“Couillon”, “Taré”, “Truffe”, “Connard”
Un éditeur et directeur de publication, soupçonné de révisionnisme, vient de subir, dans des conditions révoltantes, une garde à vue de 27 heures. Cela s’est passé à Lyon les 13 et 14 janvier. La victime s’appelle Jean Plantin. Responsable de la revue Akribeia sous-titrée Histoire, rumeurs, légendes, J. Plantin est connu pour son exceptionnelle érudition et le sérieux de ses travaux.
Les justiciers auxquels il a eu affaire appartiennent au service de la police judiciaire de Lyon : il s’agit de policiers parmi lesquels se sont distingués les inspecteurs Jean-Pierre Ducros et Damien Baconnier. J. Plantin a été interpellé à son domicile de St-Genis-Laval et emmené à l’Hôtel de police. Il a subi une fouille à corps et une mise à nu. Certains policiers, saisis d’une sorte de frénésie mentale et verbale, ont multiplié les manifestations d’arrogance, de mépris, d’ironie ainsi que les insultes, le traitant tour à tour de « couillon », de « taré », de « truffe » et de « connard » (la liste des insultes n’est pas exhaustive).
Au bout de 24 heures J. Plantin a été reconduit à son domicile. Une perquisition y a commencé, où l’inspecteur D. Baconnier a pris soin de semer le plus complet désordre dans la bibliothèque et les documents personnels de l’éditeur. Participaient aussi à la perquisition une jeune femme ainsi qu’un homme venu spécialement de Paris le jour même et semblant appartenir à l’officine de censure du ministère de l’Intérieur, officine qui se pare du nom de « Direction des libertés publiques » (sic). Les deux ordinateurs de J. Plantin ainsi qu’une dizaine de disquettes informatiques ont été saisis, ce qui réduit à néant plusieurs années de travail, de recherche, de traduction et d’édition.
Le 14 janvier la mère de l’éditeur, âgée de 75 ans et gérante de la société éditrice d’Akribeia, a été également interrogée à l’Hôtel de police. Même traitement pour le responsable de la société immobilière où se trouve domiciliée la boîte postale.
Les Amis de Jean Plantin, et ses admirateurs, n’ont pas l’intention de laisser l’affaire en l’état. Policiers et magistrats qui, de près ou de loin, participeraient à cette dégradante chasse aux sorcières et qui, notamment, refuseraient, sous quelque prétexte que ce soit, la restitution immédiate de ses biens et de ses instruments de travail à ce remarquable chercheur, doivent savoir que nous rendrons compte de leurs faits et gestes, nommément, précisément et comme la loi et le bon droit nous autorisent à le faire.
Les Amis de Jean Plantin
15 janvier 1999
Ce communiqué a été envoyé à la grande presse écrite, télévisuelle et radiophonique.
Sans tarder, adressez vos protestations à :
Monsieur le directeur départemental de la Sécurité publique
Hôtel de police
40, rue Marius Berliet
69008 LYON
Tél. : 04 78 78 40 40
Fax : 04 78 78 44 73