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[Autre] Lettre à Rivarol : Le révisionnisme, la droite et la gauche

Robert Poulet vient de nous quitter. J’étais encore à l’hôpital quand est paru son article du 22 septembre 1989. Je n’aurai pas eu le temps de lui exprimer ma gratitude. 
 
En passant, il formulait un jugement qu’il ne m’en voudrait sans doute pas de redresser. Il écrivait: « Et quant à l’“extrême droite”, Robert Faurisson la déteste et elle le vomit. » En matière de politique, je n’ai pas d’opinion tranchée et je n’ai donc pas celle qui m’est ici prêtée.
 
Pendant de longues années, certaines fractions de ce qu’on appelle l’«extrême droite» ont manifesté quelque méfiance à l’égard du révisionnisme parce qu’il est vrai qu’en France le révisionnisme à la façon de Paul Rassinier a pris naissance chez des libertaires et qu’aujourd’hui encore des libertaires le propagent ou l’illustrent. Je rappelle cependant que Rivarol a ouvert ses colonnes au « père du révisionnisme français », quand ce dernier s’est trouvé mis au ban de la société par les puissants de ce monde. Il a aussi existé un révisionnisme à la manière de Maurice Bardèche qui, dès 1948, publiait aux « Sept Couleurs » Nuremberg ou la Terre Promise, l’un des plus grands livres de la littérature française du XXe siècle. L’ouvrage avait été saisi et interdit ; son auteur avait croupi pendant onze mois dans les prisons françaises. Il m’intéresse peu de savoir combien un auteur est payé pour ses écrits ; il m’intéresse plus de savoir combien il lui en a coûté ou combien il a payé. Je juge de même ceux qui professent des opinions politiques.
 
Parmi mes avocats, j’ai compté Me Tixier-Vignancour que l’on classe à l’«extrême droite», Me Yvon Chotard (du barreau de Nantes) qui est de gauche, et Me François Berthout, dont j’ignore l’opinion politique. Enfin, l’avocat que j’ai toujours trouvé à mes cotés et qui persiste à me défendre en toute occasion est Me Éric Delcroix, qui est d’« extrême droite », tandis que mon éditeur est Pierre Guillaume venu d’un milieu libertaire.
 
Dans le phénomène révisionniste, j’ai cru noter que le sympathisant de gauche perçoit une sorte de révolution nécessaire et le sympathisant de droite, une réaction salutaire. Pour moi, je pratique le révisionnisme comme une recherche de l’esprit et aussi, je dois le confesser, comme une forme de devoir civique.
 
10 octobre 1989