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Lettre à Maître Patrick Quentin

Maître,

Vos plaidoiries – vous avez pu le constater – ont le don de me réjouir. Elles sont creuses et vous jouez merveilleusement faux. On sent le petit bonhomme inintelligent et paresseux. Au lieu de travailler, vous jouez de la corde sensible. C’est facile pour peu qu’on manque de sensibilité vraie.

Le honteux procès intenté à Paul Touvier vous a permis, une fois de plus, de mettre votre absence de talent au service du trust des martyrs.

S’il faut en croire le journal La Montagne d’aujourd’hui, vous avez évoqué votre femme (juive), votre belle-mère et votre bébé. Cette étonnante belle-mère, une miraculée d’Auschwitz, aurait « pendant quelques semaines, à Auschwitz, été chargée de déshabiller les enfants qui allaient à la chambre à gaz » ; ensuite «pendant un an» [après votre mariage et la naissance de votre bébé], elle aurait été « incapable de prendre votre bébé dans ses bras ».

Vous voilà nanti d’une belle-mère qui, nolens, volens, a participé à un crime contre l’humanité. Mais peut-être ignorait-elle sur le moment la portée de son acte ? L’avez-vous dit ? Et le journaliste aurait-il omis de dire que vous l’aviez dit ? En ce cas, où, quand et comment la merveilleuse belle-mère a-t-elle appris qu’elle avait participé à un tel crime ? Quelle preuve en a-t-elle eu ? Lui intentera-t-on un procès pour établir si elle savait ou si elle ne savait pas ? Va-t-on nous expliquer pourquoi, au bout de «quelques semaines», les Allemands extrayaient d’Auschwitz une femme qui en savait ou pouvait en savoir le plus lourd secret ?

J’espère vous rencontrer à l’un de mes prochains procès. Je ne vous épargnerai ni mes questions ni quelques succulentes révélations sur l’imposture, titubante, de la magique chambre à gaz.

PS. Mes compliments à votre confrère Freitag qui semble ignorer que même le général Lucius Clay a dénoncé le mythe des abat-jour en peau humaine : peau de chèvre à l’analyse !

14 avril 1994