Interview de Robert Faurisson par le journaliste Ivan Levaï de Radio Europe n° 1 (audio)
17 décembre 1980 (12m. 47s.)
Un moment célèbre : Faurisson sur Europe n° 1, interviewé par le vermineux Ivan Levaï, le 17 décembre 1980. C’est la première et la dernière fois que Robert Faurisson a pu s’exprimer librement sur un « medium » ayant une audience nationale. Douze minutes pour une vie de recherches. Certains ont jugé que c’était trop et ils se mordirent les doigts d’avoir donné cette occasion à un dissident de s’exprimer, malgré les grossières insultes du journaliste qui a d’ailleurs fini sa carrière chassé de partout.
C’était le point de départ de « l’affaire Faurisson » sur le plan judiciaire avec, à 4m.01s., le lancement de « la phrase de soixante mots » :
Les prétendues chambres à gaz hitlériennes et le prétendu génocide des juifs forment un seul et même mensonge historique qui a permis une gigantesque escroquerie politico-financière dont les principaux bénéficiaires sont l’état d’Israël et le sionisme international et dont les principales victimes sont le peuple allemand, mais non pas ses dirigeants, et le peuple palestinien tout entier.
La transcription de l’émission est disponible ci-après.
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Ivan Levaï : Vous niez le génocide et l’holocauste. Vous affirmez que Hitler n’a jamais ordonné que quiconque fût tué en raison de sa race et de sa religion. Ces contre-vérités-là ont contraint Mme Alice Saunier-Seïté à sanctionner le professeur que vous étiez à Lyon et face à tous ceux qui, dans ce pays, ont été les martyrs de la barbarie nazie, vous venez de recevoir, au nom de la liberté d’écrire, le renfort d’un intellectuel progressiste américain, M. Noam Chomsky.
Faut-il, M. Faurisson, avoir peur de vous et de votre effroyable enseignement ? Non.
Faut-il vous combattre ? Oui, sans doute, mais auparavant, il faut vous connaître et c’est pourquoi vous êtes là ce matin.
Trois questions : M. Faurisson, comment pouvez-vous prétendre au titre d’historien ? Est-il nécessaire de réhabiliter Hitler, dont la cause, d’un bout à l’autre de la planète, est entendue ? Enfin, vous me permettrez de vous demander pour qui vous roulez, car un citoyen normal ne peut défier seul un peuple, ses martyrs, ses historiens et tous les témoins vivants de l’holocauste.
Robert Faurisson : Je ne revendique pas le titre d’historien. Une de mes spécialités est la critique de textes et documents. Cela signifie : comment peut-on discerner le sens et le contresens ? le vrai et le faux ? C’est intéressant, surtout à notre époque, de chercher à distinguer entre le vrai et le faux dans l’information. Vous dites que je parais défendre Hitler. Je me moque de Hitler, ce qui m’intéresse, c’est la vérité. Si je dis : Je n’ai pas de preuve que Néron ait incendié Rome, je ne le fais pas parce que je veux prendre la défense de Néron mais parce qu’il m’intéresse de savoir si Néron a fait brûler Rome ou non. Voici ma réponse.
I. Levaï : M. Faurisson, on peut toujours dire effectivement que Néron n’a pas incendié Rome, on peut dire que le Général de Gaulle n’a pas existé, que Jeanne d’Arc était un homme. Enfin, on peut dire mille choses.
R. Faurisson : On peut également, Monsieur, contester les vérités reçues, comme, par exemple, le soleil tourne autour de la Terre ; nier l’évidence peut être la meilleure ou la plus sotte des choses. Alors il faut aller au sujet.
Si vous le permettez, M. Levaï…
I. Levaï : On y vient tout de suite, M. Faurisson. Simplement, je disais: Comment pouvez-vous prétendre au titre d’historien ? C’était la manière de rappeler que vous étiez professeur de lettres jusqu’à ce que l’Université vous ait sanctionné. Vous avez enseigné les lettres. La méthode de critique historique n’est pas votre méthode.
R. Faurisson : Mais il n’existe pas, Monsieur, de méthode de critique historique. Il existe une méthode de critique qui peut s’appliquer soit à un sujet de radio, soit à ce que vous voudrez.
Alors, Monsieur, si vous me permettez, je voudrais résumer, puisqu’enfin j’ai la parole après avoir été tellement insulté – je vous remercie d’ailleurs de m’avoir fait venir…
I. Levaï : Ne me remerciez pas, je vais vous dire pourquoi vous avez la parole. Vous avez la parole, M. Faurisson, parce que M. Chomsky, dans la préface qu’il consent à écrire dans votre livre, qu’il n’a pas lu, dit : « la France est un pays totalitaire et le totalitarisme de l’information interdit à ce pauvre M. Faurisson de s’exprimer. » Eh bien ! Voyez, la preuve est faite, c’est pas un pays totalitaire, quoi qu’en pense M. Chomsky, vous êtes là et vous parlez.
R. Faurisson : Oui, en effet, Monsieur, au bout de six ans d’insultes. Très bien. J’en viens directement au sujet. Je me suis posé des questions pendant quatorze ans sur cette affaire-là et j’ai travaillé très dur pendant six ans au moins. J’ai essayé de résumer en une phrase de soixante mots le résultat de mes recherches. Je vais vous donner cette phrase de soixante mots. Je vous préviens, elle ne m’est inspirée par aucune sympathie ou antipathie politique.
I. Levaï : Allez-y.
R. Faurisson : Alors voici :
Les prétendues chambres à gaz hitlériennes et le prétendu génocide des juifs forment un seul et même mensonge historique qui a permis une gigantesque escroquerie politico-financière dont les principaux bénéficiaires sont l’état d’Israël et le sionisme international et dont les principales victimes sont le peuple allemand, mais non pas ses dirigeants, et le peuple palestinien tout entier.
J’en ai terminé avec ma phrase de soixante mots. Chomsky…
I. Levaï : Très bien, vous êtes conscient qu’en disant ça, là, calmement, à ce micro, vous insultez beaucoup de monde ? Je dirais même que vous faites mourir des gens deux fois. Vous êtes conscient ?
R. Faurisson : J’entends souvent dire cela ; ce qui m’intéresse, c’est la vérité. J’estime n’avoir de responsabilité qu’à l’endroit de la vérité. Ce que je dis est vrai ou faux. C’est cela qui importe.
I. Levaï : M. Faurisson, était-il bien nécessaire de tenter de réhabiliter Hitler, dont la cause, d’un bout à l’autre de la planète, est définitivement entendue ?
R. Faurisson : Je condamne Hitler. Il ne m’intéresse d’ailleurs même pas. Je condamne toute dictature, voilà pourquoi. Je…
I. Levaï : Non, non, Monsieur, attendez ! Dans une lettre que vous avez fait publier le 1er novembre 1978, vous dites : « Hitler n’a jamais ordonné, ni admis que quiconque fût tué en raison de sa race et de sa religion. »
R. Faurisson : Fût tué, en effet. Laissez-moi préciser.
I. Levaï : Je vous en prie.
R. Faurisson : Hitler a persécuté les juifs, c’est vrai. Les déportations ont existé, c’est vrai. Les fours crématoires ont existé ; cela n’a rien de mal de brûler des cadavres, surtout là où il y a des risques d’épidémie, mais ce que l’on appelle chambres à gaz, c’est-à-dire un endroit, un abattoir humain où on aurait fait entrer des gens pour les gazer, pour les tuer, cela n’a jamais existé.
L’horreur concentrationnaire est une réalité, où qu’elle soit.
I. Levaï : M. Faurisson…
R. Faurisson : Écoutez-moi. L’horreur concentrationnaire, je la dénonce partout…
I. Levaï : M. Faurisson…
R. Faurisson : Oui, je vous écoute…
I. Levaï : Pardonnez-moi. Il se trouve… Alors évidemment, moi qui ne suis pas historien et je n’enseigne pas…
R. Faurisson : Ça n’a pas d’importance.
I. Levaï : Je suis allé à Auschwitz et j’ai vu, de mes yeux vu, les chambres à gaz d’Auschwitz et je vous dis : le spectacle est insoutenable et Auschwitz est sous la protection internationale. Chaque pays a son blockhaus, chaque pays a son camp. Vous accusez de mensonge, en disant ce que vous dites, à ce micro et ce que vous écrivez depuis plusieurs années, vous accusez de mensonge, je dis, la communauté des nations et tous les êtres individuels de chair et de sang qui ont payé, je dis bien, ont payé de leur vie la folie de Hitler.
R. Faurisson : Vous permettez…
I. Levaï : C’est bien ça ? Pourquoi réhabiliter Hitler, c’est ma question.
R. Faurisson : Je ne suis pas en train de réhabiliter Hitler, je dis que ces choses-là ont existé. Vous me dites que vous avez visité Auschwitz, d’autres ont visité le Struthof et d’autres Dachau. Je vous conseille de revisiter et de visiter attentivement et de vous renseigner et d’essayer de voir, de vous renseigner sur ce que peut être le Zyklon, sur…
I. Levaï : Le Zyklon B, oui, que vous appelez insecticide. Vous dites: C’est un insecticide. À Auschwitz, des documents prouvent que c’était un gaz véritable et M. Vidal-Naquet, dans son livre, dit que des expertises ont été faites, que dans les soixante tonnes de cheveux expertisés on a trouvé du cyanure. Il y a eu, vous le savez, des gens gazés, M. Faurisson.
R. Faurisson : Pas du tout, laissez moi répondre. Le Zyklon est un insecticide extrêmement dangereux, mais qui existe encore aujourd’hui et qui se vend partout, là où vous avez l’autorisation de l’acheter, 18 rue Goubet, Paris (19e). Il s’emploie encore aujourd’hui.
Quant à ce que vous racontez sur les soixante tonnes de cheveux, je suis désolé, l’expertise a prouvé que, dans une usine de tapis et de peluches de Haute-Silésie, on a trouvé des cheveux dans lesquels on a trouvé trace d’acide cyanhydrique, ce qui est bien normal : on désinfecte.
Je répète, si vous permettez, que Hitler a persécuté les juifs. Je pense qu’il était plus dangereux, d’ailleurs, d’être communiste ou résistant que d’être juif pendant la guerre.
I. Levaï : Oh, ça se valait, ça se valait.
R. Faurisson : Non, monsieur.
I. Levaï : Oh si, oh si.
R. Faurisson : Ça ne valait pas mort et je vous conseille d’étudier là-dessus nos livres.
I. Levaï : Permettez-moi, M. Faurisson, de vous demander tout de même pour qui vous roulez, car un citoyen normal, je dis bien normal, ne peut défier seul un peuple, ses martyrs, ses historiens et tous les témoins vivants de l’Holocauste.
R. Faurisson : Ce que vous appelez témoins vivants de l’Holocauste, je les écoute et je les lis et, néanmoins, je maintiens ce que je dis, car il s’agit de savoir si on est témoin ou si on est témoin oculaire, ce qui est autre chose.
Maintenant, vous me demandez pour qui je roule. La question peut être posée à Chomsky, à Cohn-Bendit, à Serge Thion. Elle peut être posée à quantité d’auteurs maintenant aux États-Unis, en Angleterre, en Australie. Moi-même j’ai…
I. Levaï : Non, à vous, à vous.
R. Faurisson : J’ai déjà répondu à votre question, Monsieur.
I. Levaï : Vous n’avez pas répondu, M. Faurisson. D’abord parce que vous allez m’obliger à dire que vous étiez en 79 à Los Angeles. Ne vous défilez pas, pardonnez-moi…
R. Faurisson : … Jamais…
I. Levaï : Un instant ! Je dois dire, pour l’information des auditeurs d’Europe 1, à Los Angeles en 79, vous étiez présent à une Internationale révisionniste, c’est-à-dire qui voulait réviser ce qu’avaient été les soi-disant crimes de guerre. Avec M. Bennett, avec M. Butz, un nazi américain. Bien. Vous étiez… vous êtes conseiller…
R. Faurisson : Vous n’avez pas le droit de dire que M. Butz est un nazi. Quant à M. Bennett, il est l’équivalent en France, figurez-vous, de M. Noguères. Il est…
I. Levaï : Non, non.
R. Faurisson : Mais si ! Ce monsieur est secrétaire d[e l’union pour l]es libertés civiles dans l’état de Victoria, en Australie. C’est un homme de gauche… Est-ce que Chomsky est un hitlérien ?
I. Levaï : Encore un mot, encore un mot. Pourquoi êtes-vous le conseiller «historique» d’une maison d’édition belge qui publie comme par hasard…
R. Faurisson : Non, Monsieur, je vous préviens que cette chose-là a été sanctionnée par le tribunal.
I. Levaï : Allons bon ! Vous allez me traîner aussi devant les tribunaux !
R. Faurisson : Méfiez-vous, Monsieur, c’est une pure calomnie.
I. Levaï : Alors, c’est une question que je vous pose, ce n’est ni calomnie, ni médisance. Je voudrais savoir pourquoi votre avocat est aussi celui qui défend Fredriksen et la FANE ?
R. Faurisson : Mais il ne défend nullement Fredriksen et la FANE, je vous fais remarquer, par exemple, que Me Chotard, un de mes avocats, appartient au MRAP.
I. Levaï : Pour qui roulez-vous, M. Faurisson ?
R. Faurisson : Je vous ai répété que je « roule » pour, pour prendre votre expression, je roule pour la vérité, quoi qu’il doive m’en coûter, à moi-même, à ma femme, à mes enfants. J’irai jusqu’au bout de mon travail. Lors de la guerre de 14, il a été dit et répété que les Allemands coupaient les mains aux petits enfants, que dans des usines on fabriquait du savon humain, etc. Après la guerre, on a révisé. Je voudrais vous dire une chose à propos des historiens : vous les mettez dans le même sac. Je vous signale que les historiens les plus officiels, en 1960, ont fini par dire piteusement : « Eh bien ! à Dachau, malgré tous les témoignages, toutes les preuves, il n’y a jamais eu de gazage ». Et je ne vois aucune différence…
I. Levaï : Etonnant, ce que vous dites ! Quand je pense que Mme Saunier-Seïté vous sanctionne pour votre attitude. M. Giscard d’Estaing se déplace lui-même à Auschwitz, il emmène Samuel Pisar à Auschwitz et alors tout un pays se serait trompé ! Vous auriez seul raison contre un pays…
R. Faurisson : D’abord, je suis loin d’être seul. Calmons-nous. Je conserve mon calme, conservez le vôtre.
I. Levaï : Oui, oui je le conserve. C’est parce qu’il est l’heure de terminer.
R. Faurisson : Je regrette. Une visite officielle, à la façon de Giscard d’Estaing, ne signifie rien. Il s’agit d’aller sur place, de faire un travail scientifique. Je sais que c’est extrêmement difficile. Monsieur, je voudrais ajouter une dernière chose ?
I. Levaï : C’est la dernière.
R. Faurisson : Oui. On a tendance à croire qu’on est honnête, tandis que je serais malhonnête, qu’on dit la vérité tandis que je mentirais, qu’on serait démocrate tandis que je serais nazi. La différence, elle est la suivante : je travaille et je n’admets pas les vérités admises. Ainsi, je révise, j’examine, je reviens sur la question et je suis loin d’être le seul, et croyez-moi, il y a de plus en plus de gens pour réexaminer les vérités acceptées ainsi.
I. Levaï : M. Faurisson, vous avez eu plus de temps que mes invités habituels. Je renvoie au fond les auditeurs d’Europe 1, à votre procès qui aura lieu le 31 mars prochain.
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[Émission de radio du mercredi 17 décembre 1980 sur les antennes d’Europe n° 1, intitulée : « Expliquez–vous, M. X », enregistrée sur cassette et transcrite par nos soins.]