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Il y a vingt ans, jour pour jour, …

On me le signale à juste raison : il y a vingt ans, jour pour jour, le 22 avril 1993, à la veille de l’ouverture officielle à Washington du monumental Holocaust Memorial Museum, je mettais les autorités responsables de ce musée au défi de nous fournir une représentation matérielle de la magique « chambre à gaz nazie ».

Dès le lendemain la preuve nous était fournie de ce qu’il était décidément impossible de nous montrer ce qui aurait constitué par excellence l’arme exceptionnelle et sans précédent d’un  crime lui-même exceptionnel et sans précédent : la prétendue politique d’extermination physique des juifs par les Nazis. Le 23 avril 1993, le rabbin Michael Berenbaum, responsable scientifique du musée, en était réduit à nous montrer en fait de chambre à gaz homicide… une simple porte de simple chambre à gaz de désinfestation !

Dans les années qui ont suivi, quelques auteurs ont timidement persisté à vouloir entretenir la thèse de l’existence et du fonctionnement de cette arme magique mais, progressivement, « la chambre à gaz » en question s’est effacée. Elle n’est plus guère aujourd’hui qu’un vocable dépourvu de vie et de contenu, sur lequel on n’essaie plus de fournir le moindre détail. Elle est devenue rare, furtive, immatérielle, une ombre, un souffle, un rien.

L’entreprise du Père Desbois avec sa Shoah par balles ou sa Shoah par étouffement sous « édredons » ou « coussins » (une Shoah dont on refuse de nous déterrer et de nous montrer ne fût-ce qu’un seul cadavre à l’exception de quelques cadavres d’un cimetière juif) s’inscrit parfaitement dans ce miracle de transsubstantiation qui fait que des réalités de nature matérielle et vérifiable se transforment en pures chimères et fantasmagories. On compte sur l’émotion, l’imagination et la mémoire de chacun et de chacune pour se figurer ce que, diable, a bien pu être ce que Céline appelait « la magique chambre à gaz ».

22 avril 2013