Lettre à Alice Kaplan
aux bons soins de [la revue] Lingua Franca
J’ai pris connaissance de votre article sur Maurice Bardèche, dont il se trouve que je ne partage pas les idées en politique mais qui est un honnête homme et un chercheur scrupuleux, un très bon écrivain aussi.[1]
Je vous fais mes compliments de cet article. La haine y parle toute pure.
Bonne chienne, se dit-on, chasse de race. Votre père était-il Benjamin Kaplan, Sydney Kaplan ou tel autre des ces chiens de Nuremberg portant le nom de Kaplan ?
Vous nommez Céline. Relisez Bagatelles pour un massacre [des non-juifs, des goyim] et L’École des cadavres [non-juifs ou goyim].[2]
Vous avez beaucoup menti et cela commence à se savoir. Un exemple parmi cent («le savon juif» etc.): aux dernières nouvelles, il serait mort à Auschwitz 775.000 personnes (chiffre arrondi à 800.000) selon M. Jean-Claude Pressac, le néo-nazi repenti (il avait chez lui un buste d’Hitler) et le protégé des menteurs.[3] Dans le film Nuit et brouillard, qu’on montre à tous les enfants de France, encore aujourd’hui, le chiffre est de neuf millions. Selon les chiens de Nuremberg, il était de quatre millions. Encore un effort et on parviendra au chiffre exact d’environ, sans doute, cent cinquante mille morts (surtout des victimes de « mort naturelle » comme le reconnaît Arno Mayer : des victimes du typhus). Mais, peut-être vous moquez-vous de l’exactitude en histoire ? Sincèrement et sans chutzpah ![4]
1er octobre 1993
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[1] A. Kaplan, « Out of the Past », Lingua Franca, 1993.
[2] Alice Yaeger Kaplan, Américaine, professeur de français à Duke University (Caroline du Nord), est l’auteur d’un ouvrage bien connu des céliniens, Relevé des sources et des citations dans Bagatelles pour un massacre. [NdÉ].
[3] J.-C. Pressac, Les Crématoires d’Auschwitz, p. 148.
[4] Terme yiddish qui désigne l’impudence. [NdÉ]