À Louis-Égoïne de Large disant habiter Cochons-sur-Marne
Ce 18 avril j’ai reçu dans ma messagerie un texte intitulé « Les mensonges du Professeur Faux-risson » (publié auparavant, le 14 avril, à lelibrepenseur.org/les-mensonges-du-professeur-faux-risson [lien caduc]). On m’y décrit en « vieux con gâteux et sénile ». Long de cinq pages, ce texte nous fait découvrir en Faurisson un menteur et un traître. Je serais, paraît-il, l’auteur de « déclarations » (non reproduites) qui seraient « fantasques et foutraques ». En outre, au lieu de répondre aux questions qu’on me pose, je multiplierais « les pirouettes rhétoriques » et les «bottages en touche». Mieux : je serais un pleutre qui, en cas de danger, appellerait à son secours un « service de sécu[rité] » pour faire taire ceux qui me posent des questions embarrassantes. Enfin, je jouerais le « sketch de la victime ». Sont également étrillés Alain Soral et mon avocat Damien Viguier, respectivement appelés, on ne sait pourquoi, « Judas Soral et Viguier Pilate ». Vincent Lapierre et Pierre Panet sont également pris à partie.
L’auteur dit s’appeler Louis-Égoïne de Large. S’agit-il de son vrai nom ou d’un nom de plume ? Il dit m’avoir rencontré, ce qui est possible tant j’ai rencontré de monde au cours de ma longue existence, mais je ne me souviens pas de l’avoir jamais vu. L’aurais-je vu et oublié ? Il affirme que, ce 9 avril, à la journée du banquet de Rivarol je l’aurais apostrophé et lui aurais lancé : « Eh, mais je vous reconnais ! » Il a dû prendre pour lui un signe de reconnaissance qu’en réalité j’adressais à une autre personne de l’assistance. Mais il est vrai qu’il reconnaît avoir eu, à ce moment précis, « l’esprit embrumé ». Embrumé par mon discours (sic) ! Il précise : « [Faurisson] a parlé si longtemps qu’il m’a embrumé l’esprit dans une sorte de léthargie, avec sa prose hypnotique. » Et d’ajouter : « Faurisson parle des plombes, encore et encore. » Je n’ai certainement pas parlé « des plombes » ou des heures mais peut-être environ une heure et cinq minutes. Je suis entré dans la salle à 17 h 15 et j’ai quitté les lieux précipitamment pour me rendre en voiture, non sans des difficultés de circulation, à la gare de Paris-Bercy où je suis parvenu à 18 h 45 pour prendre à 19 heures mon train de retour à Vichy, d’où j’étais parti le matin même vers 9 heures.
Monsieur de Large se dit révisionniste. Qu’a-t-il fait pour la cause ? A-t-il publié quelque étude de caractère révisionniste qui m’aurait échappé ? Je sais seulement qu’il est un ami de Paul-Éric Blanrue (alias PEB). Dans un passé récent, il avait pris l’initiative de m’écrire à l’occasion d’un conflit opposant l’un à l’autre Alain Soral et PEB. Il m’avait mis en demeure de lui révéler pour qui je prenais parti. Je lui avais fait savoir que je n’avais rien à lui répondre sur le sujet. Il m’en avait voulu. Il était reparti à l’attaque. Au bout d’un certain temps, las d’avoir à me répéter, je n’avais pas cru devoir poursuivre l’échange. Il en avait crié victoire. Selon lui, mon refus de m’immiscer dans une querelle qui m’était étrangère signifiait que je choisissais Soral contre PEB ! Et là, surprise, PEB avait diffusé un message pour féliciter le personnage d’avoir révélé ma vraie nature, celle d’un homme qui n’ose pas dire à haute voix tout le mal qu’il pense de… PEB !
Autrefois PEB ne se cachait pas d’être « un ami personnel de Robert Faurisson » (blanrue.blogspot.com/2015/08/lettre-ouverte-yann-moix-en-souvenir-de.html). Nos relations de travail étaient cordiales et je lui devais en particulier la vidéo Un homme : Robert Faurisson répond aux questions de Paul Éric-Blanrue, tournée à Vichy en octobre 2010. Nous avions par ailleurs le projet d’une autre vidéo intitulée : Opération Levier d’Archimède. Sa manière de présenter mes productions sur son blog témoignait parfois d’une pleine approbation ; tel fut le cas, par exemple, avec « Spectaculaire réponse de Faurisson au journal Le Monde, qui lui a consacré deux pages d’insultes ».
Nos bonnes relations se gâteront quelque peu à la date du 16 juin 2015. Ce jour-là, Faurisson, PEB et Marc George (au titre de diffuseur) comparaissent en justice pour Un homme…. La présidente du tribunal est de fort méchante humeur. Elle prévient l’assistance, pourtant bien paisible, qu’elle ne souffrira pas la moindre rumeur dans les rangs. D’emblée, elle prend soin d’annoncer : « Sur le négationnisme on sait à quoi s’en tenir ! » En somme, son siège est fait et nous voilà condamnés d’avance ! Les trois ou quatre avocats des prévenus devraient bondir et demander l’inscription de l’incident au plumitif (registre du greffier). Ils n’en font rien. Ils se taisent. Ils s’inclinent.
Je suis le premier à répondre aux questions de la Furieuse. Je n’esquisse pas plus tôt ma réponse à la première question que je m’entends répliquer : « Cela n’intéresse pas le tribunal ! » Par la suite, à toute ébauche de réponse, je m’attirerai la même sanction. Qu’importe ! J’en prends mon parti et j’annonce à la dame qu’à défaut de tribunal il me reste, dans le fond du prétoire, ce qui s’appelle « le peuple français ». Ce dernier ne sait pas et ne saura jamais au juste quel est le corps du délit puisque, aussi bien, le tribunal, sans nous en donner ses raisons, a décidé que la vidéo ne serait pas projetée. Je parlerai donc au peuple français. C’est à lui que, sans me laisser intimider, j’exposerai les arguments de ma défense. Je tiens parole, je m’explique, je ne perds rien de mon sang-froid.
Puis vient le tour de mon ami PEB. Surprise ! Dans ses réponses à la Nerveuse, il adopte un profil si bas et si fuyant que j’en ressens de la gêne et pour lui et pour moi. Je ne le reconnais pas. Je guette le moment où il va tout de même se ressaisir. Rien de tel ne survient. Il va jusqu’à dire que, pour cette vidéo, il a interrogé Faurisson comme il avait interrogé Uri Geller (un charlatan israélien bien connu pour faire plier des petites cuillères par la seule force de sa pensée et par son regard). Peut-être va-t-il, enfin, ajouter, comme il en a l’habitude quand il est ailleurs que devant des juges, que, s’il a pris Geller en flagrant délit de mensonge, il n’a, en revanche, « jamais surpris Faurisson en flagrant délit de fraude ou de mensonge ». C’est, par exemple, ce qu’il avait fait en octobre 2011 ; voyez Blanrue : « Je n’ai jamais surpris Faurisson en flagrant délit de fraude ou de mensonge ! » Hélas, il s’en garde bien. Ce jour-là, devant ses juges, de bout en bout, mon ami PEB « a tout fait pour prendre ses distances d’avec Faurisson » : la formule n’est pas de moi mais d’un membre du barreau venu assister au procès et qui me confiera sa déception devant le comportement d’un homme qu’on imaginait moins fragile.
Au moment de gagner la sortie du prétoire, mon ami PEB se voit contraint de passer tout près de l’endroit où je me trouve. L’œil noir, il me décoche dans un grognement : « boum ! boum ! boum ! » ou peut-être même « boum ! boum ! boum ! boum ! », tant il est courroucé. Le message est clair : PEB me fait grief d’avoir, comme d’habitude, exposé mes arguments sans me soucier de m’attirer les bonnes grâces de la présidente et sans jamais chercher à arrondir les angles. D’habitude, il me fait compliment de ma hardiesse et de mon franc-parler ; là, il me réprouve. Manifestement il s’était promis d’observer une attitude d’effacement, sinon de fuite. Il avait peur ; cela se constatait jusque dans son comportement au micro et au son de la voix. Mais, prenant sa suite, Marc George se montrera bien pire encore. Esquivant le sujet en cause (son incrimination pour avoir enfreint la loi Fabius-Gayssot de 1990), il se contentera principalement de clamer son horreur de l’antisémitisme et, pour faire bonne mesure, avec une insistance comique, il croira nécessaire de confesser son amour des juifs !
L’audience se terminera près de minuit. Nous nous retrouvons, PEB, moi-même et une poignée de révisionnistes, dans un coin du Palais de justice. PEB, devant une caméra, reprend alors un peu de force et de couleur et le voici qui se met à prononcer au micro des paroles que j’aurais bien voulu l’entendre dire devant le tribunal. Je ne crois pas nécessaire de lui adresser de reproche. Je suis payé pour savoir ce qu’est la peur. Nous décidons de partir à la recherche d’une brasserie qui serait encore ouverte à minuit et demi. Tout notre petit groupe est d’accord pour l’équipée sauf PEB, lequel nous explique qu’il lui faut regagner son domicile où sa toute jeune fillette peut avoir besoin de lui ! On le sent mal à l’aise. Effectivement, à table, les langues se délieront et la conversation ne portera plus guère que sur « la trouille de Blanrue » (sic). Je ne me rappelle qui, le premier, a usé de la formule.
Le 17 mars 2016, soit neuf mois plus tard, vient le procès en appel. Stupéfaction : ni Marc George, ni PEB n’est présent. PEB s’est fait porter pâle. Son avocat nous déclare avec candeur que son client n’est pas là « parce qu’il a reçu des menaces » (sic). Le pauvre garçon ! Je ne puis m’empêcher de comparer son sort à celui qui, pendant des années, a été le mien au Palais de justice de Paris où, malgré les humiliations et les coups, jamais à cette époque l’idée ne me serait venue de manquer de comparaître devant mes accusateurs et mes juges. Cette nouvelle dérobade de PEB confirme sa « trouille ». D’autres choisiraient peut-être des mots plus sévères mais je ne puis tirer un trait sur un passé où, je crois pouvoir le dire, régnait entre nous une véritable entente cordiale. Certes PEB a lâché son ami Faurisson et il a déçu bien du monde. Cependant, soyons justes, il ne m’a tout de même pas renié.
Mais revenons-en à son ami Louis-Égoïne de Large pour laisser la parole à ce dernier. Un passage de son acte d’accusation me laisse perplexe : celui où il prétend reproduire 1) « exactement », 2) « in extenso » et 3) entre guillemets, ce que PEB, lors du procès de première instance, aurait, selon lui, répondu à la présidente lui demandant « de lui expliquer les circonstances de sa rencontre avec Faurisson ». D’après notre homme, PEB aurait textuellement fait une réponse longue d’une demi-douzaine de phrases et de 148 mots, que voici :
À l’époque, j’étais président d’un groupe de recherche qui s’appelait le Cercle zététique, où nous démystifions, avec notamment le Professeur Henri Broch ou encore Gérard Majax, les escrocs, les faussaires. Pour se [sic] faire nous enquêtions sur les cas qui nous paraissaient suspects. Nous avons notamment démystifié Uri Geller, qui prétendait avoir des pouvoirs télékinétiques, avec une intervention brillante de Majax à la fin d’une émission de Polac à laquelle Geller était présent. Et puis, nous avons entendu parler d’un certain Faurisson, qui prétendait que les chambres à gaz n’avaient pas existé, alors nous avons décidé de nous pencher sur son cas. Je suis donc allé interroger Faurisson exactement dans le même esprit que celui où j’ai interrogé Uri Geller, en cherchant à voir si ce qu’il disait tenait la route ou non. Au final, je suis parvenu à démystifier Uri Geller, mais je n’ai jamais pu démystifier Faurisson.
Je ne me souviens pas le moins du monde d’un tel discours, qui nous aurait, mes amis et moi, rassérénés et franchement réjouis. Comme aucune source de cette longue tirade ne nous est indiquée, une source où nous pourrions vérifier l’exacte teneur de la réponse faite par PEB à la présidente, on comprendra qu’en la circonstance nous attendons de Monsieur de Large qu’il révèle au public la nature du document où il a puisé ce long extrait placé entre guillemets et qu’il a garanti exact et sans coupures.
À moins, bien sûr, qu’il n’ait soudain retrouvé tous ces mots dans sa mémoire et sous sa plume !
22 avril 2016