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L’affaire des “chambres à gaz” devant la justice française

1) Robert Faurisson est « assigné pour falsification de l’histoire ».
2) Le tribunal déclare qu’il n’a « pas à rechercher si un tel discours [celui de Faurisson] constitue ou non une falsification de l’histoire ».
3) Faurisson est condamné ! Coût des condamnations : trois mois de prison avec sursis et plus de trois millions cinq cent mille francs (trois cent cinquante millions d’anciens francs).

 

La justice française vient de condamner le professeur Faurisson à quatre reprises dans l’affaire des « chambres à gaz ». Il est condamné à trois mois de prison avec sursis. Le montant des amendes, des dommages-intérêts, des frais d’insertion dans la presse, à la radio et à la télévision, et, enfin, des dépens s’élève à la somme de 3 580 488,83 F. Cette somme équivaut à peu près à six cent cinquante mille dollars ou trois cent soixante mille livres sterling ou un million cinq cent mille deutschmarks.

Il faut croire que le paisible professeur s’est rendu coupable d’un énorme délit. Et c’est vrai. Il s’est rendu coupable d’un délit d’opinion. Il a affirmé que les prétendues « chambres à gaz » hitlériennes ne sont qu’un odieux mensonge de la propagande de guerre et il a dit quels étaient les principaux bénéficiaires et les principales victimes de ce mensonge historique.

Les condamnations dont il a été ainsi l’objet remontent au 3 juillet (d’une part, jugement du procès que lui intentait Léon Poliakov et, d’autre part, deux jugements de procès que lui intentaient d’abord le MRAP et l’Amicale d’Auschwitz, puis la LICRA) et au 8 juillet 1981 (jugement du procès civil que lui intentaient neuf associations).

Avant d’entrer dans le détail de chacun de ces quatre procès, nous voudrions avertir notre lecteur de trois faits importants et surprenants :

1) Les tribunaux ont bien voulu admettre qu’ils n’avaient aucune qualité pour se prononcer sur un point d’Histoire ;
2) En conséquence, aucun tribunal n’a voulu dire si les « chambres à gaz » avaient existé ou non ;
3) A la grande déception de la partie adverse, aucun tribunal n’a dit ni n’a même insinué que le professeur Faurisson était un falsificateur.

Cela dit, notre lecteur doit se demander quels motifs les tribunaux ont bien pu trouver pour le condamner comme ils l’ont fait. La réponse se lira plus loin.

Qu’on nous permette auparavant un bref retour sur le passé.

Le délit d’opinion qui lui coûte aujourd’hui si cher en justice a déjà valu au professeur Faurisson, depuis 1978, une somme de persécutions et d’ennuis incessants. A diverses reprises il a été agressé sans que la justice instruise ses plaintes. A cause de ce même délit, il ne peut plus enseigner la littérature française et la critique de textes et documents à l’université de Lyon-II. Sa carrière est brisée. Pourtant, de l’avis même du recteur chargé d’une enquête sur son compte, «le professeur Faurisson était inattaquable ; il n’avait commis aucune faute professionnelle» et, en particulier, il n’avait pas entretenu ses étudiants de ses opinions sur les « chambres à gaz ».

Son nom a été et continue d’être couvert de boue par la presse nationale et internationale à quelques exceptions près. Récemment, le 7 août 1981, la Tribune de Genève vient de lui consacrer un article intitulé : « Faurisson : une liberté d’expression pour les salauds ? » Cet article est signé d’un avocat qui est en même temps chargé de cours à l’université de Genève : M. Charles Poncet. Le même jour, La Tribune de Genève a affiché à des centaines d’exemplaires un placard publicitaire ainsi rédigé : « L’antisémite Faurisson : une liberté pour les salauds? » Sa vie personnelle, sa vie familiale, sa vie professionnelle : tout a été bouleversé du jour au lendemain parce qu’un jour il a osé proclamer après bien d’autres auteurs français et étrangers, eux aussi persécutés (surtout en Allemagne), que les «chambres à gaz» hitlériennes n’ont jamais existé.

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Déjà en octobre 1978, il avait eu affaire à la justice française. En effet, le Conseil d’Etat – jugeant en première et dernière instance, sans possibilité d’appel pour le condamné – avait osé déclarer, contre toute évidence matérielle, qu’il n’était qu’un maître de conférences qui n’avait jamais rien publié de sa vie et qu’en conséquence le président de son université avait eu le droit d’interrompre, comme il l’avait fait, le déroulement normal de sa carrière. Le Conseil d’Etat avait prononcé ce jugement alors qu’il avait pourtant sous les yeux la liste ou la reproduction de ses ouvrages sur des auteurs du XIXe et du XXe siècle.

Par la suite, son expérience de la justice française devait se révéler tout aussi négative dans les divers procès qu’il était obligé d’intenter soit au président de son université, soit à des journaux qui lui refusaient le droit de réponse. Jusqu’ici, à chaque fois qu’il a réclamé en justice le droit de réponse dans les journaux qui le citaient soit pour l’insulter, soit pour déformer la réalité des faits, il a constaté que la justice avait recours aux arguments les plus retors pour lui refuser un droit qui est pourtant inscrit dans la loi.

Mais venons-en maintenant à chacun des quatre procès que l’on a intentés au professeur Faurisson et qu’il a tous perdus.

1. Le procès que lui intentait Léon Poliakov

Le 28 janvier 1981, Léon Poliakov intentait à son éditeur et à lui-même un procès en diffamation. En effet, dans son livre intitulé Mémoire en défense contre ceux qui m’accusent de falsifier l’Histoire, le professeur Faurisson avait principalement reproché à Léon Poliakov, auteur de Bréviaire de la haine, d’avoir reproduit, au fil des rééditions, différentes moutures d’une seule et même « confession » du SS Kurt Gerstein. Il avait écrit que Léon Poliakov s’était livré à des manipulations et à des fabrications de textes. Il avait à sa disposition des preuves tellement flagrantes de manipulations et de fabrications que, selon une procédure rarement usitée en justice, il avait été en mesure de remettre aux autorités judiciaires une « offre de preuve » dans un délai inférieur à dix jours. Léon Poliakov aurait dû lui répondre dans un délai de cinq jours mais il s’en révélait incapable.

Les manipulations et les fabrications auxquelles s’était livré Léon Poliakov étaient absolument criantes. Même un enfant aurait su les voir et les montrer du doigt. Elles portaient sur des points essentiels du texte. Voici un exemple : dans un manuscrit rédigé en français et fort lisiblement dactylographié Kurt Gerstein écrivait en 1945 que dans les prétendues « chambres à gaz » de Belzec se pressaient debout sept à huit cents personnes sur 25 m2, à 45 m3. On ne peut pas dire qu’il s’agisse là d’un point de détail ; nous sommes ici au cœur même du récit de Kurt Gerstein car il y est question des « chambres à gaz » elles-mêmes. Mais, si le lecteur est attentif, il se rend compte que nous sommes en même temps au cœur d’une absurdité puisque sept à huit cents personnes debout sur 25 m2 cela ferait de vingt-huit à trente-deux personnes au mètre carré, ce qui constituerait une impossibilité totale, une impossibilité qui, surgissant en plein cœur d’un récit, a pour résultat d’anéantir dans l’instant ce récit. De plus, les 45 m3 laisseraient supposer une hauteur de 1m80. Léon Poliakov en publiant ce récit six ans plus tard, c’est-à-dire en 1951, procédait à une transformation stupéfiante du texte. Il supprimait le chiffre de 25 m2 pour le remplacer par un chiffre complètement fabriqué : celui de… 93 m2. Puis, constatant qu’une pièce de 93 m2 et de 45 m3, cela ferait une hauteur de plafond d’environ cinquante centimètres, il avait froidement supprimé toute mention des 45 m3, non seulement à cet endroit-ci du texte, mais un peu plus loin dans le texte, là où Gerstein faisait une nouvelle mention des 45 m3. C’est ce qui s’appelle une manipulation de texte.

Ces exemples de manipulation et de fabrication sont en nombre considérable dans les différentes moutures de la confession de Gerstein, qu’il s’agisse de la forme la plus connue de cette confession (PS-1553) ou d’autres formes moins connues et que Léon Poliakov a également dénaturées. Des pans entiers de phrases ont été insérés, d’autres ont été supprimés ; tout a été contaminé par d’incessantes manipulations : des chiffres, des noms de personnes, des noms de choses, des verbes, des adjectifs, tout, jusqu’au caractère même de certains personnages, à commencer par celui de Gerstein qui, il faut bien le reconnaître, ne nous a laissé, avant de se suicider dans une prison militaire française, que des confessions incohérentes et inacceptables par leur contenu intrinsèque.

Bref, Léon Poliakov avait agi de 1951 (date de la première édition) jusqu’à 1979 (date de la dernière édition de Bréviaire de la haine) comme un homme qui n’avait cessé de livrer au public une marchandise frelatée. Le fait était d’autant plus grave que Léon Poliakov avait fini sa carrière comme directeur de recherches au CNRS.

En conséquence, le jour du procès, ses avocats ont bien senti que la cause de leur client était indéfendable. Pas un instant ils n’ont cherché à répondre aux preuves de manipulations et de fabrications. Ils n’ont pas essayé de montrer que le professeur Faurisson avait tort. Ils ont préféré utiliser un subterfuge. Selon un procédé classique, ils l’ont décrit comme un personnage diabolique. Ils lui ont prêté des intentions de nazi, un nazi qui, à travers la personne de Léon Poliakov, cherchait à atteindre le personnage de Gerstein, lui-même décrit par eux comme une espèce de saint et de héros qui s’était glissé dans la SS pour découvrir de l’intérieur l’horrible machinerie. Ils ont dit qu’il ne croyait pas à l’existence de Gerstein. C’est ainsi que les avocats de L. Poliakov ont fait défiler, à la barre des témoins, des étrangers tels que le baron suédois von Otter qui ont raconté, chacun à son tour, que pendant la guerre ils avaient personnellement rencontré Gerstein et que ce dernier leur avait fait d’horribles révélations sur les agissements de ses compatriotes allemands. Aucun de ces étrangers n’a, soit dit en passant, montré un document quelconque qu’il aurait rédigé juste après sa rencontre avec cet étrange SS ; ces comptes rendus ont fort probablement été rédigés et il serait du plus haut intérêt de les examiner pour voir d’une part ce que Gerstein avait bien pu raconter à chacun et ce que chacun pensait à l’époque, en pleine guerre, des dires de Gerstein et du personnage même de Gerstein.

Et c’est ainsi que Léon Poliakov a gagné son procès. Dans son jugement le tribunal a, en effet, déclaré que M. Poliakov avait été « animé du désir passionné et légitime d’informer le public sur une période et des faits particulièrement tragiques de l’histoire contemporaine » et que M. Poliakov avait « pu, sur des points de détail, enfreindre la rigueur scientifique sans que pour autant il soit permis d’affirmer qu’il est un manipulateur ou un fabricateur de textes ».

Le professeur Faurisson a été présent à ce procès et à ce seul procès. Pas un instant il n’a vu le tribunal demander à Léon Poliakov d’où il avait tiré ses « quatre-vingt-treize mètres carrés » et cent autres fabrications.

Les juges ont été MM. Quilichini, Cabié et Boyer-Chammard. Les peines prononcées contre le professeur Faurisson ont été les suivantes : un franc de dommages-intérêts, deux mille francs d’amende pour son éditeur (Pierre Guillaume), deux mille francs d’amende pour lui-même, huit mille francs d’insertion dans la presse et, comme dépens, 462,34 F et 124,22 F. Le total se monte ainsi à 12 587,56 F.

2. Le procès que lui intentaient le MRAP et l’Amicale d’Auschwitz (l’affaire de la phrase de soixante mots)

Le 24 février 1981, le MRAP ainsi que l’Amicale des déportés d’Auschwitz et des camps de Haute-Silésie déposaient plainte contre le professeur Faurisson pour diffamation publique envers une personne ou un groupe de personnes à raison de leur origine, de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée. Bref, ils l’accusaient d’avoir diffamé la communauté juive. En effet, le 17 décembre 1980 il avait prononcé une phrase de soixante mots sur les antennes de la station de radio Europe n°1. Cette phrase avait été soigneusement préparée. Elle résumait son opinion sur le mensonge des «chambres à gaz» et sur les conséquences de cet énorme mensonge. A la radio, il la faisait précéder d’un avertissement pour dire qu’aucun de ces soixante mots ne lui était dicté par une sympathie ou une antipathie politiques. Voici cette phrase qui allait lui coûter des millions de francs :

Les prétendues « chambres à gaz » hitlériennes et le prétendu génocide des juifs forment un seul et même mensonge historique, qui a permis une gigantesque escroquerie politico-financière dont les principaux bénéficiaires sont l’Etat d’Israël et le sionisme international et dont les principales victimes sont le peuple allemand – mais non pas ses dirigeants – et le peuple palestinien tout entier.

Il convient de voir dans cette phrase de soixante mots un ensemble indissociable. De même que pour les sionistes, « chambres à gaz » et « génocide » forment une seule et même vérité (le crime serait le « génocide » et l’instrument parfait de ce crime parfait serait les « chambres à gaz »), de même, pour lui, « chambres à gaz » et «génocide» forment un seul et même mensonge, un mensonge à classer au point de vue historique parmi tous ceux que la propagande de guerre a fabriqués depuis l’aube des temps. Le plus récent mensonge historique auquel on puisse comparer celui qui nous intéresse ici est celui de la première guerre mondiale sur la «barbarie teutonne» avec ses prétendues usines où la chair humaine était transformée en savon ou en engrais. Quant à la gigantesque escroquerie politique permise par le mensonge des «chambres à gaz» et du « génocide », elle a eu de multiples bénéficiaires à commencer par le bloc des Alliés (y compris nos alliés soviétiques) instituant en un seul mouvement le procès à grand spectacle de Nuremberg et le partage du monde à la convenance des vainqueurs, sûrs de leur bon droit et certains d’avoir écrasé une bête immonde avec laquelle ils ne pouvaient avoir aucun point commun, car, eux, ils n’avaient institué aucun « génocide » ni rien de comparable aux horribles « chambres à gaz », instruments d’un meurtre gigantesque froidement et scientifiquement calculé. Il ne fait cependant guère de doute que le principal bénéficiaire du mensonge a été le sionisme international qui, depuis la fin du XIXe siècle, s’efforça de créer un Etat hébreu et n’y parvenait pas encore malgré le succès obtenu durant la première guerre mondiale avec la « Déclaration Balfour ». Ce que les sionistes avaient commencé d’obtenir au cours de la première guerre mondiale, ils allaient l’obtenir complètement à l’issue de la seconde guerre mondiale. Les Nations unies, considérant que des souffrances qui avaient été sans aucun précédent historique (le « génocide » et les « chambres à gaz » étaient en effet sans précédent au point qu’on avait dû créer le mot de « génocide ») autorisaient une réparation de caractère exceptionnel, découpaient une partie du globe terrestre pour en faire donation à un groupe de sionistes internationaux et cela sans guère se soucier de l’opinion des occupants de cette terre promise. Ainsi fut fondé l’Etat d’Israël. Quant au « sionisme international », il n’est pas une expression vide de sens. Le sionisne international est même officiellement représenté par une instance internationale qui s’appelle le Congrès juif mondial (le mot de «congrès» étant à prendre dans son sens américain de « parlement »). Le président en était pendant la guerre, après la guerre et jusqu’à une époque récente Nahum Goldmann, lequel a toujours clamé : « Je suis sioniste ».

Le professeur Faurisson dit que Nahum Goldmann pour le sionisme international et David Ben Gourion pour l’Etat d’Israël ont agi en escrocs d’envergure internationale dans leurs pourparlers avec le chancelier Adenauer, pour l’obtention des réparations financières au profit du sionisme international et de l’Etat d’Israël. En 1976, Nahum Goldmann a révélé dans une longue interview pleine de cynisme de quelle façon lui-même et Ben Gourion avaient agi avec un Adenauer soit réduit à l’impuissance, soit consentant. Tout le monde devrait lire et méditer cette longue interview telle qu’elle a paru dans l’hebdomadaire français Le Nouvel Observateur du 23 au 29 octobre 1976.[1] Le professeur donnait ces références dans un article publié en 1978 et reproduit en note 61 de la page 212 du livre de Serge Thion, Vérité historique ou vérité politique ? paru en 1980. C’est au cas précis de Ben Gourion et de N. Goldmann qu’il faisait allusion lorsque le 17 décembre 1980 il parlait de l’Etat d’Israël et du sionisme international. Nous défions un lecteur de garder son sang-froid devant cette interview : un homme d’affaires y explique avec une extraordinaire fatuité comment il a conduit son affaire, l’argent qu’il en espérait d’abord, puis l’argent qu’il a obtenu grâce à son habileté, les moyens de pression utilisés, etc.

Le professeur Faurisson ne s’en prenait pas aux juifs. Sionisme et judaïsme sont deux réalités distinctes. On peut être sioniste sans être juif et on peut être juif sans être sioniste. On peut être antisioniste sans être contre les juifs. Son avocat a insisté sur le fait qu’il n’y avait dans sa phrase de soixante mots aucune imputation concernant les juifs ou portant atteinte à la considération de la communauté juive, laquelle ne doit pas être confondue avec l’Etat d’Israël ou le sionisme international.

S’il en avait eu le loisir à la radio dans la courte émission qui lui avait été accordée et où il était constamment interrompu par les attaques de l’interviewer, il aurait même pu ajouter que, pour lui, figuraient parmi les victimes « non principales » du mensonge les jeunes générations juives élevées dans une sorte de religion pleine de haine et d’inventions affreuses. Il aurait pu dire que les juifs ne sont pas plus responsables que beaucoup d’autres du mensonge des « chambres à gaz » ; ils n’étaient pas mieux armés que les autres pour déceler la supercherie. La croyance dans les « chambres à gaz » a été si universelle que même les déportés pouvaient ne pas soupçonner le caractère fallacieux de la rumeur des « chambres à gaz ». Le mythe des «chambres à gaz» et du « génocide » a été universellement admis parce qu’il fournissait une explication facile et rassurante pour l’humanité au sortir de la plus grande boucherie de l’Histoire.

Mais pour le tribunal rien de ce que le professeur Faurisson pouvait avoir exactement écrit, ni rien de ce qu’il pensait ou pouvait penser en réalité ne semble avoir eu d’importance. Il n’a pas pu assister à ce procès. Comme il le craignait, l’atmosphère en était hystérique et la salle était en bonne partie constituée de « tricoteuses ». Le journal de gauche Libération a dénoncé pour sa part cet état de fait, lequel n’a provoqué aucune intervention de la part du président du tribunal.

Dans son jugement, le tribunal affirme que « la simple lecture de la phrase poursuivie énonce des imputations de faits déterminés qui portent gravement atteinte à l’honneur et à la considération des Juifs ».

Cependant, le tribunal a humblement commencé par affirmer qu’il ne lui appartenait pas de dire si les « chambres à gaz » et le « génocide » avaient existé ou non. Sa phrase est exactement la suivante : « Le Tribunal entend préciser qu’il ne lui appartient pas de confirmer l’Histoire ni par conséquent de prendre parti sur les thèses développées par le prévenu ».

Les juges ont été, comme pour le procès Poliakov, MM. Quilichini, Cabié et Boyer-Chammard. Les peines prononcées contre le professeur ont été les suivantes : quatre mille francs d’amende, six mille francs plus six mille francs de dommages-intérêts, quatre mille francs plus quatre mille francs de publication dans les journaux et, comme dépens, 455,15 F + 144,60 F. Mais surtout, fait qui paraît sans précédent, le tribunal ordonnait la lecture du jugement sur les antennes de la radio d’Europe n°1 et de la télévision au cours d’un journal télévisé. Le tribunal ne donnait aucune autre précision. Les précisions qu’il n’a pas données, nous les donnons ici au lecteur. La lecture du jugement exigerait environ dix minutes. Sur Europe n°1 où la publicité à l’heure de l’émission considérée coûte quarante mille francs la minute, il aurait à payer environ quatre cent mille francs. Sur la première chaîne de télévision, à l’heure du journal télévisé, la minute de publicité revient à deux cent soixante-six mille, ce qui fait qu’il aurait à payer deux millions six cent soixante mille francs. Le total des condamnations de ce seul procès s’élève donc ainsi à 3 088 599,75 F.

3. Le procès que lui intentait la LICRA (toujours à propos de la phrase de soixante mots)

Il s’agit en fait du même procès que le précédent. Le plaignant est cette fois-ci la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme. Le directeur de la LICRA, M. Jean Pierre-Bloch, avait très vivement attaqué le professeur Faurisson sur les antennes de la radio Europe n° 1. Il l’avait notamment accusé d’être vraisemblablement payé par Kadhafi! Et c’est justement en raison de la violence des attaques portées contre sa personne qu’il avait obtenu de passer le lendemain à Europe n° 1. La LICRA, elle, obtenait sa condamnation pour provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence raciale.

Les juges ont continué d’être MM. Quilichini, Cabié et Boyer-Chammard. Les peines prononcées contre le professeur ont été les suivantes : une amende de cinq mille francs réduite à mille francs en vertu du précédent jugement ; quatre mille francs plus deux mille francs de dommages-intérêts ; quatre mille francs plus quatre mille francs plus quatre mille francs de publication et, comme dépens, 155,92 F et 144,60 F. Le tribunal ordonnait la lecture du jugement sur les antennes de la radio Europe n° 1, soit environ quatre cent mille francs. Enfin, il était condamné à trois mois de prison avec sursis. Là encore le tribunal déclarait : « Le Tribunal entend préciser qu’il ne lui appartient pas de confirmer l’Histoire, ni par conséquent de prendre parti sur les thèses développées par le prévenu. » Le total des condamnations de ce seul procès s’élève donc ainsi à 419 300,52 F.

On aura remarqué que pour la même phrase de soixante mots le professeur Faurisson est condamné à deux reprises malgré la règle non bis in idem.

4. Le procès civil que lui intentaient la LICRA, le MRAP, l’Amicale d’Auschwitz et six autres associations

Ce quatrième jugement était rendu le 8 juillet 1981. Le débat s’était déroulé devant un tribunal civil et le professeur n’avait donc pas le droit d’y prendre la parole. Ce jugement était le plus attendu de tous. Il était en fait attendu depuis plus de deux ans. Pendant tout ce temps-là, les neuf associations et, en particulier, la LICRA n’avaient épargné ni leur temps, ni leur argent, ni leur sueur, pour essayer de découvrir ce que le professeur mettait les exterminationnistes au défi de trouver, c’est-à-dire une preuve, une seule preuve matérielle de l’existence passée d’une seule «chambre à gaz». Des fours crématoires ont été utilisés dans certains camps ; il en subsiste mille preuves matérielles. C’est une preuve matérielle de ce genre – et une seule – qu’il demandait qu’on lui trouve afin de lui prouver l’existence d’une seule « chambre à gaz » hitlérienne. Peine perdue ; au bout de deux ans, c’était pour la partie adverse un fiasco complet. A la place de cette seule preuve, la partie adverse nous inondait d’un flot de papiers et de paroles en l’air comme par exemple le faux témoignage d’un Martin Gray. Ce procès était le seul qui fût susceptible de porter sur le fond de la question historique. Et le professeur Faurisson ne pouvait y prendre la parole ! Tout allait se passer par procédure écrite et par l’intervention d’avocats.

Les neuf associations l’avaient attaqué en réparation pour un curieux motif : celui de «dommage». Il était accusé de leur avoir causé un « dommage » par son opinion sur le mensonge des « chambres à gaz », telle que cette opinion était apparue dans Le Matin de Paris et Le Monde à la fin de 1978 et au début de 1979. Ces associations affirmaient qu’il avait «volontairement faussé la présentation de l’Histoire» et qu’il avait « tronqué certains témoignages tels que celui de J. P. Kremer » ; elles l’accusaient également d’avoir écarté sans justification sérieuse un certain nombre de preuves jusqu’ici retenues par des instances judiciaires. Elles attendaient du tribunal qu’il déclare que les « chambres à gaz » avaient bien existé et que Faurisson était un « falsificateur ».

Nous ne pouvons ici entrer dans le détail du jugement, tel qu’il a été rédigé par l’un des juges, M. Pierre Drai. Nous n’en retiendrons que deux points essentiels.

Le premier point porte sur la qualité du tribunal en matière d’histoire. Là le tribunal est clair. Il déclare : « les Tribunaux […] n’ont ni qualité ni compétence pour juger l’Histoire ». Le second point porte sur un passage d’une lettre que Mme Olga Wormser-Migot avait adressée au professeur Faurisson le 7 novembre 1977.[2] Cette personne est une spécialiste de l’histoire de la déportation. Elle est d’origine juive. C’est elle qui en 1968 a parlé, dans sa thèse, du «problème des chambres à gaz». C’est elle qui a osé écrire que, malgré tous les témoignages contraires, il n’avait pas pu exister de « chambre à gaz » ni à Ravensbrück, ni à Mauthausen. Cela lui avait valu des ennuis. Le professeur était allé voir cette personne et était entré en correspondance avec elle. Elle l’adjurait de ne pas continuer à s’intéresser au problème des «chambres à gaz». Elle lui faisait valoir qu’il fallait d’abord et avant tout ménager les anciens déportés. L’argument surprend de la part d’une historienne. Pour une historienne, n’est-ce pas la vérité qui devrait compter d’abord et avant tout et non pas le souci de ménager Pierre ou Paul ?

Dans sa lettre du 7 novembre 1977, elle reprenait son argument sous la forme suivante : « L’Histoire se doit d’attendre que le temps permette une étude sans agressivité de certains problèmes d’horreur. » [3] Son avocat avait déposé cette lettre auprès du tribunal. Tous deux pensaient que le tribunal en tirerait peut-être la conclusion que la première spécialiste en France de l’histoire concentrationnaire en était réduite à de bien pauvres arguments en réponse aux questions précises que le professeur posait sur les « chambres à gaz » qui n’étaient pas de Ravensbrück ou de Mauthausen, mais, par exemple, d’Auschwitz ou de Majdanek. Eh bien, tous deux se trompaient, car on peut dire que c’est de cette phrase de Mme Olga Wormser-Migot que le tribunal allait faire son principal argument contre Faurisson. A la treizième page du jugement, il est en effet écrit : « il est profondément vrai que “l’histoire se doit d’attendre que le temps permette une étude sans agressivité de certains problèmes d’horreur”. » Dans neuf « attendus » d’un caractère extrêmement vague, le professeur se voyait en fin de compte reprocher par le tribunal d’avoir manqué «aux obligations de prudence, de circonspection objective et de neutralité intellectuelle qui s’imposent au chercheur que [Faurisson] veut être ». Des allégations surprenantes de la part du tribunal apparaissent encore sous la forme suivante : « Attendu que [Faurisson] apparaît vouloir [souligné par nous] rejeter globalement dans le néant du mythe les souffrances de ceux qui ont subi, par eux-mêmes ou par la disparition de membres de leur famille, les épreuves du régime concentrationnaire – alors qu’ils sont encore vivants pour en témoigner ».

Il y a mieux : pour le tribunal, le professeur a « paru » vouloir faire admettre que les victimes du régime concentrationnaire auraient, de près ou de loin, été les auteurs et les bénéficiaires d’une « gigantesque escroquerie politico-financière » ; de plus, il aurait permis « avec une légèreté insigne, mais avec une conscience claire de laisser prendre en charge, par autrui, son discours dans une intention d’apologie des crimes de guerre ou d’incitation à la haine raciale ». On ne voit pas ici ceux que le tribunal vise par le mot d’« autrui » et, de toute façon, il ne semble pas que le professeur puisse être tenu pour responsable de ce que Pierre ou Paul font de ses écrits.

Nous en aurons fini en faisant remarquer que sa phrase de soixante mots était pour la troisième fois évoquée ici par un tribunal alors même qu’elle avait été prononcée plusieurs mois après la date de clôture de dépôt des pièces. Nous dirons aussi, d’un autre côté, que le tribunal a déclaré qu’il n’avait « pas à rechercher si un tel discours [celui de Faurisson] constitue ou non une falsification de l’Histoire ».[4]

Nous précisons que M. Boittiaux, représentant du ministère public, a au cours de ce procès pris la parole contre le professeur pour demander sa condamnation.

Les juges ont été MM. Caratini, Drai et Martzloff. Les peines prononcées contre le professeur ont été : un franc de dommages-intérêts et trois fois vingt mille francs de publication dans deux journaux et une revue. Le total s’élève donc ici à 60 001 francs, sans compter les frais, non précisés dans le jugement.

En conclusion, le jugement qui était destiné à persuader la France et le monde entier de ce que les « chambres à gaz » auraient existé ne comportait aucune réponse sur ce point, ni aucun argument technique ou historique ; il ne parvenait à mettre en évidence aucune falsification ni même aucune erreur de Faurisson. Les seuls arguments employés contre Faurisson étaient ou bien vagues, ou bien d’ordre moral ou sentimental, avec tout l’arbitraire qui peut se déployer dans de pareils cas.

Signé : Quelques nouveaux amis de Robert Faurisson

31 juillet 1981

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Notes

[1] N. Goldmann, « Nahum Goldmann : au nom d’Israël ».
[2] Voy. Écrits révisionnistes (1974-1998), 1999, vol. I, p. 38.
[3] Réponse d’O. Wormser-Migot à une lettre de R. Faurisson, 7 novembre 1977, Écrits révisionnistes (1974-1998), 1999, vol. I, p. 38.
[4] Or, la LICRA l’avait bien assigné pour falsification de l’Histoire !