Les bellicistes sont à la fête
Au début de la vidéo Un homme : Robert Faurisson répond aux questions de Paul-Éric Blanrue on me voit devant le monument aux morts de la ville de Vichy. J’y déplore la facilité avec laquelle on est capable de plonger un pays dans la guerre.
J’y évoque les trois guerres ou boucheries franco-allemandes de 1870, de 1914 et de 1939. Serais-je pour autant ce qu’on appelle un « pacifiste » ? Personnellement, je ne saurais me vanter de l’être parce que se proclamer « pacifiste » revient à prétendre qu’on est sûr de rester maître de soi et qu’en particulier on sera capable de résister à des sentiments comme la haine ou le désir de vengeance.
Cela dit, j’ai moins d’admiration pour toutes nos gloires militaires que pour l’héroïsme, par exemple, d’un authentique pacifiste comme Louis Lecoin qui, au prix de souffrances inouïes et de dix années de prison, a obtenu que De Gaulle crée enfin dans notre pays le statut d’objecteur de conscience.
En ce moment règne en France une véritable ivresse drapeautique. L’ennemi est déclaré lâche et barbare, ce qui implique que nous serions courageux et civilisés. On entonne à tout propos la Marseillaise. Il paraît que « le jour de gloire est arrivé » mais quelle gloire ? On aspire à ce « qu’un sang impur abreuve nos sillons » mais que signifie au juste ce pathos ? Comme le dit Princhard, dans le civil prof d’histoire et géographie, « Engraisser les sillons du laboureur anonyme c’est le véritable avenir du véritable soldat ! » (Voyage au bout de la nuit). Une spécialité de la gauche : partir en guerre, en croisade. La cote de Hollande, notre amiral de pédalo, fait un bond ; celle de Valls-la-Tremblote suit. Là-bas, aux States, les fils à Dollar sont comblés. Et, là-bas, en Palestine, les fils à Shekel se refont des illusions. Tous unis sous la Bannière de la religion shoatique ou holocaustique, ils continueront, comme depuis un quart de siècle, à semer la mort dans tout le Proche ou Moyen Orient, suscitant des retours de bâtons, de couteaux, de kalasch qui nous sont décrits comme des actes gratuits de lâches et de barbares. Les avions des Croisés arriveront sans grands risques sur leurs cibles à mille à l’heure et en décamperont à mille à l’heure. Combien auront-ils tué ou mutilé d’enfants dans leurs écoles ? La réponse est zéro : leurs bombes sont « intelligentes ».
Et puis, quand on a sur la conscience les morts atroces de millions de victimes allemandes, européennes, japonaises, vietnamiennes, irakiennes, palestiniennes et autres, que pèseraient de plus les victimes d’une nouvelle boucherie ?
22 novembre 2015
P.-S. : On est en droit de ne pas priser Michel Onfray mais il vaut la peine de lire son interview avec Le Point du 15 novembre 2015 (je vous renvoie ici à une version corrigée publiée sous le titre Michel Onfray : les attentats du 13 novembre au-delà de l’anecdote). On lui pardonnera éventuellement quelques passages qui restent un peu trop dans la norme du temps.