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Apologie du crime (article 24 de la loi du 29 juillet 1881)

Le 8 juin 1993 Christian Didier, qui avait tenté d’assassiner Klaus Barbie dans sa prison de Lyon, parvenait à tuer de cinq balles de revolver René Bousquet, à Paris.
 
Il vient d’être condamné à dix années de réclusion criminelle.
 
Des individualités ou des groupes ont fait l’apologie de son crime.
 
L’un de ses deux avocats, Me Arnaud Montebourg, a, lui aussi, approuvé cet assassinat :
 
Il s’agit d’un crime d’utilité publique et d’initiative privée.[1]
 
Quant à l’avocat général Philippe Bilger, il a dénoncé non le crime, mais le mobile du crime et il n’a déploré que la médiocrité intellectuelle de l’exécutant. Avec des circonlocutions, il a révélé qu’il aurait préféré un crime politique et non «passionnel» (c’est son mot) :
 
C’est vrai, on aurait peut-être souhaité quelqu’un d’autre dans le box. Un criminel plus structuré, plus intelligent, qui vienne dire : “J’ai tué un salaud. Jugez-moi.” C’est vrai.[2]
 
L’avocat général s’est, en quelque sorte, mis à l’école de Simone Veil qui, lors de trois déclarations successives à propos de Klaus Barbie, de Paul Touvier et de René Bousquet, exprimait le regret que personne ne se fût levé pour assassiner chacun de ces trois hommes afin de pouvoir, ensuite, déclarer qu’il avait tué « un salaud » :
 
– au sujet de K. Barbie, S. Veil avait dit : « Je crois que je n’aurais pas été choquée par une exécution sommaire[3]. »
 
– au sujet de P. Touvier, elle avait affirmé : « Il aurait fallu que quelqu’un, comme moi par exemple, à un moment quelconque, froidement assassine quelqu’un[4]. »
 
– au sujet de R. Bousquet, elle avait confié : « D’ailleurs, si j’avais eu du courage, je serais allée le tuer moi-même[5]. »
 
Dans cette atmosphère d’appels au meurtre ou à la violence, on n’est pas surpris d’entendre l’organisation Ras l’Front lancer : « Pour Le Pen une balle, pour le FN une rafale[6]. » L’organisation SCALP-Réflex préconise, quant à elle, de « frapper » les révisionnistes.[7]
 
Arnaud Montebourg, Philippe Bilger, Simone Veil et cent autres de leurs pareils font l’apologie du crime, de façon claire ou voilée. La justice française les épargne.
 
16 novembre 1995
 
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[Éditorial du Libre journal de la France courtoise, dirigé par S. de Beketch, n° 82, 21 novembre 1995, p. 3.]

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Notes

[1] Le Figaro, 14 novembre 1995, p. 11.
[2] Libération, 14 novembre 1995, p. 16.
[3] Le Monde, 24 décembre 1985, p. 14.
[4] Deuxième chaîne de la télévision française, « Vichy, la mémoire et l’oubli », 22 avril 1992.
[5] Globe-Hebdo, 11-17 mai 1994, p. 21.
[6] National-Hebdo, 16-22 novembre 1995, p. 2.
[7] Cahier du Centre d’études de la vie politique française, CNRS, septembre 1995 [n° 13], p. 110.