Winston Churchill en faveur de la “purification ethnique” appelée “démêlement” et “transfert” de populations (15 décembre 1944)
« En ce qui concerne la Russie et la Grande-Bretagne, les Polonais sont libres d’étendre leur territoire à l’Ouest aux dépens de l’Allemagne. Je ne me propose pas d’entrer dans les détails exacts mais les agrandissements [extensions], qui recevront l’appui de la Grande-Bretagne et de la Russie, liées entre elles comme elles le sont par une Alliance vieille de vingt ans, sont d’une haute importance. C’est ainsi que [les Polonais] gagneront, à l’Ouest et au Nord, des territoires plus importants et plus hautement développés que ceux qu’ils perdront à l’Est. D’après ce que nous entendons dire, un tiers de la Pologne devra être cédé mais je dois mentionner que ce tiers comprend la vaste zone des Marais du Pripet, région tout à fait désolée qui, tout en grossissant la superficie, n’augmente pas la richesse de ceux qui la possèdent.
« J’ai donc, devant cette Chambre, esquissé à grands traits l’offre que font au peuple polonais les Russes sur qui repose encore le poids principal de sa libération. Je ne puis croire que la Pologne rejette cette offre. Bien sûr, cela devrait s’accompagner du démêlement [disentanglement] des populations à l’Est et dans le Nord. Le transfert [transference] de plusieurs millions de personnes devrait être effectué de l’Est vers l’Ouest ou le Nord ainsi que l’expulsion [expulsion] des Allemands – car c’est ce qui est proposé : l’expulsion totale des Allemands – de l’espace à acquérir par la Pologne à l’Ouest et au Nord. En effet, l’expulsion est la méthode, autant qu’on a pu le voir, qui sera la plus satisfaisante et la plus durable. Il n’y aura pas de mélange [mixture] de populations pour causer d’interminables ennuis [endless trouble] comme cela a été le cas en Alsace-Lorraine. Je n’éprouve pas de craintes à la perspective de ce démêlement [disentanglement] de populations, ni même à cause de ces vastes transferts [transferences], qui sont plus possibles dans les conditions modernes qu’ils ne l’ont jamais été dans le passé. [W. Churchill donne ensuite comme exemple d’un « démêlement » réussi celui des populations grecque et turque après la première guerre mondiale.]
« Je ne vois pas non plus pourquoi il n’y aurait pas de place en Allemagne pour les populations allemandes de Prusse orientale et des autres territoires que j’ai mentionnés. Après tout, six ou sept millions d’Allemands ont déjà été tués dans cette effroyable guerre où ils n’ont pas hésité, pour la seconde fois en une génération, à plonger toute l’Europe. À présent, on nous dit qu’ils ont dix ou douze millions de prisonniers ou d’étrangers qu’ils utilisent comme esclaves en Allemagne et qui, nous l’espérons, regagneront leurs demeures et leurs pays quand la victoire sera acquise. En outre, nous devons nous attendre à ce que bien plus d’Allemands soient tués dans la bataille qui occupera le printemps et l’été [1945] et qui, nous devons nous y attendre, connaîtra les combats les plus grands et les plus acharnés que nous ayons livrés dans cette guerre.
« […] En fait, il n’y a pour moi absolument aucun doute que les grandes Puissances, si elles se mettent d’accord, pourront effectuer ce transfert [transference] de population. »[1]
24 novembre 1995
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[1] W. Churchill, Prime Minister, House of Commons, 15 December 1944, Hansard, p. 1483-1484, 1486.