La mort d’un grand avocat, Doug Christie, “the Battling Barrister”
« Bocage » nous l’annonce aujourd’hui en français, Douglas (Doug) Christie est mort.
De son côté, la presse canadienne anglophone a diffusé la nouvelle en des termes qu’on imagine malheureusement sans peine quand on sait que D. Christie s’était surtout fait remarquer par sa défense sans concession d’une grande figure du révisionnisme historique, Ernst Zündel. Mais – heureuse surprise – il s’est trouvé au moins un organe de cette presse, le Times Colonist, de Victoria (capitale de la province de la Colombie Britannique) où vivait D. Christie, pour rappeler que cet extraordinaire avocat avait finalement permis à E. Zündel de remporter en 1992 une victoire inespérée contre les religionnaires de « l’Holocauste ».
Au terme d’un combat de neuf années, face à différents représentants du ministère public et à une coalition d’organisations juives ou assimilées, E. Zündel, aidé de D. Christie, le « Battling Barrister », allait obtenir de la Cour Suprême de Canada la suppression de la section du code pénal (no. 181) sur le fondement de laquelle il avait été poursuivi et condamné (elle-même basée sur une clause caduque d’une très vieille loi anglaise – à savoir le chapitre 34 du Statut de Westminster de 1275). La section 181 réprimait la publication d’une « déclaration, une histoire ou une nouvelle que [l’on] sait fausse et qui cause, ou est de nature à causer, une atteinte ou du tort à quelque intérêt public » (ici, dans les termes mêmes du juge lors du premier procès en 1985 pour la publication de la brochure Did Six Million Really Die? (éditée en français sous le titre Six millions de morts le sont-ils réellement ?), un « effet cancéreux … sur l’intérêt qu’a la société à ce que l’harmonie raciale et religieuse règne au Canada »). Or, le 27 août 1992, la Cour a finalement décidé que cette section 181 était incompatible avec la Charte canadienne des droits et libertés.
Un Français habitué à voir la justice de son pays régler le sort d’un révisionniste en une ou deux après-midi à la XVIIe chambre du Tribunal correctionnel de Paris, serait stupéfait d’apprendre qu’à Toronto, en 1985, le premier procès Zündel a duré sept semaines et le deuxième procès, en 1988, plus de quatre mois. Ajoutons à cela que, dans les pays de droit anglo-saxon, le contenu de tout procès fait l’objet d’une transcription intégrale tandis qu’en France, dans « notre » XVIIe chambre, en règle générale, le greffier ou la greffière se contentent de quelques notes portées au plumitif, nom donné au registre où le greffier ne mentionne que les principaux faits de l’audience. Le résultat est le suivant : lorsque un justiciable français reçoit le texte d’un jugement ou d’un arrêt le concernant et qu’il veut savoir en quels termes les magistrats ont rapporté et apprécié ce qu’il a personnellement dit à la barre, il ne trouvera généralement RIEN ou presque RIEN ! Tout au plus aura-t-il la satisfaction de tomber sur une incise du type de « M. X… (ou Mme X…) ayant été entendu(e) en ses arguments ». Un lecteur de cette décision apprendra ainsi que le justiciable en question avait donc oralement exposé des « arguments » mais il ne saura pas lesquels ! Il ignorera également la valeur ou la non-valeur que les magistrats ont attribué à chacun de ces « arguments »-là. Les magistrats lui feront peut-être la grâce d’exposer (à leur manière) et de juger les « conclusions écrites » déposées par l’avocat du justiciable à l’ouverture de l’audience mais ils n’iront guère plus loin. Curieusement, les magistrats français et la plupart des avocats semblent fort bien s’accommoder de ces faux-semblants et de cette véritable fumisterie. Entre compères, installés dans leurs habitudes, ils s’entendent à reléguer le justiciable au dernier rang de l’action judiciaire. Le justiciable se voit traiter en gêneur qui, de toute façon, ne comprend pas grand-chose au jeu de bilboquet où, dans leur commun jargon, se complaisent à la fois les avocats, le ministère public et les trois juges. Quant aux jurés populaires, ils brillent par leur absence. L’historien qui, des années plus tard, voudra savoir ce qui s’est vraiment dit dans le prétoire lors de telle affaire célèbre ou obscure en sera pour ses frais.
Rien de tel dans le système judiciaire anglo-saxon, bien plus sérieux et sévère, où l’on peut savoir, à la virgule près, ce qui s’est dit durant tout un procès, fût-ce le procès du plus humble des citoyens. Et au moins ce dernier aura-t-il pu bénéficier de la présence de jurés. D. Christie jouait à fond des possibilités que lui offrait ce système. Il se souciait assez peu du juge à qui, s’il le fallait, il faisait sentir que son rôle devait plutôt s’apparenter à celui d’un arbitre. Pour le véritable avocat qu’il était, seuls devaient compter, à un bout de la chaîne, des principes sacrés comme celui de la pleine liberté d’expression et le refus de se laisser intimider et, à l’autre bout de la chaîne, les jurés, toujours admis, le moment venu, à poser des questions et à réclamer des éclaircissements. Il fuyait l’argutie juridique et, tourné vers les profanes, s’adressait à ces derniers en un langage dru, direct et précis. Il subjuguait par son aisance à fournir une définition ou des exemples. Il était impavide. Il se refusait à l’esbroufe. Il affectionnait ce qui était simple et concret. Il frappait par sa façon hardie d’aller immédiatement au cœur brûlant du sujet à traiter. En justice anglo-saxonne, le bavardage et la théorie sont proscrits, on ne tient pas de discours et quasiment tout se fait par questions aiguës et précises suivies de réponses aussi brèves que possible. On y aime les faits et on y a horreur de ce qui est « emotional » (propre à susciter une émotion qui vous est favorable). Quant à l’expert, il n’est pas recruté, comme c’est le cas en France, sur une liste de prétendus experts certifiés tels mais il est une personne qui, hic et nunc, au terme d’un interrogatoire, d’un contre-interrogatoire et d’un ré-interrogatoire devant le juge et le jury, aura su faire la preuve de son expérience, de la maîtrise de son sujet et de son aptitude à se faire comprendre du profane. J’ai personnellement assisté D. Christie pendant toute la durée du procès de 1985 et, pour des raisons de santé, seulement pendant une partie du procès de 1988. Notre collaboration s’est révélée si fructueuse que nous sommes parvenus, en 1985, à écraser successivement Raul Hilberg, l’historien Number One de « la Destruction des juifs d’Europe », et Rudolf Vrba, le témoin Number One des prétendus gazages homicides d’Auschwitz. La presse de l’époque avait manifesté sa surprise devant le haut degré de préparation de la défense. Puis, au procès de 1988, le « Rapport Leuchter » sur les prétendues chambres à gaz homicides de Majdanek, d’Auschwitz et de Birkenau avait porté le coup de grâce à la thèse exterminationniste. Sur le strict plan de la science et de l’histoire nous avions remporté toutes les victoires possibles mais, bien sûr, les grands médias avaient d’autant plus renforcé leur propagande holocaustique. Sur le plan judiciaire, E. Zündel avait été provisoirement condamné.
J’avais noué des liens d’amitié avec D. Christie, qui était d’origine écossaise, et avec son épouse, Keltie Zubko, d’origine ukrainienne. À la maison Zündel, nous les appelions respectivement « the Devil » et « the Angel » (le Diable et l’Ange). À elle seule, l’atmosphère qui régnait dans la vaste demeure d’E. Zündel constituait une exceptionnelle réussite d’organisation, de répartition des tâches, d’ardeur au travail, de cordialité et d’enthousiasme avec d’inévitables épisodes de tension quand ce n’était pas de crainte pour notre sécurité. E. Zündel n’a pas son pareil pour susciter le dévouement à la juste cause du révisionnisme. Rarement aurai-je vu dans ma longue vie un tel rassemblement d’esprits désintéressés et de si haute qualité. Bien des noms me reviennent en mémoire : je n’en citerai aucun de crainte d’oublier un seul de ces hommes, une seule de ces femmes qui ont écrit ensemble une aussi belle page de l’aventure humaine. Je ne me permettrai qu’une exception pour mentionner Barbara Kulaszka, une avocate, fille d’Écossaise, dont le nom passera à la postérité pour son monumental ouvrage, Did Six Million Really Die? / Report of the Evidence in the Canadian “False News” Trial of Ernst Zündel – 1988, publié en 1992, VIII-564 pages sur double colonne.
Pour le restant de leurs jours, Keltie et ses enfants devraient puiser dans leur souvenir de Doug Christie des motifs de fierté, un exemple de courage et une source d’énergie.
12 mars 2013