À propos de Titicut Follies
Titicut Follies est un documentaire – impressionnant – qui a été tourné en 1966. Il aurait été interdit de projection pendant vingt-six ans. (Arte, samedi 12 mars 1994, 20 h 40, documentaire américain de Frederick Wiseman.)
Je n’en retiens qu’un aspect qui intéresse le fonctionnement des chambres à gaz américaines (au début des années soixante?).
On y entend un gardien de la prison-hôpital de Bridgewater raconter à un collègue quelques épisodes à propos d’exécutions dans un pénitencier, peut-être du Massachusetts (?). Il dit qu’après une exécution il avait suspendu ses vêtements dans la garde-robe. Tous les autres vêtements en avaient été empuantis par le gaz. Il avait fallu, pendant huit jours, surchauffer l’endroit (la garde-robe et le couloir ?) et faire fonctionner les ventilateurs à plein régime. C’est la chaleur, précisait-il à juste titre, qui permet la disparition du gaz. À un moment, il dit : « Une bouffée, ça me rend malade. » Il raconte aussi qu’après une absence il était revenu au pénitencier. Il ne savait pas qu’une exécution avait eu lieu. Il s’en était rendu compte par l’odeur. «J’ai regardé le registre et j’ai compris : il y avait eu une exécution deux jours auparavant.»
[Rectification de la 2e édition : J’ai pu revoir Titicut Follies aux fins de vérification. Vérification faite, j’avais, en 1994, commis une grave erreur : il ne s’agissait pas d’exécution mais de désinfestation. Une simple opération de désinfestation – on ne précise pas au moyen de quel produit – pouvait, on le voit, entraîner de fâcheuses conséquences des jours durant. Imagine-t-on Auschwitz avec, chaque jour, de gigantesques exécutions par le gaz cyanhydrique?]
12 mars 1994