Lettre à Ernst Nolte
Cher Collègue,
J’espère que vous avez bien reçu ma lettre du 4 février. Je vous confirme mon jugement du livre de Pressac. J’ajoute que j’en connaissais déjà tous les documents, à l’exception de quelques-uns qui ne sont que des « frères » de ceux que je connaissais.
J’ai lu votre article de Junge Freiheit de ce mois.
Je me permets de vous signaler qu’il n’a jamais existé d’expertise des « chambres à gaz » par les Polonais ou les Soviétiques. Ainsi que je le rappelais dans ma Réponse à Pierre Vidal-Naquet publiée en 1982, ce que le juge d’instruction Jan Sehn a ordonné, c’est une expertise de six pièces de zinc dont il affirme qu’elles provenaient du Leichenkeller-1 du Krema-II (la fameuse « chambre à gaz » en sous-sol !!!) et vingt-cinq kilos et demi de cheveux (avec quelques barrettes, une paire de lunettes, etc.). Comme vous le verrez par la photocopie que je vous envoie ci-joint, l’expertise avait été rédigée [en polonais] le 15 décembre 1945 par le Dr Jan Z. Robel, directeur de l’Institut d’expertises judiciaires, 7, rue Copernic, à Cracovie. Si vous le désirez, je peux vous envoyer copie d’une traduction en français de cette expertise qui signale la présence de restes d’acide cyanhydrique (cyanures). Rien d’étonnant à cela. Ce qui est remarquable, c’est précisément l’absence de toute expertise de l’arme du crime de la part d’un… institut d’expertises judiciaires. Une « chambre à gaz » en sous-sol, c’est tellement inepte que même un fanatique comme Jan Sehn ou un menteur comme Davidowski devaient s’en rendre compte. Le fameux toxicologue français Truffert avait eu un haut-le-corps quand je lui avais montré le plan et la situation de cette prétendue «chambre à gaz».
Je vous trouve imprudent de mentionner le livre de Pressac sans l’avoir lu. Cher collègue, je travaille depuis tant d’années sur ce sujet que vous devez bien vous douter que je le connais assez bien et qu’il serait, par exemple, peu vraisemblable qu’un document important m’ait échappé. Je vous fais une proposition : bien que débordé de travail et de soucis, je m’engage à répondre à vos consultations. Je ne pourrai certes pas vous envoyer beaucoup de documents parce que je n’en ai pas le temps mais demandez-moi seulement de vous donner brièvement mon avis. Cela ne vous engage à rien.
Les condamnations et les violences pleuvent. Ma santé est mauvaise. Mais je me battrai jusqu’à mon dernier souffle, jusqu’en janvier 1994. J’arrêterai alors, si je suis encore en vie, ce dont je doute fortement. Ihr ergebener.
27 février 1990