Concessions faites aux révisionnistes

« Le Dossier des chambres à gaz », 
L’Histoire, juin 1992, p. 42-51, 
à propos de l’ouvrage de J.-C. Pressac, 
Auschwitz, Technique and Operation of the Gas Chambers
The Beate Klarsfeld Foundation, New York 1989


Ce dossier de la revue L’Histoire comprend essentiellement Une histoire scientifique d’Auschwitz par l’historien Philippe Burrin, « Pour en finir avec les négateurs » par Jean-Claude Pressac, Les historiens et le génocide par l’historien François Bédarida et « En mémoire des victimes » par l’historien Pierre Vidal-Naquet. Certains articles sont disposés sur trois colonnes (A, B, C).

I – Philippe Burrin

Leur tâche [celle des révisionnistes] a été, il faut le dire, aidée par la défaillance partielle des historiens. […][1]  

[…] établissant de manière parfaitement irresponsable un bilan de quatre millions de victimes [pour Auschwitz].[2]  

[…] Grâce à l’étude de ces archives, on dispose enfin d’une étude précise et systématique.[3]  

[…] Les recherches de Jean-Claude Pressac […] contribuent à fonder une histoire scientifique d’Auschwitz.[4]  

II – Présentation de l’étude de J.-C. Pressac

On verra ici que Jean-Claude Pressac a passé au crible des documents jusqu’alors négligés par les historiens.[5]  

III – J.-C. Pressac 

Certains survivants eurent tendance à exagérer. Les accusés furent contraints d’adopter des tactiques de défense classique […].[6]  

[…] Il en résulta que [lors des procès] le côté « technique » des gazages homicides fut pratiquement escamoté.[7]  

[…] Cette pénurie documentaire […] à l’Est […] conduisit souvent à déformer le sens d’une pièce en la produisant hors de son contexte. À l’Ouest, le manque de documents […] conduisit les historiens occidentaux à une méthode substitutive, dite du « codage ». Elle permettait de rendre « criminel » un texte ou un plan qui ne l’était pas, en supposant que tel mot avait été « codé » par les SS et possédait une signification différente de celle usuelle.[8]  

[…] L’histoire ainsi édifiée de 1950 à 1970-1980 manquait de rigueur. En sus dès 1945, une erreur avait été commise [on avait inventé des chambres à gaz là où il n’y en avait pas eu].[9]  

[…] c’était toujours le même scénario « gazeur » [de fiction] qui était évoqué et que retint l’inconscient collectif. Il correspond à un amalgame […] le fonctionnement supposé de la chambre à gaz de Dachau qui, en réalité, ne fut jamais mise en service.[10]  

[…] cette « histoire-témoignage » [où on pourrait relever] de multiples contradictions [et où on pourrait ne voir] qu’une « histoire-légende ».[11]  

[…] Les survivants de l’extermination juive […], après avoir constaté [vers 1980] la relative impuissance des historiens traditionnels à faire taire ces virulentes critiques [des révisionnistes], s’adressèrent à la Justice. Mais ce qu’on croyait facile à démontrer ne le fut pas.[12]  

[Au sujet des « journaux » enterrés par les membres du Sonderkommando] Ceux qui furent retrouvés sont quasi muets sur l’aspect technique.[13]  

[…] Le film soviétique Chroniques de la libération du camp, 1945, que les télévisions occidentales présentèrent récemment comme un document inédit, était projeté depuis trente ans et l’est toujours, plusieurs fois par jour et en différentes langues, dans une salle de cinéma à l’entrée du musée d’Auschwitz.[14]  

[…] Pour montrer la fiabilité ou, en fait, la fragilité des témoignages, quatre exemples seront évoqués :

1) Rudolf Vrba raconte […]. Vrba affirme […]. Vrba témoigna sous serment devant les tribunaux […]. [Or, cela était faux.]
2) Le caporal-chef SS Pery Broad […] travailla ensuite pour [les Britanniques]. Il rédigea à leur attention une déposition dont le style adopte le « langage du vainqueur » [définition de P. Vidal-Naquet], forme probablement conseillée par un Polonais de Londres en contact avec le SS. [Or, cela était faux.]
3) Le docteur hongrois Miklos Nyiszli [fournit trop d’indications] sans rapport avec la réalité. Son manuscrit original [de Médecin à Auschwitz] n’a jamais été retrouvé.
4) Nombre de survivants juifs, déportés en 1943-1944 et ayant séjourné à Birkenau, déclarent […] [Or, cela était faux.].[15]  

[…] Or, il n’existe ni film ni photo représentant un gazage homicide. Aucun document ne mentionne précisément le processus d’une telle opération. Les seules preuves disponibles sont des « traces » ou « bavures » criminelles.[16]  

[…] de nombreuses archives allemandes, polonaises et russes n’ont jamais été étudiées à fond ou dans cette optique particulière faute de temps, d’argent, de personnel qualifié, voire de motivation. Contrairement aux apparences, l’étude détaillée de l’extermination des Juifs, simple dans son principe, mais complexe dans sa machinerie, a commencé récemment et, semble-t-il, bien trop tardivement.[17]  

IV – François Bédarida

[…] archives jusqu’ici inexplorées […].[18]  

[…] ce que Salo Baron a appelé [par opposition à une histoire scientifique] une « conception larmoyante » de l’histoire.[19]  

[…] des questions [jusqu’ici] mal élucidées ou qui ont donné lieu à de fâcheuses confusions : ainsi le nombre réel des victimes d’Auschwitz.[20]  

V – Pierre Vidal-Naquet

[À propos de la « déclaration d’historiens » rédigée avec Léon Poliakov, refusant «l’idée même d’une interrogation technique», Le Monde du 21 février 1979, p. 23] Nous avions assurément tort, au moins dans la forme, même si le fond de notre interrogation était juste.[21]  

[…] On a, admettons-le, gonflé la notion de codage.[22]  

VI – En résumé :

En conclusion, pour les historiens orthodoxes ou officiels et pour J.-C. Pressac lui-même dont l’ouvrage au titre (fallacieux) d’Auschwitz : Technique and Operation of the Gas Chambers est paru en 1989, l’historiographie des prétendues chambres à gaz hitlériennes d’Auschwitz était jusqu’à cette date entachée par :

– la défaillance partielle des historiens ;
– telle affirmation parfaitement irresponsable ;
– l’absence d’une étude précise ;
– l’absence d’une histoire d’Auschwitz scientifiquement fondée ;
– le fait que les historiens ont négligé des documents ;
– la tendance chez certains survivants à exagérer ;
– la contrainte exercée sur les accusés ;
– l’escamotage, pour ainsi dire, de la question technique ;
– la pénurie documentaire ;
– la fréquente déformation du sens d’une pièce ;
– le manque de documents à l’appui d’une affirmation ;
– telle méthode abusive permettant de dénaturer le sens réel d’un texte ;
– le manque de rigueur ;
– l’usage de tel stéréotype (scénario « gazeur »), l’amalgame, la supposition ;
– le recours à une « histoire-témoignage » avec de multiples contradictions ;
– le recours à une sorte d’« histoire-légende » ;
– l’impuissance à répondre aux révisionnistes ;
– le recours contre les révisionnistes à la Justice mais « ce qu’on croyait facile à démontrer ne le fut pas » ;
– des « témoignages » quasi muets sur l’aspect technique ;
– la fragilité des témoignages le plus souvent cités : Vrba, Broad, Nyiszli et autres ;
– les faux témoignages de nombre de survivants juifs ;
– l’absence de tout film ou photo représentant un gazage homicide ;
– l’absence de tout document mentionnant le processus d’un tel gazage ;
– des archives jamais étudiées à fond ;
– des archives inexplorées ;
– une « conception larmoyante » de l’histoire ;
– des questions mal élucidées ou qui ont donné lieu à de fâcheuses confusions ;
– le tort de refuser jusqu’à l’idée même d’une investigation technique ;
– l’abus de telle notion permettant une interprétation arbitraire (« codage »).

Quant à l’étude de J.-C. Pressac, elle n’apporte en fait de preuves que ce que l’auteur appelle lui-même, ici et dans son ouvrage même, des « traces » ou des « “bavures” criminelles » ![23]   

1er juin 1992

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[1] « Le Dossier des chambres à gaz », L’Histoire, juin 1992, p. 44 A, B. 
[2] Id., p. 44 B. 
[3] Ibid. 
[4] Ibid.
[5] Id., p. 45.
[6] Id., p. 46 A.
[7] Ibid.
[8] Id., p. 46 A, B.
[9] Id., p. 46 C.
[10] Id., p. 46 C, 47 A.
[11] Id., p. 47 B.
[12] Ibid.
[13] Id., p. 47 C.
[14] Id., p. 48 A.
[15] Id., p. 48 C, 49 A, B (ces références concernent les quatre exemples cités).
[16] Id., p. 49 B.
[17] Id., p. 50 B.
[18] Id., p. 51 A.
[19] Id., p. 51 C.
[20] Ibid.
[21] Id., p. 51 B.
[22] Ibid.
[23] Voyez R. Faurisson, « Auschwitz: Technique and Operation of the Gas Chambers ou bricolage et “gazouillages” à Auschwitz et à Birkenau selon J.-C. Pressac (1989) », Écrits révisionnistes (1974-1998), vol. III, p. 1169-1247.