Claude Lanzmann à Nankin
Sous l’égide de l’Alliance française, organisatrice de la projection, Claude Lanzmann est venu présenter à Nankin la version chinoise de son film Shoah. À son auditoire chinois, trop prompt à établir un parallèle entre le massacre de Nankin perpétré par les Japonais en 1937 et le massacre des juifs en Europe, il a déclaré qu’il n’y avait pas lieu d’opérer une telle comparaison car, à la différence des Allemands, les Japonais n’avaient tout de même pas eu la volonté d’exterminer tout un peuple.
Il a également dit qu’il convenait de ne pas comparer son film avec ceux de Spielberg, de Benigni ou d’Alain Resnais. Il « exècre » La Vie est belle et surtout La Liste de Schindler. Spielberg, a-t-il précisé, « a fait des choses qu’on ne devrait pas faire avec la Shoah. On ne peut pas montrer ce qui se passait à l’intérieur des chambres à gaz. Spielberg joue à montrer, il fausse le jugement. »
C. Lanzmann a expliqué qu’il n’y avait pas d’images d’archives dans son propre film «parce qu’il n’y a pas d’archives» et il a ajouté : « Les images de cadavres de Nuit et brouillard, le film d’Alain Resnais, sont celles de victimes de typhus dans un camp de concentration. Des camps d’extermination, il n’y a pas d’image. »
(D’après Pierre Haski, « Nankin sous le choc de Shoah », Libération, 29 septembre 2004, p. VII)
9 septembre 2004