David Irving, en ce moment
Bien que, personnellement, il n’ait pas entrepris de recherches sur « l’Holocauste » des juifs, l’historien britannique David Irving est, par intermittences, sujet à d’heureux accès de révisionnisme. En 1988, à Toronto, au second procès d’Ernst Zündel, il avait, à la barre du tribunal, témoigné de sa haute estime pour le Rapport Leuchter, rapport qui concluait à l’impossibilité d’existence de chambres à gaz homicides dans les camps d’Auschwitz et de Majdanek. Cependant, par la suite, constatant les dégâts provoqués dans sa carrière d’historien par ledit accès de révisionnisme, il s’était employé à marquer ses distances d’avec les révisionnistes et à déverser sur l’Allemagne d’étranges accusations. Mais qu’importe ! Aujourd’hui, le procès en diffamation qu’il a intenté, à Londres, à l’historienne juive américaine Deborah Lipstadt le contraint, pour fonder sa plainte, à reprendre l’argumentation révisionniste sur les chambres à gaz. Le 12 janvier, un journaliste du prestigieux Times de Londres en est venu à écrire que, dans ce procès qui va probablement durer trois mois, il s’agit de savoir:
si l’un des chapitres les plus sombres de l’histoire du vingtième siècle a vraiment eu lieu ou s’il est une fiction juive à mobiles politiques (whether one of the blackest chapters of 20th century history actually happened, or is a figment of imaginative and politically motivated Jewry) (The Times, 12 janvier 2000, p. 3).
Ce 13 janvier The Guardian a titré sur l’impossibilité, d’après D. Irving, des chambres à gaz nazies.
En France, ce 18 janvier, Libération a consacré près d’une page à l’affaire et au procès de D. Irving. Un encart portait sur «Le négationnisme et la loi en France».
Rompant avec sa politique d’occultation du révisionnisme, Le Monde vient de publier, dans sa livraison datée du 19 janvier 2000, en première page, un article sur le révisionniste David Irving. Fidèle à sa malhonnêteté foncière, il est oblique et venimeux, use de l’amalgame et colporte des commérages. Mais, comme on le verra ci-joint, l’article en question, signé de Marc Roche, laisse filtrer des informations sur l’importance du procès.[1]
Quant à moi, je m’attends de la part de D. Irving à des revirements et à des rétractations. Il écrit et il publie trop pour s’accorder, au préalable, le temps de lire avec attention les documents qu’il cite ou que la partie adverse lui soumet. C’est à peine s’il connaît la littérature révisionniste. On ne saurait le tenir pour un porte-parole du révisionnisme historique. Je l’ai toujours appelé «the reluctant revisionist» (le révisionniste malgré lui). Fort en apparence, il est en réalité fragile. Ses adversaires auront beau jeu de le désarçonner. S’il gagne un jour son procès en première instance ou en appel, ce ne sera certainement pas sur ses connaissances du sujet de l’«Holocauste».
19 janvier 2000
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[1] Peut-être Le Monde est-il encore plus oblique sur son propre site Internet, où cet article ne figure pas, et où l’internaute qui part à sa recherche à cette date, sous les noms de David Irving ou de Marc Roche, obtient pour toute réponse : « Aucun article correspond [sic] à votre recherche ».