Naïf bidouillage holocaustique du journal Le Progrès (Lyon)
Texte de l’article Holocauste : les Alliés auraient su dès 1942
Le Progrès (Lyon), 20 avril 2017
Selon des archives de l’Onu récemment rendues publiques, les Alliés avaient connaissance de l’extermination des juifs par l’Allemagne nazie bien avant la date “officielle” de cette découverte, fixée en 1945 par les spécialistes.
Certaines théories vont être mises à mal par les archives de la Commission des crimes de guerre de l’Onu de 1943 et qui ont été rendues publiques mardi. Comme le souligne le “Guardian”, certains documents révéleraient que les Alliés étaient au courant dès 1942 de l’organisation du génocide juif par l’Allemagne nazie.
Jusque-là, les spécialistes estimaient que l’Holocauste n’avait été découvert par les Britanniques, Américains et Russes qu’avec la libération des camps d’extermination en 1945.
“Ils savaient que deux millions de juifs avaient déjà été exterminés”
Selon le quotidien britannique, certains fichiers prouveraient que le gouvernement de Pologne, alors en exil, a fourni à la Commission des éléments décrivant avec précision des camps où des juifs étaient massacrés, comme ceux de Treblinka et d’Auschwitz. Et les officiels américains auraient déjà préparé des motifs d’incrimination.
Selon Dan Plesch, un historien qui a travaillé sur ce fonds avant sa mise en ligne publique par la bibliothèque Weiner, les archives montrent que les gouvernements savaient déjà que deux millions de juifs avaient été exterminés et que cinq autres millions étaient en danger.
La guerre froide a fait fermer les archives
Sans en faire pour autant un cas à part, comme le révèle une déclaration du ministre britannique de la Guerre au Premier ministre Winston Churchill, estimant que l’Empire britannique accueillait déjà trop de réfugiés.
Après le conflit, la montée de la guerre froide et le lobbying maccarthyste et anti-communiste, poussant à mettre fin aux poursuites, ont entraîné la fermeture de ces archives.
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Exercice pour débutants en révisionnisme : Montrez que cet article n’est que le résultat d’un naïf bidouillage.
Corrigé de cet exercice : Aucune preuve n’est fournie ; jusque dans le titre, les affirmations ne sont généralement rapportées qu’au conditionnel ou en utilisant la préposition « selon » :
« auraient su » ; « certains documents révéleraient » ; « selon le quotidien [The Guardian, 18 avril] prouveraient », « auraient préparé », « selon Dan Plesch ».
Le titre est alléchant ; quant à la première phrase, elle est affirmative, prometteuse et fracassante. Du coup on s’attend à une démonstration. On se dit que vont nous être fournies des preuves, des sources précises et des références complètes. En réalité, on ne récolte que … du vent, du vague et du gaz. Sur le sujet en question, tel est invariablement le cas.
Quant à l’article du quotidien The Guardian, il est brumeux comme un jour de smog à Manchester.[1] Sans en préciser la source (qui est le document PS-3311 du procès du Tribunal Militaire International (TMI) de Nuremberg, 1945-1946), on y cite un fragment concernant les « chambres à vapeur » (steam chambers) (sic) de Treblinka. Or, ce document a valeur de « preuve authentique » en vertu de l’article 21 du Statut du TMI. Nous avons donc, en principe, l’obligation de croire qu’à Treblinka les Allemands ébouillantaient les juifs (comme des écrevisses ?) dans des « chambres à vapeur ». Le journaliste britannique a soigneusement escamoté ces embarrassantes « chambres à vapeur » pour ne parler que d’un certain sol « en terre cuite » qui était « très glissant ». Il a jeté un voile pudique sur la loufoquerie de l’ébouillantement pour préserver le tabou du gazage. Comme disait le Tartuffe de Molière,
[…] Couvrez ce sein que je ne saurais voir.
Par de pareils objets les âmes sont blessées.
Et cela fait venir de coupables pensées.
Ici, au vu de pareilles élucubrations, les « coupables pensées » ne manqueraient pas d’être révisionnistes. Dans le même ordre d’idées, rappelons que, pour Élie Wiesel, dans La Nuit, à Auschwitz, les diaboliques Nazis exterminaient par le feu (celui de fournaises en plein air) et non par le gaz tandis que, pour la Pravda du 2 février 1945, « les fascistes allemands » pratiquaient l’extermination à l’électricité. Eau, gaz, électricité, feu, sans compter quelques autres moyens comme la chaux vive ou les pompes à faire le vide, les bobardeurs de la Seconde Guerre mondiale ont fait preuve d’autant d’imagination que les bobardeurs de la Première Guerre mondiale.
20 avril 2017
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[1] Le mot smog provient d’une combinaison de smoke (fumée) et de fog (brouillard).