L’argent des contribuables contre Robert Faurisson et les révisionnistes
Le 21 avril 1982 a été fondée l’ASSAG (Association pour l’étude des assassinats par gaz sous le régime national-socialiste). Il s’agit en principe d’une association privée mais cette association est appelée à recevoir des fonds publics si l’on en juge par la qualité de ses membres fondateurs. Parmi ces derniers figurent Mme Renée Aubry, chef de cabinet du ministre des Anciens Combattants ; M. Jean-Louis Crémieux-Brilhac, directeur de la Documentation française ; M. Jacques Delarue, commissaire divisionnaire honoraire au ministère de l’Intérieur ; M. Augustin Girard, directeur d’un département au ministère de la Culture ; parmi les membres fondateurs se trouvent, d’autre part, M. Pierre Vidal-Naquet, présenté en ces termes : «Historien – auteur notamment d’une étude en réponse aux affirmations faurissonniennes»; l’avocat Bernard Jouanneau, présenté comme « avocat du Comité d’action de la Résistance dans le procès Faurisson en 1981 à Paris » ; M. Jean-Pierre Faye, présenté comme « écrivain – engagé dans la lutte contre les thèses révisionnistes ». Mme Germaine Tillion préside l’association. M. G. Wellers est vice-président. On relève aussi les noms de Mme Geneviève de Gaulle-Anthonioz, de Mme Anise Postel-Vinay, de M. Serge Choumoff, auteur d’un opuscule intitulé Les Chambres à gaz de Mauthausen (1972) ; ce dernier, en 1982, est présenté comme l’auteur « d’un ouvrage sur la chambre à gaz de Mauthausen ». L’association se propose, selon ses propres termes, de « rechercher et contrôler les éléments apportant la preuve de l’utilisation des gaz toxiques par les responsables du régime national-socialiste en Europe pour tuer les personnes de différentes nationalités ; contribuer à la publication de ces éléments de preuve ; prendre à cet effet tous les contacts utiles au plan national et international [en particulier, avec le groupe de travail international animé par Hermann Langbein] ».
On est étonné qu’il faille, trente-sept ans après la fin de la guerre, se mettre ainsi à rechercher des preuves qui, paraît-il, existaient à profusion.
À la fin d’avril et au début de mai 1982 se tenait à Paris, sur l’Esplanade du Trocadéro, une exposition de la déportation (1933-1945). Elle se tenait sous l’égide du ministère des Anciens Combattants et, plus précisément, de la Commission de l’information historique pour la paix. Elle était appelée à parcourir la France entière. Elle s’est soldée par un fiasco pour tous ceux qui espéraient voir ou montrer des photographies ou des documents attestant de l’existence, dans les camps allemands, de chambres à gaz homicides.
Le 21 octobre 1982 le député RPR (parti de Jacques Chirac, se présentant comme «gaulliste») Jean Falala donnait par écrit son avis sur le projet de loi de finances pour 1983 en ce qui concerne la Commission de l’information historique pour la paix.
Le député Falala déclare : « Il est écrit dans la réponse à la question 24 du Rapporteur que la commission, au titre de l’axe de travail “Paix et vigilance”, aura pour tâche, notamment, de favoriser la recherche historique sur des sujets aujourd’hui controversés (ex. les chambres à gaz). De quel extraordinaire manque de vigilance témoigne cette phrase ! » Le député Falala continue en ces termes : «L’existence des chambres à gaz, surabondamment prouvée par les rapports administratifs des nazis, parfois leurs aveux[1], par les témoignages des déportés, n’est pas un objet de controverse historique, si la recherche peut bien entendu s’y appliquer. Ignore-t-on que le principal “révisionniste” français, Robert Faurisson, a été une fois de plus condamné en justice en 1982 pour avoir soutenu que les chambres à gaz n’ont pas existé ?[2] A-t-on lu, entre beaucoup d’autres, l’ouvrage de Georges Wellers Les chambres à gaz ont existé, l’article de l’historien Pierre Vidal-Naquet Un Eichmann de papier. Anatomie d’un mensonge paru dans la revue Esprit en septembre 1980 (repris dans le recueil Les Juifs, la mémoire et le présent) ? Non, il ne s’agit pas d’une question controversée. » Le député Falala conclut : « On veut croire qu’il n’y a là qu’une maladresse d’expression. »
Tenant compte des remarques du député Falala, la Commission des affaires culturelles, familiales et sociales a conclu : « La Commission regrette que dans un document officiel émanant du ministère [des Anciens Combattants] l’existence des chambres à gaz dans les camps de concentration nazis pendant la Seconde Guerre mondiale soit considérée comme “controversée”. Elle demande que cette erreur de langage soit rectifiée[3]. »
Le ministère de la Recherche finance, lui aussi, les efforts désespérés des tenants de la légende exterminationniste. Il a financé en partie le colloque de la Sorbonne (29 juin-2 juillet 1982) sur « L’Allemagne nazie et l’extermination des juifs ». De ce colloque il est ressorti que, malgré « les recherches les plus érudites », on n’avait pu trouver aucun ordre de Hitler d’exterminer les juifs. Les participants du colloque ou, du moins, certains d’entre eux pensaient qu’un pharmacien de la région parisienne avait peut-être trouvé un document allemand faisant état de chambres à gaz homicides. En réalité, il s’agissait de chambres à gaz de désinfestation. C’est ce qu’on peut constater en lisant dans Le Monde juif de juillet-septembre 1982 l’article dudit pharmacien sur «Les “Krematorien” IV et V de Birkenau et leurs chambres à gaz». Cet article est analysé dans notre texte du 3 novembre 1982, intitulé Le mythe des “chambres à gaz” entre en agonie.
15 novembre 1982
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[1] La première rédaction de ce passage donnait : « L’existence des chambres à gaz, cent fois prouvée, hélas, par les aveux des Nazis (à Nuremberg notamment)… »
[2] En réalité, les tribunaux ont clairement affirmé qu’ils ne voulaient pas et qu’ils ne pouvaient pas trancher de l’existence ou non des chambres à gaz homicides ; le professeur Faurisson a été jusqu’ici condamné pour « diffamation » ou pour « dommage » sans que, aux yeux des juges, cela implique qu’il ait dit vrai ou faux.
[3] Doc. n° 1166, Assemblée nationale, annexe au procès-verbal de la séance du 21 octobre 1982, avis présenté au nom de la Commission des affaires culturelles, familiales et sociales sur le projet de loi de finances pour 1983 (n° 1083), tome Vll, Anciens Combattants, par M. Jean Falala, député, p. l-24.