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Deux à-côtés de l’actuel tsunami shoatique

La déferlante shoatique prend actuellement les proportions d’un vrai tsunami. Le mois prochain, j’en proposerai une analyse et une explication. Pour l’heure, deux à-côtés du phénomène valent d’être mentionnés. À eux seuls, ils nous confirment que les digues de la raison et du droit sont rompues et qu’au nom de la sacro-sainte Shoah à peu près tout abus devient licite. Dans un premier temps, on verra comment un magistrat de renom, soucieux de régler leur compte aux révisionnistes, en appelle publiquement à « la rue » et au « désordre » plutôt qu’à la loi et à l’ordre démocratique. Dans un second temps, je montrerai que, dans la ville où je réside, commence depuis peu, par voie de librairie et de presse, une sourde campagne visant à faire taire le révisionnisme par l’intimidation ou par la violence physique. Enfin, on pourra noter qu’en dépit de tels procédés les révisionnistes, eux, conservent leur sérénité et se disent, encore une fois, prêts au débat.

 

Contre les révisionnistes le président Monfort suggère publiquement
d’en appeler à « la rue » et au « désordre »

 

Sur France-Culture, ce 15 janvier, à 8 h 30, Élisabeth Lévy organisait une discussion sur la liberté de la presse devant les tribunaux. L’invité principal en était Jean-Yves Monfort, magistrat à Versailles, membre de la Commission consultative des droits de l’homme et ancien président, à Paris, de la XVIIe chambre du tribunal correctionnel.

Interrogé sur la loi Fabius-Gayssot et sur la répression du révisionnisme, J.-Y. Monfort a déploré que « les citoyens indignés par un certain nombre de propos révisionnistes se déchargent un peu facilement sur les juges du soin de manifester leur indignation». Il a préconisé deux solutions, dépendant, l’une, des historiens et l’autre, des citoyens. Il attend des historiens que ceux-ci « montent au créneau et viennent répondre à ces thèses et convaincre qu’il y a là mensonge ». Soit dit en passant, il montre par là qu’à son jugement les historiens n’ont pas été capables, depuis un demi-siècle, de répondre aux arguments des révisionnistes. La solution qu’il attend des citoyens a de quoi surprendre sauf si l’on a, comme c’est mon cas, pratiqué notre homme au palais de justice de Paris. En effet, J.-Y. Monfort souhaite que, pour leur part, les citoyens « descendent dans la rue » [sic] afin d’y exprimer leur indignation contre le « négationnisme ». Il a ajouté que cette dernière suggestion pouvait étonner de la part d’un magistrat mais qu’en la circonstance il préférait « un désordre [sic] à une injustice ». Il ne s’est pas expliqué sur le sens de cette formule, inspirée de celle de Goethe qui, défendant un jour un coupable, dit : «Je préfère une injustice à un désordre». Notre juge s’est alarmé du succès grandissant que connaît le révisionnisme. Il a précisé que, du temps où il avait eu à juger des révisionnistes à la XVIIe chambre, c’est-à-dire de 1991 à 2001, « chaque procès amenait de plus en plus de monde dans la salle d’audience » et que les révisionnistes passant en jugement voyaient affluer à leurs côtés de plus en plus de « supporters », au point qu’il en était « effrayé ». Là, J.-Y. Monfort nous la baille belle. Le contraire est vrai. Il est venu de moins en moins de monde à ces différents procès de révisionnistes et, sauf en 1998, à l’occasion du procès du lâche Roger Garaudy, les supporters, au fil du temps, ont peu à peu déserté le prétoire par crainte des coups et par lassitude. Il faut dire que le président Monfort manifestait la plus grande complaisance à l’égard des tricoteuses et des gouapes hurlantes et frappantes. Pas une fois il n’est intervenu pour empêcher les violences physiques, parfois très graves, que les révisionnistes ont eu à subir du fait des troupes de choc juives, jusqu’à l’entrée de la salle d’audience. À ce compte, les rangs des supporters étaient, comme on s’en doute, devenus clairsemés.

Ici, quand il dit souhaiter que les citoyens descendent « dans la rue », notre magistrat, gardien supposé de la loi et de l’ordre en même temps que défenseur attitré des droits de l’homme, ne précise pas sa pensée. Pour lui, « dans la rue » signifierait-il, par exemple : dans la rue, devant le domicile d’un Faurisson ?

 

Un appel au trouble contre Faurisson

 

Si je pose la question, c’est qu’à Vichy, où je réside depuis 1957, certains ne seraient pas fâchés, semble-t-il, que je tombe une fois de plus sous les coups de nouveaux épurateurs ou de ces commandos juifs, chers à l’avocat Serge Klarsfeld, pour qui mettre Faurisson à deux doigts de la mort est quelque chose « de normal et de naturel » (Radio J, 16 septembre. 1989).

La ville de Vichy souffre de complexes. On ne lui pardonne pas d’avoir abrité le gouvernement du Maréchal Pétain. Aussi les autorités de la ville et quelques plumitifs locaux pratiquent-ils volontiers une forme de surenchère résistancialiste ou shoatique. Par moments, ils nous donneraient même à croire que, de 1940 à 1944, Vichy a été la capitale de la résistance à l’occupant. La réalité d’aujourd’hui est que Vichy est devenue l’une des capitales du groupe Partouche, opulente tribu de casinotiers, qui règne sur les cinémas de la ville. On comprendra que les belles âmes du lieu ont peine à tolérer, au sein de leur ville, ce qu’elles appellent avec insistance « la présence tranquille de Faurisson ». Depuis peu, une sourde campagne se développe sur le thème : il faut avoir le courage de révéler « la présence tranquille, à Vichy, du révisionniste Faurisson ». Une revue financée par le Commissariat à l’aménagement et au développement économique du Massif central (Datar) vient de lancer cette campagne.[1] Dans sa livraison de décembre 2004, la revue décrit «l’odeur pestilentielle de la pourriture historique» qui continue de régner à Vichy. Elle signale que Faurisson, décrit, au mépris de la vérité, en « homme lige de Le Pen » et en ancien activiste de l’Algérie française, y mène une existence paisible et se promène tranquillement dans les rues de la cité. La revue indique à ses lecteurs deux endroits où Faurisson a été physiquement agressé en 1987 et en 1989 et où il est toujours possible de le retrouver. Ces endroits sont le Sporting Club de Vichy et le parc où, près de son domicile, il se promène « sur les pas de son idole », l’ignoble Pétain. Il y a là, nous dit-on, le «signe […] que la ville n’en a pas fini avec son passé qu’elle devrait affronter franchement». Le journal La Montagne, dans son édition de Vichy, s’est associé à cette campagne qui ne dit pas son nom. Il s’est fait l’écho de cette revue qui, selon ses propres termes, « s’attaque aux fantômes de l’État français » et « évoque “la présence tranquille, à Vichy”, du révisionniste Faurisson », lequel, précisons-le, est à la veille de ses 76 ans.[2]

 

Dubitando ou la persistance, malgré tout, du révisionnisme

 

Autre personne participant au débat dirigé par Élisabeth Lévy : Alain Rémond, ancien rédacteur en chef de Télérama et actuellement chroniqueur à La Croix et à Marianne. Ce dernier a mis en doute l’efficacité de la loi antirévisionniste et, allant plus loin, il a dénoncé « les conséquences effrayantes de la loi », qui, a-t-il ajouté, «nous empêche d’exercer notre métier d’historien». Il a cité le fascicule Dubitando.[3] À ses interlocuteurs il a dit qu’ils avaient dû, eux aussi, recevoir cette publication récente, laquelle, a-t-il déploré, tire habilement parti de l’interdiction légale du révisionnisme. Ledit fascicule, qui tient son nom d’une phrase des Tusculanes de Cicéron : Dubitando ad veritatem pervenimus (C’est par le doute qu’on accède à la vérité), constitue une preuve, parmi d’autres, de ce que les révisionnistes conservent tout leur sang-froid dans la tempête.

Tant il est sûr que les révisionnistes, eux, ont des arguments à faire valoir et n’ont pas besoin d’en appeler à la rue, au désordre, à l’intimidation ou à la violence.

 

20 janvier 2005

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[1] Journal intime du Massif central [Jim], n° 6 [Vichy toujours], décembre 2004, p. 2, 29, 44 et 4e de couverture. Sont publiés dans cette livraison des textes, en particulier, de l’historien Jean-Pierre Azéma, de Jean-Michel Belorgey, de Jacques Kirsner, de Michel Rocard, de Denis Tillinac. La revue est éditée par « Bleu autour », 11, avenue Pasteur, 03500 Saint-Pourçain-sur-Sioule, 04 70 45 72 54. Directeur de la publication : Patrice Rötig. L’article signé de Jacques Kirsner est particulièrement venimeux. Le personnage évoque sa mère « avec son accent yiddisho-polonais caractéristique ». Dans le passé, il s’est fait connaître sous le nom de Charles Berg. De son vrai nom, il s’appelle Charles Stobnicer. En 1979 il a été exclu de l’Organisation communiste internationaliste pour escroquerie (La Vérité, organe du comité central de l’OCI, n° 586, avril 1979). Son film Pétain (1993), avec Jacques Dufilho et Jean Yanne, a été financé en partie grâce à Jack Lang et à Michel Charasse. Le film a été un four. La version que ce Jacques Kirsner ose donner de mon agression par Nicolas Ullmann, le 12 juillet 1987 au Sporting Club de Vichy, est outrageusement mensongère (p. 29).
[2] Nathalie van Praagh, « Vichy toujours passé en revue », La Montagne, édition de Vichy, 30 novembre 2004, p. 5.
[3] Publiée en français aux Pays-Bas, cette petite revue de Maurice Haas-Colle est facile à obtenir. L’abonnement en est gratuit. Il suffit d’écrire à mhc@vho.org en précisant la version souhaitée : version papier par la poste (réservée aux journalistes) ou version électronique par mail.

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« Auschwitz : Le petit écran en devoir de mémoire »
(dépêche de l’agence Associated Press, 21 janvier 2005, 15h00)

 

[Cette dépêche porte sur la Shoah, telle que celle-ci sera montrée et honorée par les six principales chaînes de la télévision française. La dépêche en question ne mentionne ni les autres chaînes de télévision, ni les radios, ni les articles, études, livres sur le sujet, ni, à propos de l’Holocauste, la « mallette pédagogique Simone Veil » distribuée aux enfants de CM2 (10 ans d’âge en moyenne), ni le cours sur la Shoah qui, le 27 janvier, sera obligatoirement donné dans tous les collèges et dans tous les lycées de France, ni l’exclusion temporaire ou définitive des lycéens pour comportement inadmissible ou pour indifférence affichée à l’égard du devoir de mémoire, ni « le douloureux voyage du cardinal Lustiger à Auschwitz », ni cent autres événements ou manifestations de même intérêt. Actuellement la presse s’emploie à déverser un torrent d’immondices. Le faux (textes ou photographies) y prolifère. Les plus éculés mensonges, depuis longtemps dénoncés par les historiens juifs eux-mêmes, refont surface. Pour l’heure, le comble est peut-être atteint par l’hebdomadaire Le Point, du 20 janvier, titrant sur « Les incroyables confessions des chefs nazis »]


PARIS (AP) – À l’occasion du 60e anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau en 1945, le petit écran se mobilise. Les chaînes hertziennes reviennent ainsi sur l’horreur de l’extermination juive sous le IIIe Reich, à travers une programmation de qualité, des fictions aux documentaires, en passant par des témoignages, des cérémonies officielles ou des débats.

Sur TF1, Patrick Poivre d’Arvor présentera mercredi dans son JT de 20h des sujets spécialement tournés quelques jours avant dans le camp d’Auschwitz, tandis que les cérémonies officielles célébrant l’anniversaire de la libération du camp seront retransmises en direct jeudi de 14h à 16h30 sur la première chaîne.

Les éditions et les magazines de la rédaction de France-2 seront également mobilisés pour couvrir cet événement jeudi en direct, tandis que plus de 40 [!!!] reportages sur ce sujet seront diffusés entre les mois de janvier et d’avril 2005, précise la chaîne. Le magazine culturel « Campus » se consacrera pour sa part jeudi à 22h50 à l’évocation de la littérature née des camps.

À France-3, la rédaction nationale évoquera la déportation et les camps dès ce samedi. Et jusqu’à jeudi, jour des cérémonies officielles, l’ensemble des éditions de la chaîne proposeront des reportages tournés à Auschwitz, mais également en France, en Allemagne et en Israël.

Outre leur mission d’information, les chaînes de service public respecteront leur devoir de mémoire en diffusant une sélection de documentaires et de fictions retraçant l’extermination juive. – France-3 se lance le pari de diffuser lundi à 20h55, en intégralité et à une heure de grande écoute, les 9h30 du documentaire-fleuve «Shoah», sans interruption, tandis qu’Arte programme les quatre épisodes de «Holocauste», superbe [!!!] téléfilm de Marvin Chomsky avec Meryl Streep et James Woods, du lundi au jeudi à 20h45. – Et en deuxième partie de soirée, la chaîne franco-allemande propose toute la semaine des documentaires : «Il faudra raconter», témoignages de quatre rescapés d’Auschwitz (lundi à 23h) ; « Hollywood et la Shoah » dans le cadre d’une soirée Thema (mardi à 22h20) ; « Falkenau, Samuel Fuller témoigne », documentaire et commentaire du cinéaste sur le camp (mercredi à 22h15) et « C’est en hiver que les jours rallongent », témoignage de l’écrivain Joseph Bialot sur Auschwitz (jeudi à 22h30). – Devoir documentaire également sur France-5 qui diffusera dès dimanche «Auschwitz, le monde savait-il?» (à 16h05), un film inédit, suivi mardi (à 15h40) de « Paroles d’étoile », un recueil de témoignages d’enfants déportés. – D’habitude peu friand du genre [!!!], TF1 fera une exception lundi (23h) et mardi (22h40) avec « Auschwitz, la solution finale », un docu-drama réalisé par la BBC. – Quant à Canal Plus et M6, elles consacreront leurs journaux d’information à la couverture de ce 60e anniversaire de la libération des camps, en gardant toutefois leurs grilles de programmes habituelles.