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Censure et limogeage à Radio Courtoisie. Comportement d’Emmanuel Ratier

Le 9 avril 2008, le journaliste Martin Peltier m’a invité à venir m’exprimer, de 19h30 à 21h, sur les ondes de Radio Courtoisie, station dirigée par Henry de Lesquen. Au bout de 27 minutes, l’émission a été interrompue d’autorité et l’entretien n’a pu reprendre ; le lendemain, M. Peltier a reçu de M. de Lesquen notification de son renvoi de Radio Courtoisie.

Emmanuel Ratier, directeur de la lettre bimensuelle Faits et documents, et Alain Sanders, journaliste à Présent, ont participé dans le même local à une émission qui précédait tout juste notre entretien. Apprenant ma présence et la décision de censure qui me frappait, tous deux se sont empressés de faire savoir au directeur qu’ils n’avaient pas été mis au courant de ma venue et qu’ils n’avaient donc aucune responsabilité dans une décision dont le seul responsable était M. Peltier.

Le 10 avril, j’ai téléphoné à E. Ratier pour lui demander s’il avait bien l’intention de rapporter l’affaire dans Faits et documents. Il m’a répondu qu’il n’en était pas question car il ne voulait pas perdre sa place à Radio Courtoisie ! Je l’ai rappelé le lendemain ; il m’a réitéré le propos et il m’a précisé que Radio Courtoisie était le seul endroit d’où il pouvait parler de Faits et documents.

Par la suite, je ne me suis plus guère intéressé à ce triste épisode quand, le mois suivant, un correspondant m’a révélé qu’il avait envoyé à E. Ratier une demande d’explication. La réponse manuscrite d’E. Ratier à ce correspondant était la suivante :

Monsieur, je connais au moins depuis 20 ans Robert Faurisson. Je pense en être un ami et parler aussi souvent que possible du révisionnisme (à part Rivarol, je suis le seul en France hormis des trimestriels comme Tabou). Je ne puis donc être soupçonné de mauvaise foi. Il se trouve que ma lettre [Faits et documents] était terminée quand cette affaire est sortie. Et quinze jours après, c’était un peu tard d’autant plus que c’est pour des raisons de santé que je ne suis pas paru le 15 mai. Cordialement. E. R.

En conséquence, le 27 mai, j’ai adressé à E. Ratier le message suivant :

Cher Monsieur,

Immédiatement après l’acte de censure pratiqué à mes dépens par Radio Courtoisie (9 avril 2008), je vous avais téléphoné pour vous demander si vous alliez vous en faire l’écho. Vous m’aviez alors répondu : “Certainement pas. Je ne tiens pas à perdre ma place”. Le lendemain, lors d’une autre conversation téléphonique, vous me confirmiez votre décision et me faisiez valoir que Radio Courtoisie constituait le seul endroit d’où vous pouviez parler de votre lettre, Faits et documents (à laquelle je suis abonné depuis bien des années).

Or voici que je reçois aujourd’hui de l’un de vos correspondants une tout autre explication de ce que, dans Faits et documents, vous n’avez pas soufflé mot de l’acte de censure dont j’ai été l’objet de la part de Radio Courtoisie et du limogeage, qui s’en est suivi, de Martin Peltier. J’ai sous les yeux à la fois la copie de la lettre que vous avait adressée ce correspondant et la photocopie de la réponse manuscrite que vous lui avez faite. Dans cette réponse, vous lui dites : “Il se trouve que ma lettre [de Faits et documents] était terminée quand cette affaire est sortie. Et quinze jours après, c’était un peu tard d’autant que c’est pour des raisons de santé que je ne suis pas paru le 15 mai.”

Me voilà perplexe : quelle est la vraie raison de votre silence sur cette double affaire (la censure de Faurisson et le limogeage de Peltier) ? Cette question, je me permets d’autant plus de vous la poser que, dans votre mot à ce correspondant, vous dites : “Je pense être un ami [de Faurisson]” et que vous ajoutez : “Je ne puis donc être soupçonné de mauvaise foi.” Quant à votre “c’était un peu tard”, je vous avoue que je ne me l’explique pas trop. La livraison de Faits et documents du 1er mai au 31 mai 2008, que j’ai reçue le 10 mai, annonçait en tête de la page 9 : “Directeur de Faits et documents, Emmanuel Ratier a été nommé patron d’émission à Radio Courtoisie […]”. Dans les lignes qui suivent vous aviez donc toute licence de préciser comment cette nomination était survenue : c’était à la suite d’une décision de censure doublée d’un acte de limogeage puisque aussi bien, si vous avez été nommé “patron d’émission”, comme vous dites, cela a été en quelque sorte à la place du limogé ou pour combler sa disparition !

 – Merci de bien vouloir me répondre. Bien à vous.   RF

Le lendemain, E. Ratier m’a répondu :

Cher Monsieur, ce courriel sera le dernier de ma part à propos de cette affaire. Je vous prie de le garder intégralement confidentiel puisqu’il faut désormais que je le précise.

Les raisons d’une décision sont rarement uniques et en général multiples. Il se trouve que je suis extrêmement fatigué et en ce moment assez désespéré de la tournure des choses au niveau national (pas à propos du révisionnisme, en général). Les espaces de discussion ou les possibilités de dialogue diminuent de jour en jour dans tous les domaines. La répression, quelle soit judiciaire ou non, est devenue une chape de plomb. Le seul endroit où je pouvais parler était Radio Courtoisie afin de me faire connaître. Le limogeage de Martin Peltier ne m’a [pas] paru fondamental car il ne s’était pas conformé aux directives qui lui avaient été données et comme il l’a reconnu (sur les sujets sensibles, prévenir le président de la radio, annoncer ses invités au moins 24 heures avant, etc.). Puisqu’il vous faut plus d’explication, je n’en ai pas parlé pour des raisons diverses que je n’avais pas forcément à expliquer, mes décisions ne regardant que moi, mais que je vais tenter de regrouper, et dans le désordre, pas en terme d’importance : 1) parce que je n’avais pas envie d’avoir d’ennuis comme simple suppléant – 2) parce que mes pages médias étaient finies (je ne fais pas mon journal en une seule fois, mais sur deux semaines, bouclant les pages les unes après les autres et pas dans l’ordre. ET que, effectivement, quinze jours plus tard, c’était vraiment tard. – 3) parce que je suis fatigué de me battre sur tous les sujets. – 4) parce que je suis fatigué : exemple, puisqu’il faut tout expliquer. Je ne suis pas paru le 15 mai (ça n’a aucun rapport avec Peltier) parce que j’étais, fin avril, au bout du rouleau physiquement. J’ai marqué pour des raisons d’imprimeur parce que ma santé ne regarde pas mes abonnés.Puisque vous voulez tout savoir, je sors d’une dépression de deux ou trois ans dont je ne me suis rendu compte que tardivement. Je suis également assez dégradé médicalement puisque j’ai depuis quatre ans environ une tension qui est au dessus de 25/15, ce qui était à terme la certitude d’une rupture d’anévrisme ou d’un infarctus. D’où des crises de migraine à répétition, dont je suis en train de sortir. – 5) parce que cette affaire ne m’a paru essentielle, ni même importante (et c’est une affaire de jugement personnel qui ne regarde que moi). – 6) parce que vos appels insistants et vos questions m’ont énervé. – 7) parce que la décision de Martin de vous inviter m’a également énervé puisque c’était littéralement se fusiller en direct et que je l’aime bien.

Le fait que j’ai été nommé responsable d’émission n’a strictement aucun rapport. Il se trouve que Lesquen m’a appelé moins d’une semaine avant la nouvelle émission, n’ayant trouvé personne pour remplacer Peltier. J’ai évidemment sauté sur cette occasion inespérée. – Voilà c’est tout. Si vous n’êtes pas satisfait, tout comme votre contributeur qui vous a transmis mon courrier, vous pouvez ne pas vous réabonner. Ça m’est complètement égal. Lorsque j’aurai disparu, tout le monde sera satisfait. – Emmanuel Ratier

Le jour même, j’ai répondu :

Cher Monsieur,

A en croire la déclaration de son directeur en personne, Radio Courtoisie présente la particularité d’être à ce point libre que ses responsables d’émission n’ont pas à lui préciser d’avance qui sont leurs invités et de quoi il va être question. Mais peut-être Henry de Lesquen se vante-t-il.

En tout état de cause, vous vous deviez, par égard pour vos lecteurs, parler dans FAITS et documents du FAIT que RC avait censuré Faurisson et du FAIT que Peltier avait été licencié. Et je ne mentionnerai pas ici d’autres FAITS annexes qui sont, eux aussi, tout à fait parlants ; je songe, par exemple, à l’empressement qu’ont manifesté certains collaborateurs de RC à se désolidariser, auprès de leur directeur, de Peltier et de Faurisson et à “sauter sur l’occasion inespérée” de remplacer un collègue brutalement licencié. Tous ces FAITS particuliers illustraient précisément le FAIT GÉNÉRAL que, comme vous le dites dans votre tentative de réponse, “les possibilités de dialogue diminuent de jour en jour dans tous les domaines” et que “la répression, qu’elle soit judiciaire ou non, est devenue une chape de plomb”.

Vous sortez, me dites-vous, d’une dépression nerveuse. Je sais ce que sont les effets ravageurs d’un tel mal et je constate, à lire les sept raisons que vous me donnez de votre comportement dans cette affaire, qu’il vaut mieux, pour votre santé, que j’interrompe ici cet échange. Je vous souhaite un prompt rétablissement. Je ne manquerai pas de me réabonner à votre lettre, dont j’apprécie la richesse en FAITS et documents qu’elle contient. – Bien à vous.   RF

Je ne crois pas utile d’épiloguer sur cette affaire, mais il me semble nécessaire de verser cette pièce au dossier de l’histoire du révisionnisme. Elle montre l’un des effets délétères, parmi tant d’autres, de la répression qui s’exerce depuis si longtemps contre le révisionnisme. A la censure s’ajoute trop souvent l’autocensure.

27-28 mai 2008