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Mon second séjour en Suède (3-6 décembre 1992)

Mon premier séjour en Suède avait eu lieu du 17 au 22 mars 1992. Les médias avaient créé une atmosphère d’hystérie antirévisionniste. A mon arrivée, j’avais été retenu à l’aéroport de Stockholm pour un interrogatoire par la police des frontières. Mon hôte, Ahmed Rami, deux jeunes Suédois qui nous accompagnaient et moi-même avions été attaqués le soir de mon arrivée par une horde de manifestants mobilisés par les étudiants juifs de la ville. La meute de journalistes à laquelle j’avais donné une conférence de presse n’allait, par la suite, pour ainsi dire rien rapporter de mes propos. En particulier, elle allait passer sous silence mon « défi aux médias suédois » que j’avais développé en trois pages intitulées : « Montrez-moi ou dessinez-moi une chambre à gaz nazie ». J’avais précisé que, depuis trente ans, je cherchais, mais en vain, à me faire une idée de ce qu’aurait bien pu être cette magique chambre à gaz qui aurait eu la particularité d’enfreindre toutes les lois de la physique et de la chimie. Je voulais voir si on aurait l’aplomb de nous montrer à la télévision ou dans un journal l’un de ces inoffensifs locaux qu’on présente aux touristes d’Auschwitz ou d’autres camps sous la dénomination de « chambre à gaz » pour l’exécution des détenus. Mon défi, je le répète, ne fut ni relevé, ni même mentionné dans la centaine d’articles qui me présentaient, par ailleurs, comme un « prophète nazi ».

Mon second séjour s’annonçait sous les plus sombres auspices. 

 
A. Rami avait révélé depuis une dizaine de jours qu’un congrès international antisioniste (et non : révisionniste) allait se tenir en Suède les 28 et 29 novembre. Il n’avait précisé ni l’emplacement exact ni les noms des participants. Il s’était contenté de dire que, parmi les participants, se trouveraient deux musulmans d’importance et que, pour ma part, je serais présent à cette conférence au titre de «consultant sur le révisionnisme historique», étant entendu qu’un « consultant représentant la thèse historique officielle » me serait opposé. Les médias, saisis de panique et désireux d’alarmer l’opinion publique, annonçaient alors un «congrès révisionniste» où se retrouveraient, à côté de sommités du monde arabe, musulman ou palestinien, des nazis et des révisionnistes. Des noms étaient jetés en pâture comme ceux de Fred Leuchter, de David Irving, de Walter Ochensberger, de Christian Worch. Malheureusement, D. Irving, déjà sous le coup de son expulsion du Canada, ajoutait foi à cette invention des journalistes et dénonçait alors en A. Rami un menteur. Les médias faisaient des gorges chaudes de cette « dissension » parmi les révisionnistes et de cette dénonciation d’A. Rami, leur bête noire depuis plusieurs années. En réalité, les seuls menteurs avaient été des journalistes suédois. Devant les menaces de violences physiques et de troubles de l’ordre public, A. Rami décidait de transférer hors de Suède l’emplacement du congrès. Pour ma part, je renonçais au congrès mais je décidais de me rendre à Stockholm quelques jours plus tard pour une visite privée à mon ami A. Rami. Je savais que ma venue en Suède m’exposait aux risques les plus graves.
 
A mon arrivée à l’aéroport de Paris m’attendaient un journaliste de l’Expressen (Ulf Nilson) et un photographe (Niclas Hammarström). Le journaliste désirait un entretien pendant le voyage. Je lui rappelais que, lors de mon premier séjour en Suède, j’avais eu la surprise de découvrir qu’il avait inventé de toutes pièces une interview qu’il prétendait avoir obtenue de moi dans l’avion. Je lui demandais, par ailleurs, de quel droit il me traitait dans ses écrits de « prophète nazi ». Sa réponse fut que « tout le monde en Suède » m’appelait ainsi. Je lui fis donc savoir que je n’avais pas pour habitude d’adresser la parole aux mythomanes et aux perroquets.
 
Dans l’avion, une demi-heure avant l’atterrissage à Stockholm, le photographe vint se planter près de mon siège et se mit en demeure de me photographier. Je m’y opposais dans les termes les plus vifs et, devant son refus de me laisser en paix, je dus appeler un membre du service de l’équipage. Le lendemain, j’allais découvrir dans l’Expressen une photographie où l’on me voyait dans une attitude menaçante (je brandissais un stylo !) : le photographe avait tout simplement utilisé un système de prises de vue automatique.
 
A l’aéroport de Stockholm, j’étais retenu par deux employés du service d’immigration qui, après quelques questions sur les motifs de ma venue en Suède et sur mes antécédents judiciaires, alertaient les autorités supérieures, lesquelles décidaient de me laisser libre de mes mouvements. La question de savoir si on m’autoriserait l’accès au territoire suédois était depuis longtemps débattue au parlement et dans la presse. Dès qu’avait été connue la nouvelle d’un «congrès international antisioniste», les responsables de la communauté juive suédoise étaient repartis en campagne et avaient essayé de chauffer à blanc l’indignation des hommes politiques et du public par une véritable mise en scène médiatique autour de la profanation successive de deux cimetières juifs peu avant la date qui avait été prévue pour l’ouverture du congrès. Dans l’après-midi du 3 décembre, la radio avait tenu ses auditeurs au courant de mon arrivée à l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle, de mon départ de France, de l’atterrissage de mon avion en Suède, et cela par des bulletins d’informations se succédant d’abord toutes les cinq minutes, puis toutes les trois minutes. De toute évidence on avait cherché à mobiliser le plus de manifestants possibles, quitte à provoquer de nouvelles violences physiques. 
 
Relâché par le service d’immigration, j’allais me retrouver devant une foule de journalistes et de photographes. Je refusais de répondre aux questions, toutes plus agressives les unes que les autres. Je me contentais d’une brève déclaration où je rappelais mes deux défis : celui du 17 mars (« Montrez-moi ou dessinez-moi une chambre à gaz ») et celui, plus récent, où je proposais à la télévision suédoise d’organiser un débat en direct où j’aurais à affronter un « témoin » ou un «historien» de l’« Holocauste ».
 
A ma grande surprise, les manifestants se trouvèrent piteusement au nombre de… deux, qui brandissaient une pancarte où se lisait : « A bas le racisme ! » L’embarras de ces deux manifestants et de la presse fut d’autant plus grand que j’étais accueilli par des Arabes (dont A. Rami en personne) et un Somalien. 
 
Durant mon bref séjour, A. Rami improvisa un certain nombre de rencontres particulièrement intéressantes sur lesquelles on comprendra que j’observe ici toute discrétion.
 
Si l’on met à part deux agressions nocturnes contre le domicile d’A. Rami, ce bref séjour à Stockholm s’est déroulé sans incident majeur. La démonstration a été faite, une fois de plus, du caractère artificiel de ces campagnes d’hystérie médiatique et politique. « Une fois de plus Rami et Faurisson ont gagné… » devait écrire un journaliste. Le public suédois peut, à la rigueur, se mobiliser contre le racisme mais il répugne, semble-t-il, à pratiquer l’amalgame, tant souhaité par certains, du racisme et du révisionnisme. Il est sûr que même la communauté juive éprouve quelque mal à recruter dans son sein les activistes dont ses dirigeants auraient si grand besoin pour faire croire à des mouvements de masse.
 
Ces dirigeants viennent de déposer une plainte contre les autorités suédoises coupables, à leurs yeux, d’avoir laissé pénétrer en Suède un professeur révisionniste venu de France et décrit par un présentateur de la télévision suédoise comme « le plus grand soulier de merde [sic] qui soit jamais entré en Suède ».
 
Je ne saurais terminer ce bref rapport sans rendre un nouvel hommage à Ahmed Rami, à son courage indomptable, à son savoir-faire, à son efficacité et à son désintéressement.
 
9 décembre 1992