Lettre sur quelques effets du tabou holocaustique
Merci de m’avoir transmis ce message de Claude C… Le nom de cette Michèle D…, qui m’aurait eu comme professeur de grec, m’évoque de lointains souvenirs. Le Lycée de jeunes filles des Célestins est devenu le Collège [mixte] des Célestins. La petite pâtisserie de la rue du Général-Galliéni a laissé place à une marchande de couleurs.
J’étais un professeur d’une grande sévérité. C’était dans les années 1957-1963. J’avais été nommé à Vichy sans l’avoir demandé. J’avais souhaité un poste dans l’Académie de Clermont et Vichy était le seul endroit où venait de se libérer un poste d’agrégé des lettres.
Il y a quelques mois, à Vichy, une dame d’une soixantaine d’années m’a interpellé à la sortie de la médiathèque, juste en face du collège. Elle m’a demandé si j’étais le professeur Faurisson. Je lui ai répondu oui. Elle s’est lancée dans un discours dithyrambique sur le prof que j’avais été. Un flot de paroles. Toutes sortes de confidences. Elle n’en finissait pas. Manifestement elle avait tout son temps alors que, pour ma part, j’étais pressé. Tout à coup, s’interrompant, elle m’a dit : « Mais, au fait, et vous… ? » Cédant à mon goût du langage direct et de l’expression ramassée, je lui ai simplement dit : « Depuis 34 ans je me retrouve, dans mon pays, traité en Palestinien. » Et là elle m’a fait ce que j’appelle « le coup du rideau ». Ses traits ont changé comme si je lui avais administré un uppercut. Elle a bredouillé : «Excusez-moi ! Mon mari m’attend.» Nous nous sommes serré la main. Elle a tourné les talons.
La médiathèque est dirigée par une dame juive. Dans le fichier « Auteurs » et dans le fichier « Matières » ne figurent que quelques œuvres littéraires de Faurisson. Pour ce qui est de mes œuvres historiques, celles-ci sont totalement absentes mais, en revanche, sous le nom de «Faurisson» on voit apparaître… des ouvrages de Pierre Vidal-Naquet et consorts où Faurisson est présenté sous les traits d’un faussaire. Il y a quelques années j’avais fait don à cette bibliothèque de quelques livres révisionnistes dont je n’étais pas l’auteur. Ils n’ont jamais été répertoriés. J’ignore ce qu’ils sont devenus.
Passons de Vichy à Paris. Il y a quelques jours je me suis rendu, 21, rue d’Assas, à l’Institut catholique de Paris. J’y ai constaté que mon opuscule intitulé Le Révisionnisme de Pie XII n’était pas mentionné au catalogue des deux bibliothèques. Pourtant j’avais autrefois déposé à la banque d’entrée de l’Institut un exemplaire de la première édition en spécifiant qu’il s’agissait d’un « don de l’auteur ». L’employé de faction, un Arabe, m’avait remercié. Le 30 novembre 2009 au soir, par précaution, j’ai demandé à voir une responsable de la bibliothèque principale. À cette dame (Marie-Christine Vaillant) j’ai montré un exemplaire de la seconde édition, revue et corrigée, et je lui ai dit que je souhaitais en faire don à l’Institut. Au vu du titre elle m’a déclaré qu’elle doutait fort qu’on accepte un tel ouvrage. Je lui ai confié que j’avais habité tout contre la chapelle des Carmes, partie intégrante de l’Institut, et qu’en 1945, à l’âge de 16 ans, je ne me serais pas douté qu’un jour, à l’âge de 80 ans, je viendrais demander à l’Institut catholique qu’on veuille bien accepter un petit ouvrage défendant le pape de l’époque, Pie XII, contre les calomniateurs de sa mémoire. Elle m’a dit que la décision dépendrait d’un groupe de personnes. Dès le 1er décembre, Odile Dupont, « directrice des bibliothèques », m’a retourné mon cadeau ; la lettre d’accompagnement ne mentionnait pas le titre de l’ouvrage retourné et ne comportait pas de formule de politesse. Elle se réduisait aux deux phrases suivantes : « Monsieur, Nous ne souhaitons pas intégrer votre ouvrage dans notre catalogue. – Je vous le retourne donc et vous en souhaite bonne réception. » Rien dans les archives ne signalera donc quel était l’ouvrage en question.
Revenons à Vichy. En face de l’immeuble situé au 22 de la Place d’Allier, où nous habitions au début des années 1960 et où j’ai eu mon « illumination révisionniste » à la lecture de la fameuse et piteuse lettre de Martin Broszat publiée le 19 août 1960 dans Die Zeit, se trouve la pittoresque maison d’Albert Londres, natif de Vichy et mort en 1932 dans l’incendie du Georges Philippar, paquebot de la Compagnie des Messageries Maritimes. En juillet 2009 j’ai eu le plaisir de visiter au Grand Casino de Vichy une exposition qui lui était consacrée. À la sortie, j’ai engagé la conversation avec les organisateurs, lesquels m’ont invité à m’inscrire pour 20 euros à leur association « Regarder… Agir pour Vichy ». Ce que j’ai fait bien volontiers. Le 9 septembre, la présidente de ladite association, une commerçante du nom de Marie de Colombel, me retournait ma cotisation et m’annonçait en propres termes : «Monsieur, nous avons le regret de vous faire savoir que notre Conseil d’administration n’a pas entériné votre adhésion à notre association. – Nous vous prions d’agréer, Monsieur, nos meilleures salutations. »
Toujours à Vichy. J’ai eu pour habitude d’héberger mes visiteurs dans un hôtel deux étoiles tenu par un Marocain qui boit jusqu’à en tituber. Je le payais rubis sur l’ongle et il se confondait en remerciements. Mais il y a peu il a appris que j’étais révisionniste. Son comportement a changé. À l’occasion d’une conversation avec d’autres personnes, il a fait sonner haut et clair sa foi en « la Shoah » (tel est le mot qu’il a employé). La femme qui vient travailler chez lui et qui est peut-être son amie m’a révélé qu’elle avait été étudiante à « Lyon 2 » quelques années après mon expulsion en 1979. Son mémoire de maîtrise avait été, m’a-t-elle révélé, consacré à Lautréamont ; elle y développait, paraît-il, exactement ma propre thèse, celle du canular. Son directeur de thèse lui avait reproché d’avoir mentionné dans sa bibliographie mon A-t-on lu Lautréamont ? publié en 1972 chez Gallimard dans la collection « Idées ».
J’ai voulu en savoir plus. Le Marocain est intervenu et, maugréant, a coupé court à la conversation. Quelques semaines plus tard, lisant le pavé de Jean-Jacques Lefrère, Isidore Ducasse / Auteur des « Chants de Maldoror par le comte de Lautréamont » (Fayard, 1998), j’ai noté que mon livre n’y était pas même nommé. Je suis repassé à l’hôtel pour essayer de renouer avec la femme en question, pour lui parler du livre de Lefrère et pour lui dire que ce Lefrère était un ingrat car je lui avais autrefois rendu un bien précieux service. Elle n’était pas là et c’est tout juste si le Marocain ne m’a pas mis à la porte.
19 décembre 2009