s’appuie sur le fait que la réédition mise en vente ne respecte pas les dispositions légales concernant les nouveaux tirages : indication du millésime, nom de l’imprimeur ou du producteur, les lieu et date du dépôt légal initial.
L’arrêt de la cour d’appel de Paris en date du 11 juillet 1979 ordonnait que chaque exemplaire du livre contiendrait un texte, à mettre au point, qui aurait pour but de montrer aux lecteurs à quels crimes Mein Kampf avait conduit.
Le texte, rédigé sous la responsabilité de M. Henri Noguères, est de huit pages. Il manifeste l’inquiétude de la LIC(R)A devant le progrès des idées révisionnistes. Il contient la phrase suivante :
« Certains “historiens” nient l’évidence des génocides perpétrés par les nazis afin de rendre à nouveau présentable cette doctrine de Mein Kampf. »
Sans doute afin de mieux faire pièce à ces négateurs de l’existence des chambres à gaz, le rédacteur du texte a-t-il voulu mentionner ces chambres à gaz comme une pure évidence que même un général SS aurait spontanément cautionnée devant le Tribunal militaire international de Nuremberg. Une telle caution n’existant pas dans la réalité, on n’a pas hésité à la forger de toutes pièces. On a pris une déclaration authentique du général SS von dem Bach-Zelewski ; en un premier temps, on l’a gravement dénaturée ; puis, en un second temps, pour faire bonne mesure, on lui a ajouté une fin qui constitue un faux pur et simple.
La déclaration originelle
Le 7 janvier 1946, devant le Tribunal militaire international, le Dr Thoma, avocat de l’accusé Rosenberg, allait poser une question au général von dem Bach-Zelewski. Cette question portait sur une réflexion du général Ohlendorf, censé avoir fait massacrer en Russie quatre-vingt-dix mille personnes de juin 1941 à juin 1942. Ohlendorf avait dit que dans son esprit de tels massacres ne correspondaient pas à l’idéologie nationale-socialiste. Interrogé sur ce point, von dem Bach-Zelewski avait répondu devant le tribunal :
Personnellement, je suis d’un autre avis. Si, pendant des années, on prêche la doctrine que la race slave est une race inférieure et que les juifs ne sont pas même des êtres humains, une telle explosion est inévitable.[1]
La déclaration, reprise dans le jugement final
Dans le jugement final, cette déclaration devait réapparaître sous une forme légèrement différente, que voici :
Lorsqu’on demanda au témoin Bach-Zelewski comment Ohlendorf avait pu trouver naturel le meurtre de quatre-vingt-dix mille personnes [on ne précise pas : en un an], il répondit : « J’estime que, si l’on enseigne pendant des années la doctrine selon laquelle la race slave est une race inférieure et le juif à peine un être humain, un tel aboutissement [au lieu de : explosion] est inévitable.[2] »
La déclaration reprise et transformée sous l’autorité de M. Henri Noguères
Aux pages 2 et 3 du texte à insérer dans Mein Kampf on lit :
Mais comme l’indiquait lors du procès de Nuremberg le général des SS Bach-Zelewsky :
« … Si vous prêchez pendant dix longues années que les peuples slaves constituent une race inférieure et que les juifs sont des sous-hommes, il s’ensuivra logiquement qu’on acceptera comme un phénomène naturel le fait de tuer des millions [et non plus quatre-vingt-dix mille personnes en un an] de ces êtres humains. De Mein Kampf le chemin conduit directement aux fournaises d’Auschwitz et aux chambres à gaz de Majdanek. »
La LICRA n’a jamais travaillé autrement.
15 décembre 1979
Note de l’auteur en 2011 : On remarquera qu’en 1978, pour Henri Noguères, à Auschwitz on brûlait les gens dans des fournaises (comme dans La Nuit d’Élie Wiesel) tandis qu’à Majdanek on les empoisonnait dans des chambres à gaz !