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La “chambre à gaz” de Buchenwald

Au procès de Nuremberg (1945-1946) le ministère public britannique et le ministère public français ont affirmé que le camp de Buchenwald possédait une chambre à gaz d’exécution. Voyez Procès des grands criminels de guerre, débats et documents (ou TMI) :

– pour les Britanniques, accusation portée par Sir Hartley Shawcross, procureur général[1];

– pour les Français, accusation formulée dans le “Rapport officiel du Gouvernement français” (F-274, cote d’audience RF-301) qui va jusqu’à préciser: “En 1944, à Buchenwald, on a même prolongé une voie ferrée pour que les déportés soient conduits directement jusqu’à la chambre à gaz”.[2]  

D’assez nombreux anciens détenus ont témoigné de l’existence d’une ou de plusieurs chambres à gaz d’exécution à Buchenwald (Marcel Conversy, chanoine Hénocque, pasteur Hauter).

Il n’a pourtant existé aucune chambre à gaz d’exécution à Buchenwald, ont fini par admettre tous les historiens, sans aucune exception.

Le premier historien qui ait admis officiellement et expressément qu’il n’y avait pas eu de gazages homicides à Buchenwald est le Dr Martin Broszat (en qualité de membre de l’Institut für Zeitgeschichte de Munich, dont il allait devenir le directeur douze ans plus tard). Dans une lettre publiée par l’hebdomadaire Die Zeit il a écrit : “Weder in Dachau noch in Bergen-Belsen noch in Buchenwald sind Juden oder andere Häftlinge vergast worden.”[3]  

 

En 1981 Pierre Vidal-Naquet est allé jusqu’à tourner en dérision le théologien protestant Charles Hauter qui, dit-il, “fut déporté à Buchenwald, ne vit jamais de chambres à gaz et qui délire à leur propos.”[4]  

En 1983 un ensemble de vingt-quatre auteurs, dont Eugen Kogon, Hermann Langbein, Adalbert Rückerl et Georges Wellers, publiaient en allemand un livre de référence, publié l’année suivante en français sous le titre de Les Chambres à gaz, secret d’État. Il suffit de consulter la table des matières pour constater que le camp de Buchenwald n’est pas mentionné.

Ni Gerald Reitlinger (Grande-Bretagne), ni Raul Hilberg (États-Unis), ni Olga Wormser-Migot (France), ni l’Encyclopedia of the Holocaust (Israël) ne mentionnent l’existence de chambres à gaz d’exécution à Buchenwald.

Tous les historiens ont ainsi révisé l’accusation portée à Nuremberg, accusation qui, dans le cas du rapport présenté par la France, s’était pourtant vu accorder la valeur de « preuve authentique » !

P.S. Le Plan-Guide du mémorial de Buchenwald (trente-six pages) ne mentionne ni gazages ni chambre à gaz.

6 octobre 1998

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[1] TMI, tome XIX, p. 456.
[2] TMI, tome XXXVII, p. 148.
[3] “Ni à Dachau ni à Bergen-Belsen ni à Buchenwald des juifs ou d’autres détenus n’ont été gazés”, Die Zeit, 19 août 1960, p. 16.
[4] P. Vidal-Naquet, Les Juifs, la mémoire et le présent, Maspero, Paris 1981, p. 212-213.