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A propos de l’affaire du juge Stäglich (République fédérale d’Allemagne) : Les lois hitlériennes restent en vigueur à l’université de Göttingen

Par lettre recommandée du 15 novembre 1982, l’actuel président de la célèbre université allemande de Göttingen (Basse-Saxe) vient de faire savoir au Dr Wilhelm Stäglich, magistrat retraité, âgé de soixante-six ans, qu’une procédure était engagée contre ce dernier en vue de lui retirer le grade de docteur en droit. Dans sa lettre, le président, professeur Dr Norbert Kamp, précise que le fondement juridique de cette procédure repose sur une loi du IIIe Reich du 7 juin 1939 et sur un décret d’application pris également sous le IIIe Reich, le 21 juillet 1939.
 
Wilhelm Stäglich avait obtenu de cette université son titre de docteur en droit en 1951.
 
Pendant la guerre W. Stäglich avait été mobilisé dans la Wehrmacht et faisait partie d’une unité de défense antiaérienne. En 1944, les Alliés avaient commencé à bombarder les installations industrielles d’Auschwitz. Lors de son séjour dans la région W. Stäglich avait pu voir les déportés soit dans leur camp même, soit dans leurs allées et venues entre le camp et les lieux de travail. De la mi-juillet à la mi-septembre 1944, c’est-à-dire à l’époque précisément où l’on nous dit que les Allemands tuaient chaque jour des milliers ou des dizaines de milliers de déportés dans des chambres à gaz homicides pour les brûler ensuite dans des fours crématoires ou sur des bûchers de plein air, W. Stäglich n’avait rien vu de tel. Au contraire, ce qu’il avait pu voir (il donne des détails là-dessus) l’avait convaincu que les déportés ne vivaient apparemment pas du tout dans la crainte et que ce vaste camp ressemblait… à un camp.
 
Vers 1965, il commença à parler dans un cercle de collègues de ses souvenirs d’Auschwitz et de manifester son scepticisme à l’endroit des récits d’horreurs sur ce prétendu haut lieu des chambres à gaz homicides et du «génocide».
 
Dénoncé par un collègue, il commença à connaître dès cette époque de graves ennuis. Il fut contraint de demander sa mise à la retraite anticipée. En 1973, il publia quelques pages pour faire connaître son opinion. Les ennuis s’aggravèrent à mesure que Stäglich multipliait les initiatives pour répandre son témoignage ou celui d’autres personnes qui, comme Thies Christophersen, avaient eu des responsabilités à Auschwitz.
 
En fin de compte, en 1979 il publia chez Grabert Verlag (Tübingen) un remarquable ouvrage de cinq cent quatre pages intitulé Der Auschwitz-MythosLegende oder Wirklichkeit? (Le mythe d’Auschwitz. Légende ou réalité ?). C’est cet ouvrage qui lui attire aujourd’hui les foudres de l’université de Göttingen. Mais il faut savoir qu’avant cette entrée en scène de l’université le Dr Wilhelm Stäglich avait connu toutes les formes possibles de chasse aux sorcières : perquisitions de la police à plusieurs reprises, examens psychiatriques (le premier, d’une durée d’un quart d’heure, pour le déclarer fou et le second pour déclarer qu’il s’agissait non pas d’« un cas psychiatrique », mais d’« un cas politique »), réduction du montant de sa retraite de vingt pour cent pendant cinq ans, divers procès se terminant par de lourdes peines d’amende, saisie de ses écrits et en particulier du Mythe d’Auschwitz ; dans ce dernier cas on a même, sur l’ordre des tribunaux, fait procéder par les soins de la police à la fonte des plombs de composition.[1]
 
Le cas de Wilhelm Stäglich est devenu courant en Allemagne et, en particulier, dans le monde des enseignants les suspensions ou mises à pied commencent à devenir inquiétantes, sans compter le cas extraordinaire de Hellmut Diwald, célèbre professeur d’histoire de l’université d’Erlangen, dont le livre sur L’Histoire des Allemands comportait trois pages de sens révisionniste ; son ouvrage fut, sur plainte de la communauté juive allemande, retiré de la circulation et un nouveau tirage fut mis en vente où les trois pages, refaites on ne sait par qui, disent le contraire de ce que disait la première édition. (La même mésaventure était arrivée à l’historien David Irving pour son monumental ouvrage sur Hitler und seine Feldherren, traduit ensuite en anglais sous le titre de Hitler’s War.)
 
Mais voici la traduction de la lettre adressée par le président de l’université de Göttingen le 15 novembre 1982 au Dr Stäglich :
 
 
Georg-August-Universität-Göttingen 
Le Président 
Procédure en vue du retrait du grade de docteur
 
Très honoré Dr Stäglich,
 
Le Conseil des doyens de l’université Georg-August de Göttingen, après examen approfondi de votre livre Le Mythe d’Auschwitz. Légende ou réalité ? et après avoir pris connaissance du jugement du Tribunal de Land de Stuttgart du 7 mai 1982 – Az. XVI KLs 115/80 – a décidé d’introduire contre vous une procédure en vue du retrait du grade de docteur.
 
Le Conseil des doyens est d’avis que par ce livre vous vous êtes rendu indigne de porter le titre de docteur qui vous avait été décerné par la faculté de droit de l’Université Georg-August de Göttingen au motif que, par l’ouvrage susmentionné, qui a la prétention d’être scientifique, vous avez violé de la façon la plus grossière et la plus lourde les principes d’une attitude scientifique ainsi que [les principes] de la considération due à la dignité humaine.
 
Il vous est donné la possibilité de vous exprimer là-dessus dans un délai d’un mois à partir de la notification de cette lettre.
 
Le fondement juridique pour la procédure de retrait du grade de docteur est constitué par la loi sur la détention des grades académiques du 7 juin 1939 (Code du Reich, I, p. 985) et le décret d’ application correspondant du 21 juillet 1939 (Code du Reich, I, p. 1326).
Professeur Dr Kamp
 
 
Dans la répression des idées révisionnistes, l’Allemagne fédérale se montre impitoyable, ce qui lui vaut d’être citée en exemple par des publications comme celles du Congrès (Parlement) juif mondial. Bientôt une loi spécifique pénale y punira « la minimisation ou la contestation des atrocités du génocide commises sous le national-socialisme ». Selon l’agence DDP (29 septembre 1982), le Cabinet fédéral à Bonn vient d’approuver ce projet de loi pénale. Voyez aussi Research Report.[2] La France est aussi donnée en exemple. Dans le Jewish Chronicle de Londres il est écrit que le professeur Faurisson a été condamné pour falsification de l’Histoire (ce qui est faux) et le fait est présenté comme une lesson for Britain.[3]

 

17 décembre 1982

 
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Notes 
 
[1] Voy. l’hebdomadaire juif allemand Allgemeine Jüdische Wochenzeitung du 14 mai 1982, par exemple.
[2] Institute of Jewish Affairs. World Jewish Congress, Londres, janvier 1980, p. 32-33 et mars 1982, p. 1-11.
[3] The Jewish Chronicle [Londres], 8 octobre 1982, p. 21.