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Encore une supercherie du Monde, journal oblique

Dans sa livraison du 27 avril (p. 13), Le Monde se décide enfin à publier un compte rendu de l’entretien accordé par J.-M. Le Pen au journaliste israélien Adar Primor (Ha’aretz, 22 avril). Mais ce compte rendu, signé de Patrice de Beer, n’est qu’une supercherie. Selon le journaliste du Monde, lisant l’article de son confrère israélien :

Le Pen persiste et signe sur le fameux « détail » qu’auraient été les chambres à gaz nazies : « Si vous prenez un livre de 1000 pages sur la seconde guerre mondiale, il ne consacrera que 2 pages aux camps de concentration et 10 à 15 lignes aux chambres à gaz. C’est ce que j’appelle un détail ».

Froide tricherie. En réalité, le journaliste israélien dit exactement le contraire. Il n’affirme pas du tout que « Le Pen persiste et signe sur le fameux “détail” ». A. Primor écrit – et c’est là tout le sens de son article – que Le Pen ne persiste plus, ne signe plus et a considérablement changé son langage. Procédant à un rappel des déclarations passées, le journaliste israélien cite effectivement cette phrase sur les chambres à gaz, mais il prend soin de préciser qu’il s’agit là d’une déclaration de 1997, reprenant un propos émis par son auteur en 1987. A. Primor donne ces deux dates et il parle expressément de « PAST STATEMENTS ». A ces « DECLARATIONS PASSEES », il oppose deux déclarations PRESENTES : l’une porte sur Auschwitz, décrit par J.-M. Le Pen comme : « Un camp de concentration qui symbolise la persécution des juifs » et l’autre sur les chambres à gaz, décrites comme : « Une méthode d’extermination, qui est aussi devenue un symbole de cette persécution ».

P. de Beer ne cite aucune de ces deux déclarations PRESENTES. Dans sa pratique du pieux mensonge par omission, il a également supprimé les propos de J.-M. Le Pen 1° sur la sympathie que le peuple français éprouve au fond pour Israël ; 2° sur le coupable refus d’obéissance de militaires israéliens ; 3° sur le bien-fondé de la destruction du réacteur irakien par Israël ; 4° sur les deux affreux bâtards de la Révolution française : le nazisme et le communisme ; 5° sur la liberté d’expression dont devraient jouir les partisans de toute idéologie, y compris l’Islam ; 6° sur l’extraordinaire défi des juifs essayant de reconquérir leur patrie ; 7° sur le caractère admirable du sionisme ; 8° sur le caractère non moins admirable de Margaret Thatcher et de Golda Meir.

L’article est titré « Le Pen aujourd’hui, Le Pen hier … », ce qui veut dire que Le Pen n’aurait pas changé de langage.

Patrice de Beer, que je suis depuis quelques années, n’a pas changé de manière. Son journal non plus.

28 avril 2002