L’image des juifs chez les Français: vers une détérioration ?
D’après un rapport du Centre d’étude de la vie politique française (CEVIPOF), 35% de l’ensemble de la population française pensent qu’on parle trop de l’extermination des juifs, 20% estiment que les juifs ont trop de pouvoir en France et 51% ont une image négative de l’État d’Israël. Pour la population française issue de l’émigration turque et africaine, les pourcentages sont respectivement de 50%, de 39% et, paradoxalement, de 49% (« Des préjugés antisémites plus répandus », Le Monde, 31 août 2005, p. 7).
Qu’ils se trouvent être indigènes ou allogènes, bien des Français ne se laissent donc pas trop abuser par le matraquage de la propagande juive.
Trop de propagande juive
Il est vrai que, dans leur ensemble, les Français semblent croire à ce que les médias, le personnel politique, l’école et l’université leur ressassent sur la prétendue extermination des juifs. Ils ignorent à peu près tout de l’argumentation révisionniste. Ils persistent à confondre fours crématoires et « chambres à gaz ». Ils prennent les photographies de détenus morts (du fait des épidémies) pour des photographies de détenus tués. Ils ne savent pas que les entassements de chaussures, de cheveux et de lunettes dans les camps de concentration témoignent simplement de ce que, dans l’Europe en guerre et victime d’un blocus, était organisée la récupération de tout ce qu’on pouvait réutiliser ou recycler à diverses fins. (Encore aujourd’hui, dans notre société de consommation, ne collecte-t-on pas certains produits comme lunettes ou béquilles inutilisées en vue d’en faire bénéficier des populations du tiers monde ?). En France, pendant la guerre, les cheveux coupés dans les salons de coiffure étaient obligatoirement collectés pour l’industrie, qui les utilisait à la confection d’habits, de chandails ou de pantoufles. Tout camp de concentration avait ses ateliers de cordonnerie et bien d’autres ateliers encore. D’une manière plus générale, il est également possible que les Français ajoutent foi aux faux témoignages des «survivants» et des « miraculés » qui envahissent nos écrans et les salles de cours de nos lycées. Ces Français-là continuent de s’imaginer que « solution finale » signifiait « extermination physique » et que le pesticide Zyklon B servait à tuer les juifs.
Mais cette propagande, qu’ils croient fondée sur une bonne part de réalité, agace beaucoup de nos concitoyens ou les lasse.
Le remède préconisé par certains juifs : encore plus de propagande !
Certains juifs s’en rendent compte. Dans sa livraison de septembre 2005, le magazine L’Histoire, dirigé par Michel Winock, publie (p. 77-85) à la fois une enquête de Claude Askolovitch intitulée « Y a-t-il des sujets tabous à l’école ? » et une opinion d’Annette Wieviorka. Largement bidonnée, l’enquête donnerait à croire qu’on ne peut plus enseigner la Shoah dans les écoles sans risquer une sorte d’«incendie» [sic] de la part des élèves. On y reconnaît en passant que les enseignants disposent, pour parler de la Shoah d’« un matériel pédagogique désormais pléthorique » (Annette Wieviorka, p. 80) ; on y admet que certains d’entre eux « confirment le sentiment de “saturation” ressenti par des élèves devant le génocide juif » (p. 81) et on y relève que ces derniers sont parfois « saturés et blasés » (p. 85). Le remède devrait donc consister à moins tympaniser les oreilles des élèves et à leur épargner ce ressassement perpétuel. Tel n’est pourtant pas l’avis d’Annette Wieviorka. Pour elle, l’erreur a été de faire de la Shoah un cours « à part » et il conviendrait que désormais l’enseignement tout entier porte la marque de la Shoah. On ne se contenterait plus du Concours de la Résistance et de la Déportation, de la Journée de la Déportation, de Nuit et Brouillard, de films de Spielberg, de Polanski ou de Lanzmann, de la lecture obligatoire du Journal d’Anne Frank ou d’œuvres de Primo Levi et de Jorge Semprún, de rencontres avec d’anciens déportés et, surtout, de cours spécifiques sur cette Shoah. Annette Wieviorka voudrait bien plus et elle écrit : « Partout où il est possible d’enseigner normalement, il est possible aussi d’enseigner l’histoire de la destruction des Juifs d’Europe ». La phrase est obscure mais le contexte la rend claire. Pour cette historienne, auteur d’un ouvrage intitulé Auschwitz expliqué à ma fille (Seuil, 1999), à peu près tous les enseignants pourraient saisir l’occasion d’évoquer la Shoah : en histoire, en géographie, en cours d’instruction civique, en langues étrangères, en mathématiques, en chimie, en sciences de la nature, en technologie, en musique, en dessin et, bien sûr, dans certaines activités périscolaires. À la longue les enfants se retrouveraient ainsi imprégnés de Shoah sans même s’en rendre compte. On peut imaginer que les visites des camps de concentration, déjà organisées à pleins charters, se transformeraient en pèlerinages pleinement consentis. Déjà, dans l’enseignement primaire, à la rentrée scolaire de l’année 2005-2006, les petits Français n’auront-ils pas à leur disposition la « mallette Simone Veil » ?
Contraire au sens commun, cette attitude d’Annette Wieviorka et de ses coreligionnaires s’explique d’abord par leur pratique millénaire du gémissement et de la revendication. Elle trouve aussi sa source dans la crainte qu’inspire aux juifs l’apparition au grand jour d’un scepticisme généralisé que, jusqu’à présent, ils ont réussi à contenir. Ces juifs savent que, sur le plan de la raison, le révisionnisme a gagné.[1] Il ne leur reste qu’une échappatoire : pousser à fond, encore plus à fond, leur sono shoatique, au risque de s’aliéner un peu plus la sympathie des Français de toutes origines.[2] Clameurs et machinations des propagandistes n’y changeront rien: le mensonge de l’« Holocauste » est leur tunique de Nessus et ils ne s’en déferont pas.
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