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Gazages homicides à Auschwitz d’après le procès des grands criminels de guerre à Nuremberg

(Esquisse)

Le 14 décembre 1945 le commandant William F. Walsh, procureur adjoint des États-Unis, déclare:

Je présente maintenant comme preuve le document L-22 (USA-294). C’est un rapport officiel du gouvernement des États-Unis, émanant du bureau exécutif du président des États-Unis, Service des réfugiés de guerre, concernant les camps de concentration allemands d’Auschwitz et de Birkenau, daté 1944. À la page 33 de ce compte rendu on montre que beaucoup de juifs furent tués par les gaz à Birkenau en deux ans, d’avril 1942 à avril 1944. On m’a affirmé que le chiffre figurant ici n’est pas une erreur: il est d’un million sept cent soixante-cinq mille.[1]  

[Commentaire : Ledit rapport est le fameux War refugee Board Report publié en novembre 1944 par l’Executive Office of the President. Il forme un ensemble de soixante pages dont la partie principale est due à Rudolf Vrba et Alfred Wetzler. Il est intéressant de noter que Walsh et le TMI n’en retiennent qu’une partie de la page 33.[2] On y voit que, rien que pour la France, le total des « Jews gassed in Birkenau between April, 1942, and April, 1944 » est estimé à cent cinquante mille ! Confronté avec le chiffre de 75 721 juifs déportés de France durant tout la guerre, R. Vrba, témoin de l’accusation au premier procès Zündel de Toronto, en 1985, a déclaré que ce chiffre ne pouvait provenir que d’un nazi ; il provient de Serge Klarsfeld dans son Mémorial.]

Le 28 janvier 1946, Marie-Claude Vaillant-Couturier, journaliste communiste qui avait été déportée à Auschwitz et à Ravensbrück, émaille sa longue déposition de mots ou d’expressions comme « gazer » ou « la chambre à gaz » (au singulier) ou « le gaz » ou « les gaz » mais il en ressort qu’elle rapporte des propos sur le sujet. La seule précision qu’elle prenne vraiment à son compte est la suivante : à la libération, elle s’est rendue là où on lui avait dit que se trouvait la chambre à gaz de Ravensbrück ; elle a « visité la chambre à gaz qui était une baraque en planches hermétiquement fermée et, à l’intérieur, il y avait encore l’odeur désagréable des gaz[3]. »

[Commentaire : Edgar Faure et Olga Wormser-Migot ont montré le peu de crédit qu’il convenait d’accorder à cette journaliste communiste.[4] Le contre-interrogatoire mené par l’avocat allemand Dr Hans Marx permet de conclure dans le même sens mais, malheureusement, comme d’habitude, il n’y a pas de contre-interrogatoire sur la matérialité des faits de « gazage ». Au sujet de Marie-Claude Vaillant-Couturier, E. Faure écrit :

Dans le nombre figurait Marie-Claude Vaillant-Couturier, député communiste et ancienne déportée. Elle portait notamment le témoignage de certains de ces détails qui, se surimprimant à l’atrocité, semblent pires que l’atrocité elle-même, laquelle pourtant se suffit, mais parle moins vivement à notre sensibilité. Ainsi, les cris de ces enfants qui, la fourniture de gaz étant défaillante, furent précipités vifs dans le brasier ; ainsi, de façon plus générale, le recroquevillement des corps qui révélait la souffrance ultime des suppliciés.[5]  

Pour ce faux-témoignage de Marie-Claude Vaillant-Couturier, voir TMI, VI, p. 225.]

Pour le reste, voyez la déposition de R. Höss du 15 avril 1946 avec ses formidables extravagances dues, on le sait depuis longtemps, à ses interrogateurs britanniques et la déposition de Morgen des 7 et 8 août 1946[6] qui, à sept reprises, situe le camp d’extermination d’Auschwitz à Monowitz : p. 535, 540 (deux fois : « Il se trouvait sur un vaste terrain industriel »), p. 541, 542, 546 (deux fois). Morgen dit qu’apprenant à l’étranger que les Américains le recherchaient, il est revenu en Allemagne se présenter à la VIIe Armée et qu’il se déclara « prêt à collaborer à la recherche de ces crimes ».[7] Enfin, voyez le peu qui est rappelé dans le texte du jugement final : simple reprise d’un fragment de la déposition de R. Höss.[8]  

Au total : Rien de matériel mais seulement un récit mensonger de deux juifs slovaques, les bavardages haineux d’une communiste française, les élucubrations d’un Allemand désireux de collaborer avec ses geôliers américains et surtout la confession extravagante d’un Allemand torturé par ses geôliers juifs britanniques.

26 décembre 1992

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[1] TMI, III, p. 571
[2] Cette partie de page constitue le doc. L-22 reproduit in TMI, XXVII, p. 433
[3] TMI, VI, p. 211-239 ; p. 233.
[4] E. Faure, Mémoires II, Plon, Paris 1984, p. 36 ; O. Wormser-Migot, Le système concentrationnaire nazi (1933-1945), PUF, Paris 1968, p. 541-544.
[5] E. Faure, ibid.
[6] TMI, XX, p. 521-553.
[7] TMI, VI, p. 550.
[8] TMI, I, p. 264-265.