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Nos gendarmes face à la Shoah

Cette année, dès l’âge de neuf ou dix ans, les enfants de France suivront, dans leur dernière année d’école primaire, des cours obligatoires de catéchisme ; il leur faudra apprendre et réciter les articles de notre nouvelle religion, celle de la Shoah. Mais nos gendarmes ne seraient-ils pas déjà logés à la même enseigne que nos enfants ? L’on est en droit de se poser la question quand on s’avise de consulter le « Site officiel Gendarmerie nationale ». On y constate, par exemple, qu’en 2008, au «concours Officier de Gendarmerie», les candidats avaient eu à traiter les deux sujets suivants :

Culture générale : La repentance est-elle justifiée ?

Histoire : Le régime de Vichy.

On le sait, au somptueux dîner annuel du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France), il arrive que figure parmi les invités le plus haut représentant de la gendarmerie française. Ce dernier peut alors, en bon gendarme qu’il est, procéder au constat suivant : dans son discours d’accueil, le président en exercice du CRIF ne manque pas de tancer tous ses prestigieux invités, c’est-à-dire l’élite de nos institutions gouvernementales, politiques, religieuses, diplomatiques, scolaires et universitaires. À la fin de la semonce du président, les invités, dans leur ensemble, accablent de compliments le donneur de leçons qui les a grondés et qui les a avertis qu’il les mettait sous surveillance pour l’année à venir.

Lorsque, en 2010, les pays de l’Union européenne auront adopté une loi Fabius-Gayssot aggravée[1] et peut-être même étendue[2], je suggèrerai qu’au même concours de recrutement les candidats se voient proposer les sujets suivants :

Culture générale : Donnez-vous raison au philosophe Alain Finkielkraut qui a déclaré : « Ah, qu’il est doux d’être juif en cette fin de XXe siècle ! Nous ne sommes plus les accusés de l’Histoire, nous en sommes les chouchous » (Le Monde, 7 octobre 1998) ?

Histoire : Donnez-vous raison au philosophe Alain Finkielkraut qui a déclaré qu’aux yeux de certains les juifs peuvent apparaître comme « les chouchous de la mémoire » (Le Monde, 9 mars 2008) ? »

« La peur du gendarme » : l’expression désigne généralement la peur qu’inspire le gendarme. Désormais va-t-elle aussi marquer la peur qu’éprouve le (futur) gendarme à l’idée que les correcteurs de ses copies ne le trouveront peut-être pas suffisamment docile aux leçons de ses maîtres ? J’ai connaissance du nom d’un candidat qui, en 2008, pour parer à tout danger, a surenchéri dans ses copies ; selon son propre aveu, il s’est « préoccupé de n’écrire que ce qu’on cherchait à [lui] faire dire ». Il a réussi son examen. Il va être officier de gendarmerie. Personnellement, je n’ai jamais eu maille à partir avec les gendarmes. Soit lors d’enquêtes de gendarmerie ordonnées sur mon compte, soit lorsque, à l’occasion de mes procès, il a fallu que je m’explique devant un tribunal en la présence de gendarmes ou de gardes du palais de justice, j’ai, au contraire, noté l’intérêt, pour ne pas dire la sympathie, avec laquelle ces derniers écoutaient le récit de mes enquêtes révisionnistes. « Ce gars-là, il est des nôtres ! », ai-je même un jour entendu un gendarme souffler à un collègue à la sortie d’une audience de la XIe chambre de la cour d’appel de Paris. Il faut dire que je venais d’expliquer à la présidente de la cour que, dans mes enquêtes, j’avais à plusieurs reprises consulté le laboratoire central de la préfecture de police de Paris, rue de Dantzig, et qu’en France comme à l’étranger j’avais conduit certaines de mes recherches soit dans le style de la police technique, c’est-à-dire sur la scène du crime supposé, soit selon les méthodes de la police scientifique, c’est-à-dire en recourant aux services de laboratoires.

À partir des années 1995-1996, nos historiens officiels ont commencé à sentir qu’il y avait « de l’eau dans le gaz » d’Auschwitz. Auparavant ils avaient cru trouver un sauveur en la personne du pharmacien Jean-Claude Pressac, l’acolyte du couple Klarsfeld, mais, pour reprendre ses propres termes, Pressac avait fini par jeter aux «poubelles de l’histoire» (sic) le dossier, qu’il jugeait finalement « pourri » (resic), de l’histoire officielle de la déportation. Environ dix ans plus tard, un autre apparent sauveur, le Père Patrick Desbois, était porté au pinacle ; mais, là encore, il semble qu’il va falloir déchanter. En tout cas le sauveur commence depuis quelques mois à être sérieusement chahuté par certains de ses pairs. Il faut dire qu’avec sa Shoah de substitution, qu’il baptise « Shoah par balles » ou « Shoah par étouffement sous édredons ou coussins », le bon père apparaît surtout comme un sacré farceur. Ajoutons que, de nos jours, bien des juifs se mettent à craindre que l’obsédant tam-tam holocaustique ne provoque la fatigue générale (aux États-Unis on parle déjà couramment de « Shoa fatigue »). Ces juifs-là sentent que leur religion de la Shoah est en péril. Pour venir à son secours, ils n’ont d’autre ressource que d’en imposer l’enseignement et de faire peur à tout le monde. Ils comptent d’abord sur la peur ordinaire que tout honnête homme va éprouver devant la loi, les juges, les policiers, les gendarmes ou les chiens courants de nos médias ; mais ils tablent aussi sur une autre forme de peur, une peur sacrée, obscure, ambiante, qui incite chacun à pratiquer dans son for intérieur la plus radicale des censures : l’autocensure ; celle-là monte la garde de jour comme de nuit et ne laisse rien passer.

Il n’empêche : à la place des juifs dans leur ensemble, on ne serait pas fier d’inspirer tant de peur à tant de braves gens. Un jour ou l’autre, les « caves » risquent de « se rebiffer ». L’histoire est sujette à de brusques retournements. Céline nous le dit en son français de France, « les couillons n’ont pas fini d’être ahuris par les galipettes de l’histoire. »

12 septembre 2009

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[1] La loi Fabius-Gayssot (13 juillet 1990) interdit de contester les « crimes contre l’humanité » tels que définis et punis notamment par le Tribunal militaire international de Nuremberg (1945-1946) ; il va de soi que « l’humanité » se réduit ici, dans la pratique, essentiellement aux seuls juifs et cela à l’exclusion formelle, par exemple, des civils allemands systématiquement phosphorisés ou des civils japonais systématiquement atomisés.

Dans les années qui ont suivi la promulgation de cette loi, compte tenu de la ferveur des juges à châtier toute forme possible de cette contestation, les condamnations prononcées par ces derniers ont fini par faire jurisprudence au point qu’il est devenu interdit non seulement de contester mais de paraître contester. Ainsi peut-on lire dans le Code pénal, 103e édition, 2006, p. 2059 B, que la contestation est devenue punissable « même si elle est présentée sous une forme déguisée ou dubitative ou par voie d’insinuation »; en outre, « la minoration outrancière du nombre des victimes » est également devenue punissable. Si, pour répondre à un journaliste qui vous demande votre opinion sur l’existence de ce qu’on appelle «les chambres à gaz nazies», vous vous hasardez à répondre : « Personnellement, je n’ai pas d’opinion sur le sujet mais je souhaite que les historiens puissent librement traiter de ce point », vous encourrez les foudres de la justice française.

[2] Il est question que le délit de contestation s’étende également à la contestation des «crimes contre l’humanité» commis contre les Arméniens et contre les Noirs. En tout état de cause seraient exclus les crimes commis contre les Vendéens ou, à travers les siècles, contre les prolétaires de nos usines ou de nos champs ou encore contre la chair à canon de nos boucheries à répétition ou contre les victimes de l’Épuration ou contre les minorités allemandes déportées en masse (avec, à la clé, vols, viols et meurtres en série) ou contre les prisonniers, par dizaines de millions, du Goulag russe et du Laogai chinois.