Lettre à Roger Bruge

[…] 
 
Les Polonais se refusent à autoriser tout prélèvement, quel qu’en soit la matière. Aussi Fred Leuchter ne leur a-t-il, bien entendu, demandé aucune autorisation et il s’est bien gardé de donner l’éveil aux autorités communistes. Dans le film vidéo, on le voit – et on l’entend ! – prélever des fragments de briques, de pierres, etc., ramper dans les ruines du Krema-II… 
 
Une autorité neutre et impartiale ? Il ne faut pas rêver ! Avez-vous visité ces camps, n’importe lequel de ces camps en Pologne, en Allemagne, en France, en Autriche ? On y monte bonne garde, croyez-moi. 
 
Le rapport Leuchter ne sera certainement pas « à l’abri d’une contestation ». D’abord parce que tout est imparfait, tout se conteste et tout a ses zones d’ombre. Et puis il y a les erreurs. 
 
On ne manquera pas de dire tout et n’importe quoi : que Leuchter n’est pas sorti d’une grande école, qu’il était payé par Zündel, qu’il a été recruté par R. Faurisson, qu’il a agi subrepticement, qu’il cherchait à gagner de l’argent, qu’il est antijuif, que les pénitenciers ne veulent plus de ses services… et qu’il travaille à la fois pour la CIA et le KGB. 
 
Eh ben voyons ! 
 
Nous attendons toujours votre intervention en faveur du droit au doute et à la recherche. 
 
J’ai pensé à vous en lisant le tome 8 d’Amouroux : à la p. 437, il parle de « ce camp [du Struthof] où étaient morts environ vingt mille déportés » [apparemment à la date du 10 septembre 1944]. 
 
Pour en revenir à Leuchter, ma réponse aux critiques à venir sera la suivante : 
 
Si ce rapport ne vous plaît pas, établissez-en un vous-mêmes ! Et commencez par nous dire pourquoi de 1945 à 1988, vous n’en avez pas établi du tout (sauf pour des histoires de cheveux, de tuyaux,…).
 
Réponse orale de Smolen, responsable du camp : « Nous n’avons pas fait de véritables fouilles parce que, si nous ne trouvions pas de preuves de gazages, les juifs diraient que nous avions supprimé ces preuves. » À moi rapporté par le journaliste Michel Folco qui s’est rendu là-bas avec l’inénarrable Pressac.
 
12 décembre 1988