Avocat de Robert Badinter, Bernard Jouanneau accumule les flops
La malchance décidément le poursuit. Maître Bernard Jouanneau a un jour déclaré : « La Shoah m’est un jour tombée dessus en 1972, lorsque Robert Badinter m’a fait entrer à la LICRA. Dès lors, j’ai fait du combat contre Faurisson l’engagement de toute ma vie » (Fanny Bijaoui, «Bernard Jouanneau en première ligne contre le négationnisme», Tribune juive, avril 2008, p. 91). B. Jouanneau s’est toujours fait l’ardent défenseur de la loi anti-révisionniste Fabius-Gayssot du 13 juillet 1990. Prenant récemment connaissance de l’« Appel de Blois » lancé par Pierre Nora, directeur de l’association bidon Liberté pour l’Histoire (Le Monde, 11 octobre 2008, p. 21), il s’est alarmé. Il a cru que P. Nora considérait « les lois mémorielles – y compris la loi Gayssot de 1990 – comme des dispositions législatives indignes d’un régime démocratique ». Il se trompe du tout au tout. P. Nora veut que l’on conserve la loi Gayssot et il lance un appel pour qu’on la préserve de toute concurrence ! C’est ce que révèle une lecture attentive de son texte, un texte de maître filou destiné à faire croire que son auteur, P. Nora, est contre toutes les lois mémorielles alors qu’en réalité il ne condamne que ce qu’il appelle « la dérive des lois mémorielles […] dont l’application peut entraîner des conséquences graves pour le métier d’historien et la liberté intellectuelle en général ». Pour P. Nora, la Mémoire juive est la seule qu’on ne pourra pas « contester », toute « contestation » de cette Mémoire entraînant pour son auteur de lourdes peines de prison, d’amende, de dommages-intérêts sans compter les frais de publications judiciaires forcées.
Dans l’article qu’on lira ci-dessous, B. Jouanneau commet une seconde méprise. Il écrit : « Robert Badinter [avait été] poursuivi pour diffamation par Robert Faurisson, pour avoir traité ce dernier de “faussaire de l’histoire” ». En réalité, R. Badinter était allé beaucoup plus loin : il avait osé prétendre, sur la chaîne de télévision ARTE, qu’il m’avait «fait condamner [en justice, en 1981] pour être un faussaire de l’histoire». Il commettait là un froid mensonge et j’avais donc porté plainte contre lui pour diffamation ; B. Jouanneau allait être son défenseur. Le 21 mai 2007 le tribunal de la XVIIe chambre prononçait que R. Badinter, incapable de fournir la preuve de son assertion, m’avait effectivement diffamé mais… de bonne foi (sic). B. Jouanneau a fait un double aveu à F. Bijaoui, journaliste de Tribune juive (article susmentionné): il a d’abord reconnu que le procès de 1981 s’était achevé sur « une défaite » pour son client aussi bien que pour lui-même et que Faurisson n’y avait nullement été condamné pour être un faussaire de l’histoire ; puis il a admis que, dans le procès de 2007, les juges ont estimé que la preuve de la vérité n’avait « pas été apportée [par R. Badinter]. » Un double bide judiciaire pour l’avocat et son client.
Ajoutons enfin, pour en terminer ici avec l’infortuné et maladroit avocat de la Shoah, de la Mémoire juive et de R. Badinter, que son livre, avec un avant-propos de son ami et client, a été un fiasco. La Justice et l’Histoire face au négationnisme / Au cœur d’un procès, Fayard, 2008 [janvier], 407 pages, a été mis en vente le 23 janvier 2008. À ce jour il n’a connu aucune recension. Il faut dire que l’ouvrage est d’une nullité pathétique. Si j’en trouve le temps, j’en rendrai compte parce qu’il est hautement significatif des procédés d’esbroufe auxquels ont recours B. Jouanneau, R. Badinter et leurs amis quand il leur faut affronter les révisionnistes dans un prétoire.
Sur un site arménien (armenews.com), le pitoyable article (fond et forme) de B. Jouanneau (24 octobre 2008) :
S.O.S. pour la dignité
La mobilisation des historiens contre les lois mémorielles vient de donner lieu à un nouvel appel (appel de Blois d’octobre 2008) qui fait suite à celui de décembre 2005 lancé par Pierre Nora, historien et membre de l’Académie française et président de l’association «Liberté pour l’Histoire». Le Monde s’en est fait l’écho le 11 octobre dernier ; sans qu’à ma connaissance personne n’ait réagi.
Ce nouvel appel s’adresse aux Historiens pour « mettre un coup d’arrêt à la dérive des lois mémorielles « et aux responsables politiques auxquels il demande de « ne pas instituer par la loi et pour le Passé des vérités d’État dont l’application judiciaire peut entraîner des conséquences graves pour le métier d’Historien et la liberté intellectuelle en général ».
Alors que nous attendons toujours un acte de courage de la part du sénat, après le vote par l’Assemblée Nationale de la loi incriminant la négation du génocide arménien, on peut s’attendre à ce que cet appel nourrisse la résistance de la Haute Assemblée à s’engager dans cette voix [sic].
Mais ce n’est pas encore assez. Ainsi faudrait-il revenir sur la loi du 29 juillet 2001 qui a reconnu l’existence du génocide arménien ; parce qu’il ne s’agirait, somme toute « que de crimes dans lesquels la France n’a aucune part ». Comme si la loi Gayssot avait eu vocation à compenser la part que la France aurait prise dans la mise en œuvre de la Solution Finale !
L’illustre académicien qui veut bien concéder que la notion de crime contre l’humanité est un progrès de la conscience universelle, n’en persiste pas moins à considérer les lois mémorielles – y compris la loi Gayssot de 1990 – comme des dispositions législatives indignes d’un régime démocratique.
Contrairement à ce que j’entends dire ça et là l’abrogation de la loi Gayssot sur la nécessité et l’opportunité de laquelle tous les historiens n’ont pas le même point de vue, figure bien au programme de l’association Liberté pour l’Histoire. Le serait-elle qu’on serait en droit de se demander pourquoi.
Qui n’a pas compris, que ce n’est pas la compassion envers les victimes et les survivants qui justifie le recours à la loi en cette matière… que c’est la Dignité de la personne humaine qui rend ces lois justes et nécessaires… que la Dignité de la personne humaine est un principe constitutionnel de valeur équivalente à la Liberté d’Expression… qu’il n’y a pas de défense professionnelle et catégorielle qui tienne face à cette exigence qui vaut pour tous les génocides ?
Cela ne signifie pas que les recherches et les travaux des historiens soient interdits ou compromis dès lors qu’ils portent sur les génocides ou sur les crimes contre l’humanité.
Pour avoir, comme avocat depuis 1972 et comme président de MÉMOIRE 2000 depuis 1992 pris part à tous les combats menés sur tous les fronts, au nom du respect de la Dignité de la personne humaine pour faire admettre et reconnaître que la négation des génocides ; qu’il s’agisse des juifs, des arméniens, des cambodgiens, des tutsis, des yougoslaves musulmans ou des populations du Darfour, n’en étaient finalement que l’accomplissement et l’achèvement rendant ces crimes presque parfaits, je tiens à rassurer les historiens ; aussi bien ceux qui ont souscrit à l’appel de Blois que ceux qui sont venus en justice soutenir la défense du sénateur Robert Badinter, poursuivi pour diffamation par Robert Faurisson, pour avoir traité ce dernier de « faussaire de l’histoire ».
De tous les professeurs que j’ai rencontrés, je n’en vois qu’un qui ait eu à se plaindre de moi et de se voir traîner en justice et il s’appelle Robert Faurisson.
Vous n’avez rien à craindre du parlement ni des juges (je les pratique depuis plus de quarante ans). Ils savent bien faire la différence entre les historiens qui pratiquent la révision en permanence et les négationnistes qui falsifient l’Histoire.
Mais si la dignité a fait des progrès dans notre droit, la liberté d’expression aussi: Le recours à l’article 1382 et à la responsabilité civile nous est aujourd’hui fermé. Bernard Lewis ne serait plus condamné, comme il le fut en 1994. Je ne sache pas que cette condamnation obtenue par le CDCA ait entravé depuis ses recherches ; mais nous n’avons plus été entendus lorsqu’au nom du principe de Dignité de la personne humaine nous avons tenté, ces temps derniers et malgré la reconnaissance législative de 2001, contre le Quid de faire admettre que la négation du génocide arménien y portait atteinte ; ni lorsque nous en sommes pris au consulat de Turquie. Les attaques sournoises de la chambre de commerce d’Ankara qui, sous prétexte de promotion en faveur du tourisme en Turquie, ont permis la diffusion de 700 000 DVD de propagande anti-arménienne, n’ont pas encore trouvé leur juge.
Ça ne peut plus durer .Une telle discrimination dans la protection de la Dignité de la personne humaine est intenable. Que les historiens poursuivent leurs recherches sur le génocide arménien. Il n’est pas question de le leur interdire ni même de les menacer de procès ; mais les négationnistes, d’ou qu’ils viennent et même s’ils se cachent à l’université ne doivent pas y trouver refuge ; mais pour éviter l’arbitraire, seule la loi peut les en priver.
C’est l’honneur de la France d’avoir été le pays des droits de l’homme dans lequel on a compris que l’Homme était fait aussi de sa mémoire et de ses origines ; sans qu’il soit besoin ; comme croit pouvoir le faire l’illustre académicien, de remonter à « la Saint-Barthelemy, aux cathares, aux albigeois ou aux croisades » pour le comprendre.
Il n’y a pas raison pour que ce privilège ne profite qu’aux uns et pas aux autres.
La seule manière de sortir dignement et légalement de cette impasse qui ne relève pas d’un problème professionnel ; mais d’une question existentielle, est d’éviter la concurrence des victimes et de considérer que c’est l’Humanité qui est victime du négationnisme, comme elle est victime des crimes de ce nom ; quelle que soit la date et le lieu ou le génocide s’est accompli ; dès lors qu’il aura été reconnu par les historiens et/ou par la conscience universelle à travers les instances internationales. Le parlement ne peut pas interdire à l’Humanité d’entrer dans l’hémicycle.
À mon tour je lance un appel pour la Dignité. [Bernard Jouanneau]
24 octobre 2008