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Soirée spéciale sur Anne Frank

Demain soir, France 2 consacrera une « soirée spéciale » à Anne Frank avec un documentaire, réalisé par Jon Jones ; un débat suivra au cours duquel on ne manquera sans doute pas de prétendre qu’une expertise et une édition « savante » des Journaux d’Anne Frank sont enfin venues attester, en 1986, de l’authenticité du Journal d’Anne Frank. Il n’en est rien.

En réalité, les auteurs de la version originale en néerlandais du Journal d’Anne Frank sont bel et bien Otto-Heinrich Frank, le père d’Anne, et sa collaboratrice, Isa Cauvern, qui, avec son mari, Albert Cauvern, écrivait des récits pour une station de radio néerlandaise ; Isa s’est suicidée l’année de publication du livre, c’est-à-dire en 1947. Le père Frank se croyait une plume mais sa connaissance de la langue néerlandaise était médiocre.

Pour sa part, avant de devenir un escroc littéraire, il a été, à Francfort, avec l’un de ses frères, un banquier véreux. Il a eu affaire avec la justice allemande pour cette raison avant même l’arrivée de Hitler au pouvoir. Pendant la guerre, il a, à Amsterdam, fait de juteuses affaires grâce à un homme de paille non juif ; pour cette raison il a eu des ennuis avec la justice néerlandaise après la guerre mais « l’affaire s’est arrangée ».

Anne et Margot Frank ont été à Auschwitz. Pendant longtemps, on nous a dit qu’Anne y avait été gazée. Devant l’arrivée des Soviétiques, les deux sœurs ont été transférées à Bergen-Belsen où elles sont mortes du typhus. Il est attesté par une proche se trouvant dans ce camp que jamais Anne, une brave fille pas mal balourde, n’a jamais parlé d’un quelconque journal qu’elle aurait tenu à Amsterdam.

L’édition « savante » est de pure esbroufe et elle ne contient aucune expertise d’écriture attestant de ce que les spécimens d’écriture qu’on nous y montre sont d’Anne Frank. On a totalement escamoté ma question sur les deux spécimens d’écriture : une écriture d’adulte du 12 juin 1942 précède une écriture enfantine du 10 octobre 1942. On a grossièrement caricaturé mes arguments parce qu’on ne leur a pas trouvé de réplique. Et pour cause ! Ils reposent sur des observations matérielles imparables.

Enfin on s’est gardé de reproduire l’extraordinaire concession que m’a faite le père Frank, pris, devant sa (seconde) femme interloquée, au piège de ses mensonges : «Monsieur Faurisson, vous avez théoriquement et scientifiquement raison. Je vous approuve à 100%… Ce que vous me signalez était, en effet, impossible. Mais, dans la pratique, c’est pourtant bien ainsi que les choses se sont passées ». Pour ma réponse à cette tentative de fuite, voyez ma réponse immédiate (Serge Thion, Vérité historique ou vérité politique ?, La Vieille Taupe, 1980, p. 236).

Le père Frank, un miraculé d’Auschwitz, a eu certes la douleur de perdre pendant la guerre sa première femme et ses deux filles mais il n’en était pas moins un escroc (un charmeur) dont les mensonges embarrassent même ceux qui cherchent ou ont cherché à défendre cette histoire à dormir debout qu’est le prétendu Journal d’Anne Frank.

Pour rappel et à titre d’exemple

Pour ce qui est des invraisemblances ou des impossibilités physiques dont fourmille le prétendu journal de la jeune Anne, on voudra bien trouver, reproduits ci-dessous, les points 5 et 6 de mon étude de 1978, laquelle comprenait 103 points.

5) Prenons l’exemple des bruits. Les clandestins, nous dit-on, ne doivent pas faire le moindre bruit. C’est au point que, s’ils toussent, ils prennent vite de la codéine. Les «ennemis» pourraient les entendre. Les murs sont tellement «minces» (25 mars 43). Ces « ennemis » sont très nombreux : Lewin, qui connaît l’immeuble « comme sa poche » (1er octobre 42), les hommes du magasin, les clients, les livreurs, le facteur, « la femme de ménage », « le gardien de nuit » Slagter, les plombiers, le « service d’hygiène », le comptable, la police, qui multiplie les perquisitions, les voisins proches ou éloignés, le propriétaire, etc. Il est donc invraisemblable et même inconcevable que Mme Van Daan ait pour habitude de passer « l’aspirateur » chaque jour à 12h30 (5 août 43). Les aspirateurs de l’époque étaient, de plus, particulièrement bruyants. Je demande : « Comment cela est-il concevable ? » Ma question n’est pas de pure forme. Elle n’est pas oratoire. Elle n’a pas pour but de manifester un étonnement. Ma question est une question. Il faut y répondre. Cette question pourrait être suivie de quarante autres questions concernant les bruits. Il faut expliquer, par exemple, l’usage d’un « réveille-matin » (4 août 43). Il faut expliquer de bruyants « travaux de menuiserie » : suppression de marches de bois, transformation d’une porte en armoire tournante (21 août 42), fabrication d’un lustre en bois (7 décembre 42). Peter fend du bois au grenier devant la fenêtre ouverte (23 février 44). Il est question de fabriquer avec le bois du grenier « des étagères et autres charmantes bricoles » (11 juillet 42). Il est même question de construire au grenier… « un cagibi » pour y travailler (13 juillet 43). Il y a le bruit presque constant de la « radio », des «portes claquées», des « éclats de rire interminables » (6 décembre 43), les «disputes», les « cris », les « hurlements », un «fracas de jugement dernier» (9 novembre 42), « Un “vacarme” s’ensuivit […]. J’étais pliée en deux de rire » (10 mai 44). L’épisode rapporté le 2 septembre 1942 est inconciliable avec la nécessité d’être silencieux et discret. On y voit les clandestins à table. Ils « bavardent » et «rient». Tout à coup un «sifflement perçant» se fait entendre. Et on entend la voix de Peter qui « crie », par le tuyau du poêle, qu’il ne descendra certainement pas. M. Van Daan se lève, sa serviette tombe et, le visage en feu, il « crie » : «C’en est assez !» Il monte au grenier et là, « coups et frappements de pieds ». L’épisode rapporté le 10 décembre 1942 est du même genre. On y voit Mme Van Daan soignée par le dentiste Dussel. Celui-ci lui touche, de son crochet, une dent malade. Mme Van Daan lance alors « des sons invraisemblables ». Elle essaye d’arracher le petit crochet. Le dentiste regarde la scène, les mains sur les hanches. Les autres spectateurs sont tous pris de « fou rire ». Anne, au lieu de manifester la moindre angoisse devant ces cris ou ce fou rire, déclare : « Ça, c’était vache, car je suis sûre que j’aurais crié encore bien plus fort qu’elle. »

6) Les remarques que je fais ici à propos des bruits, je pourrais les répéter à propos de «toutes» les réalités de la vie matérielle et morale. Le « Journal » présente même cette particularité que pas un domaine de la vie qui y est vécue n’échappe à la règle d’invraisemblance, d’incohérence, d’absurdité. Dès leur arrivée dans leur cachette, les Frank, pour cacher leur présence, « installent des rideaux ». Or, installer des rideaux à des fenêtres qui n’en possédaient pas jusqu’alors, n’est-ce pas le meilleur moyen de signaler son arrivée ? N’est-ce pas le cas, en particulier, si ces rideaux sont faits de pièces «bigarrées» (11 juillet 42) ? Pour ne pas trahir leur présence, les Frank brûlent leurs «ordures». Mais, ce faisant, ils signalent leur présence par la « fumée » qui s’échappera du toit d’une demeure qui est censée être inhabitée ! Ils font du feu pour la première fois le 30 octobre 1942 [cette date étant mentionnée dans la lettre du 29] , alors qu’ils sont arrivés dans les lieux le 6 juillet. On se demande ce qu’ils ont pu faire des ordures de 116 jours d’été. Je rappelle, d’autre part, que les apports de nourriture sont énormes. En régime normal, les clandestins et leurs hôtes consomment chaque jour huit petits déjeuners, huit à douze déjeuners et huit dîners. En neuf passages du livre, on fait allusion à une nourriture mauvaise, médiocre ou insuffisante. Ailleurs, la nourriture est abondante et «délicieuse». Les Van Daan « dévorent » et Dussel « absorbe des quantités énormes » de nourriture (9 août 43). On fabrique sur place des saucisses et des saucissons, des conserves de fraises et des confitures en bocaux. Eau-de-vie ou alcool, cognac, vins et cigarettes ne semblent pas non plus manquer. Le café est si peu rare qu’on ne comprend pas que l’auteur, énumérant (23 juillet 43) ce que chacun voudra faire le jour où il pourra quitter la cachette, dise que le vœu le plus cher de Mme Frank sera d’avoir une tasse de café. Voici, d’autre part, en février 1944 – le terrible hiver 1943-1944 – l’inventaire des réserves disponibles pour les seuls clandestins, à l’exclusion de tout cohabitant ami ou « ennemi » : 30 kg de blé, à peu près 30 kg de haricots et dix livres de pois, cinquante boîtes de légumes, dix boîtes de poisson, quarante boîtes de lait, 10 kg de lait en poudre, trois bouteilles d’huile, quatre bocaux de beurre salé, quatre idem de viande, deux bouteilles de fraises, deux bouteilles de framboises à la groseille, vingt bouteilles de tomates, dix livres de flocons d’avoine, huit livres de riz. Il entre, à d’autres moments, des sacs de légumes pesant chacun « vingt-cinq kilos », ou encore un sac de « dix-neuf livres » de petits pois frais (8 juillet 44). Les livraisons sont faites par le « gentil marchand de légumes ». Et cela «toujours à l’heure du déjeuner» (11 avril 44). C’est invraisemblable. Comment, dans une ville par ailleurs décrite comme affamée, un marchand de légumes peut-il, en plein jour, quitter sa boutique avec de pareils chargements pour aller les déposer dans un immeuble situé dans un quartier animé ? Comment ce marchand pouvait-il éviter, dans son propre quartier (il était « du coin »), la rencontre de ses clients normaux pour qui, en ces temps de disette, il devait normalement être un personnage qu’on recherche et qu’on sollicite ? Il y a bien d’autres mystères à propos des autres marchandises et de la manière dont elles parviennent dans la cachette. Pour les fêtes et les anniversaires des clandestins, les cadeaux abondent : œillets, pivoines, narcisses, jacinthes, pots de fleurs, gâteaux, livres, sucreries, briquet, bijoux, nécessaire à raser, jeu de roulette, etc. Je signalerais à ce propos une véritable prouesse réalisée par Elli. Celle-ci trouve le moyen d’offrir des raisins le 23 juillet 1943. Je dis bien : des raisins, à Amsterdam, un 23 juillet. On nous en indique même le prix : cinq florins le kg.

6 octobre 2008