Lettre à Claude Malhuret, Maire de Vichy
Pour les archives de la Ville,
car je tiens à prendre date.
Monsieur,
Vous aggravez votre cas et, par voie de conséquence, celui de Vichy. Vous écrivez au Point (4 juillet 1992, p. 83) :
Mes prises de position constantes et répétées contre le révisionnisme ou contre la banalisation des actes du gouvernement de collaboration sont, je pense, connues de tous.
Voilà qui tend à confirmer ce que je vous reprochais lorsque, à l’occasion de votre tournée électorale, vous vous étiez trouvé inopinément à mon domicile. Faisant allusion à vos prises de position (quel fol courage !) contre le révisionnisme et, en particulier, à vos efforts en vue de mettre au point une loi antirévisionniste, je vous avais dit que vous hurliez avec les loups. À deux reprises vous m’aviez piteusement répondu : « C’est pas moi [sic], c’est Pasqua ! » Je vous avais alors demandé ce que signifiait, de toute façon, la solidarité ministérielle.
Par la suite, j’ai failli être tué par trois nervis juifs dans un parc de Vichy. Ce fait, à lui seul, devrait vous interdire des « prises de position constantes et répétées contre le révisionnisme ». Le sort de votre ville et le sort des révisionnistes de Vichy vous est-il indifférent au point que vous accumuliez ces derniers temps les initiatives et les déclarations les plus irresponsables ? Rien ne vous obligeait à la servilité dont vous avez fait preuve à l’égard des résistantialistes et des juifs venus faire étalage à Vichy de leurs sentiments de haine et de vengeance. Vous êtes allé jusqu’à financer, indirectement, une énorme gerbe portant : « À la mémoire des victimes de Pétain ». Où est la gerbe portant : « Aux victimes de l’Epuration » ?
Vous êtes un pleutre. Un irresponsable. Et un lâche. On n’accable pas des compatriotes et même des concitoyens qui tombent déjà sous le coup de la loi stalinienne que vous prépariez contre les révisionnistes et qui, en fin de compte, a été votée par vos amis communistes et socialistes grâce à l’exploitation, crapuleuse, de l’affaire du cimetière de Carpentras.
Vous mentez. En donnant clairement à entendre que, pour vous, les prétendues chambres à gaz hitlériennes ont existé, vous propagez un gigantesque mensonge, une calomnie, une diffamation.
Vous manquez de caractère. Vous cédez aux maîtres-chanteurs. Vous n’avez pas l’idée de rétorquer aux maximalistes juifs que, s’ils insistent pour qu’on rouvre les dossiers de la collaboration, les Français vont un jour demander qu’on ouvre le dossier de la collaboration juive. Vichy, pendant la guerre, a été un tel haut-lieu de la collaboration juive que les juifs y affluaient et faisaient littéralement le siège de Philippe Pétain et de Pierre Laval. L’Union générale des Israélites de France était financée par « Vichy ». La rafle du Vél’ d’hiv’ (tout pays procède à la rafle des étrangers qui, en temps de guerre, présentent un danger : y compris les enfants) n’a été possible que grâce à la collaboration des employés de l’UGIF (qui a caché la date de la rafle et fait préparer ficelles, étiquettes et paquets). À travers toute l’Europe il a existé une vivace «internationale juive de la collaboration » (Maurice Rajsfus).
Qu’attendez-vous pour remettre à leur place les Klarsfeld (auteur de Vichy-Auschwitz, maître-chanteur capable de se payer un sicaire) et J. Pierre-Bloch (qui doit tant à une parente de Laval) ? Après d’ignominieuses « réparations verbales », ils exigeront de Vichy des « réparations » en espèces sonnantes et trébuchantes.
Votre attitude à leur égard manque de dignité et de clairvoyance. La ville de Vichy le retiendra, et l’histoire.
P.J. : A – « Pétain, le film » (Le Choc du mois, juillet-août 1992, p. 6) sur l’escroc Kirsner, que vous vous êtes contenté d’égratigner.
B – Votre lettre au Point, 4 juillet 1992, p. 83. Je vous rappelle que les juifs collabos ont eu le privilège, en 1944-45, de passer devant des jurys d’honneur qui les ont ACQUITTÉS (président : Léon Meiss, du CRIF).
_________
A) – Pétain, le film
Le Choc du mois, juillet 1992, p. 6
Il se tourne actuellement à Vichy, Allier, un film sur le maréchal Pétain, destiné à raconter « l’histoire d’un régime fasciste français occulté dans l’histoire de France ».
Le producteur de cette œuvre – qui fut récemment le coproducteur de Diên Biên Phu… – répond actuellement au nom de Jacques Kirsner. « Actuellement », car il eut son heure de gloire, non pas sous son identité réelle de Charles Stobnicer, mais sous son autre faux nom de Charles Berg.
En ce temps-là, c’était dans les années soixante- soixante-dix, Charles Berg défrayait la chronique comme l’un des principaux responsables trotskystes français, dirigeant de l’Organisation communiste internationaliste (OCI) et de l’Alliance des jeunes pour le socialisme (AJS).
L’aventure révolutionnaire durera jusqu’en 1979. Cette année-là, le XXIIe congrès de l’OCI décide « d’extirper la tumeur ». En clair : d’exclure Berg. Motifs, tels qu’ils ressortent du réquisitoire prononcé par Stéphane Just : 1. En tant que responsable de la commission province de l’OCI, Berg a gonflé le nombre des adhérents ; 2. Cette astuce lui permettait de pratiquer « la dilapidation à usage personnel des fonds de l’OCI ». Stéphane Just explique : « Le système utilisé était celui, classique, de la cavalerie financière, comblant les trous de trésorerie par des emprunts ou des détournements de fonds, mais dont les seuls résultats étaient de creuser des trous plus importants, et ainsi de suite. En tout état de cause, au bout, il y avait la culbute. Berg a reconnu les faits et signé les procès-verbaux les établissant.[1] »
Le film de Kirsner-Stobnicer-Berg aura mis six ans à voir le jour. L’auteur n’a pu boucler son budget (cinquante-huit millions de francs annoncés) que grâce à l’aide que Jack Lang et Michel Charasse lui ont apportée. Pétain devrait être programmé dans les salles, et amplement commenté par l’ensemble des médias, au printemps 1993. Soit à la veille des élections législatives…
Lang et Charasse, en effet, pouvaient bien l’aider.
__________
B) Lettre de Claude Malhuret au Point
Le Point, 4 juillet 1992, p. 83
Dans un article de son dernier numéro, votre journal me prête les propos suivants, en réponse à une question sur la vente de francisques chez un libraire-antiquaire de Vichy : « Que voulez-vous que j’y fasse ? François Mitterrand en a bien une, de francisque. »
Je n’ai jamais tenu de tels propos. Mes prises de position constantes et répétées contre le révisionnisme ou contre la banalisation des actes du gouvernement de collaboration sont, je pense, connues de tous. Et je souhaite qu’il n’y ait pas le moindre doute sur une éventuelle désinvolture de ma part vis-à-vis de ce problème (comme le suggère la phrase « Que voulez-vous que j’y fasse ? »), et encore moins sur la volonté de l’utiliser aux fins d’une polémique déplacée avec le président de la République.
8 juillet 1992
_____________
[1] La Vérité, Organe du Comité central de l’Organisation communiste internationaliste, n° 586, avril 1979.