Une enquête du Monde diplomatique sur les chambres à gaz (mars 1988)

À la mémoire de Pierre Viansson-Ponté,
journaliste du Monde,
qui a donné le signal de la curée
judiciaire contre le révisionnisme [1]

 

Dans sa livraison de mars 1988, Le Monde diplomatique consacre trois pages (p. 4-6) à la question des chambres à gaz. L’essentiel consiste en une enquête d’Alexandre Szombati. Le titre porte : « La Mémoire sans défaillance des bourreaux. Des nazis parlent ». Il y a cinq photos et, en particulier, une photo publiée en exclusivité mondiale et qui prétend représenter une chambre à gaz (homicide) de Treblinka. Un encart porte sur « La loi du mensonge » ; on y fait état de la loi allemande de 1985 qui punit de prison quiconque met en doute l’existence des chambres à gaz ; on y rappelle que le général Otto-Ernst Remer a été récemment condamné pour avoir «notamment diffusé des bandes vidéo où il était affirmé qu’il n’existait pas de chambre à gaz sous Hitler» ; l’encart ne précise pas que cette bande vidéo est celle que j’ai réalisée sur « Le Problème des chambres à gaz » ; on la trouve en vente à la Vieille Taupe. En dernière page, un article de Jean-Michel Palmier porte sur « Un autre révisionnisme. La polémique des historiens ouest-allemands ».

Le sens général de ces trois pages du Monde diplomatique peut se résumer ainsi : les chambres à gaz homicides du IIIe Reich ont existé ; la meilleure preuve nous en est fournie par les aveux de certains nazis ; les révisionnistes qui contestent la réalité de ces chambres à gaz sont «des farceurs, qui s’attachent à falsifier l’histoire»; il faudrait que la France, à l’exemple de la RFA, se dote d’une loi spéciale pour condamner ces faussaires ; les procureurs allemands nous montrent la voie ; les historiens allemands sont de bons révisionnistes : ils révisent tout, sauf l’existence des chambres à gaz.

Je me propose de passer en revue les aveux des nazis, les chiffres de gazés, les anomalies de cette enquête, la photographie de la chambre à gaz de Treblinka et j’en terminerai par une toute récente révélation sur le nombre des morts d’Auschwitz.

I – Les aveux des nazis

Si l’on veut accorder foi à un témoignage, encore faut-il l’examiner soigneusement et donner aux mots et aux phrases leur véritable sens. C’est ce que nous allons nous efforcer de faire, en passant en revue ce que dit le témoin, mais aussi ce qu’il omet de dire.

1) Othmar TRENKER : «En ce qui me concerne, je n’ai rien eu à rechercher dans les camps d’extermination, j’ai constamment vu fonctionner les camions que nous appelions les “chambres à gaz roulantes”. Je n’ose pas mentionner de chiffres, mais il ne fait aucun doute que des dizaines de milliers de personnes sont passées de vie à trépas par ces camions. Hommes, femmes, enfants, jeunes et vieux étaient entassés dans ces véhicules hermétiquement fermés. Lorsqu’ils roulaient, le gaz introduit infligeait à ces gens une mort atroce.»

Commentaire : O. Trenker ne parle pas de chambres à gaz alors qu’il est interrogé sur les chambres à gaz. Il parle de camions à gaz. Il dit qu’il a «constamment vu fonctionner» de tels camions. Il n’en donne pourtant aucune description sinon qu’il les définit comme « hermétiquement fermés ». Il ne prétend pas avoir assisté à une exécution quelconque. Il ne décrit aucun résultat. Il ne fournit aucun chiffre sinon une estimation vague dont on ne voit pas sur quoi elle est fondée. Les Allemands possédaient des « camions à gaz » (« gazogènes »), des camions de désinfection, des camions pour le transport des cadavres, des « Entlausungswagen », des «Sonderwagen», des « Spezialwagen » : rien que de banal ;

2) Klaus HORNIG : «L’isolation des chambres à gaz roulantes était parfaite avec de la tôle fixée par des rivets. La tôle brillait sous le soleil. On aurait dit des cercueils d’argent. Cela se passait derrière le front de Pologne, et j’ai vu de mes propres yeux des membres du service de sécurité (SD), en uniforme SS, avec le triangle SD sur le bras, pousser les malheureux à coups de crosse et de baïonnette dans les camions. Je n’ai pas assisté au déchargement des cadavres, mais certains de mes hommes l’ont vu et en ont fait le récit. C’était horrible. Des mères serraient si fort leur bébé dans leurs bras qu’ils étaient comme soudés. C’est ainsi qu’on a brûlé leurs cadavres… Mais, du point de vue de Himmler, l’emploi des chambres à gaz roulantes était préférable aux massacres par fusillades. Quelques “durs” suffisaient pour le chargement, le déchargement étant exécuté, de force bien entendu, par les futures victimes qui, jusqu’à la dernière minute, espéraient un miracle.»

Commentaire : Klaus Hornig ne parle pas des chambres à gaz. Il dit avoir vu des véhicules dans lesquels des membres du SD ont poussé des malheureux à coups de crosse et de baïonnette. Il qualifie ces véhicules de chambres à gaz roulantes. Il n’a personnellement assisté à rien d’autre ; en particulier, il ne décrit aucun résultat, aucun déchargement de cadavres ; il rapporte ou prétend rapporter des propos sur la question.

3) Kurt FRANZ : «Je vous ai déjà déclaré au téléphone que les chambres à gaz [de Treblinka] dans lesquelles on a gazé les juifs ont bel et bien existé. J’ignore le nombre exact des gazés car je ne les ai pas comptés. D’autant moins que je n’ai pas participé à ces actions. Moi, je n’ai gazé personne, ni à Treblinka ni à Belzec, l’autre camp d’extermination où j’ai fait mon service auparavant. Dans les deux camps, j’étais le commandant des troupes de sécurité. Il y avait en effet des partisans dans les environs, qui menaçaient de nous attaquer…» «Un jour, une femme juive nue s’est approchée de moi et, se jetant à genoux, m’a dit qu’elle était prête à être gazée mais elle m’implorait de sauver sa fille. Celle-ci m’a supplié de sauver la vie de sa mère. Elles étaient très belles toutes les deux. J’ai donné l’ordre à mon ordonnance, l’Ukrainien Alexeiev Pior, de leur procurer des vêtements et de les placer dans les cuisines de SS, pour qu’elles épluchent des pommes de terre [Pior s’enfuit avec les deux femmes ; tous trois sont repris et ramenés au camp]. Les deux femmes furent immédiatement gazées et mon ordonnance tué sur place, d’une balle de revolver, par le commandant. […]»

Q : Avez-vous fait jouer des airs d’opérette afin que l’on n’entende pas les hurlements des gens suffoquant dans les chambres à gaz ?

R : «C’est possible, mais je ne les ai pas gazés moi-même. Pourtant, on m’a condamné pour avoir gazé au moins 300.000 personnes […]. »

Le journaliste Alexandre Szombati poursuit en ces termes le récit de la visite de Kurt Franz dans sa prison :

Je dépose devant lui un plan portant l’inscription « camp d’extermination de Treblinka », et lui demande de me décrire la procédure de l’extermination. Il me montre au bas de la feuille l’arrivée des transports. Je lui tends mon crayon et lui demande d’inscrire le mot « Arrivée ». Il met ses lunettes et écrit : « Ankunft ». Puis explique :

– Voyez-vous, après cela, les femmes étaient dirigées à gauche, les hommes à droite.

– Et les enfants ?

– Avec les femmes. Les hommes passaient à côté du puits et entraient dans la baraque de déshabillage. Les femmes, nues, passaient dans la partie supérieure de la baraque pour que les coiffeurs leur coupent les cheveux. Ensuite, les hommes devaient passer par le corridor, le «Schlauch», surnommé «Himmelfahrtstraße», «le chemin du ciel». Sa première partie avait 30 mètres de long. Puis le corridor tournait à droite et, 50 mètres plus loin, se trouvait l’entrée des chambres à gaz.

 – Combien de temps durait le gazage ?

– De trente à quarante-cinq minutes.

 – C’est une éternité, ne trouvez-vous pas ?

– En effet. Mais moi, je ne participais pas personnellement au gazage.

 – Voulez-vous me le confirmer par écrit ?

 – Volontiers…

 Sur le dos du plan, il écrit : « Je n’ai rien eu à faire avec les gazages des juifs ni à Treblinka ni ailleurs. J’étais uniquement commandant de compagnie chargé d’assurer la sécurité dans ce territoire des partisans. – Kurt Franz. »

Commentaire : Kurt Franz dit et répète : «Je n’ai gazé personne. […] Je ne participais pas personnellement au gazage. […] Je n’ai rien eu à faire avec les gazages des juifs ni à Treblinka ni ailleurs.» Le journaliste ne lui pose aucune question précise sur le gazage : quel gaz ? Fourni par quel moyen ? Nombre, nature et dimension des chambres à gaz homicides ? Arrivée du gaz ? Évacuation du gaz ? Qui a construit ces chambres ? Sur quels ordres ? Qui surveillait l’opération ? Nombre de participants ? Que faisait-on des cadavres ? On prétend ne posséder aucun plan original de Treblinka ou de Belzec et on ne nous fournit, en fait de plans, que de grossiers dessins, sans indication de dimension, qui nous sont présentés comme l’œuvre d’anciens détenus juifs, témoins de l’accusation. Ces dessins fourmillent de contradictions. À l’emplacement supposé des chambres à gaz homicides, ils montrent de naïfs petits rectangles affublés de la dénomination : «chambre à gaz». L’occasion était donc belle pour le journaliste de faire dessiner à Kurt Franz un plan de Treblinka ou de Belzec. Il ne semble pas le lui avoir demandé. Pourquoi ? Ces camps étaient en réalité des camps de transit entre la Pologne et la Russie. Ils possédaient certainement des chambres à gaz de désinfection : pourquoi l’emplacement de ces chambres de désinfection n’est-il jamais indiqué ? Ou bien faut-il comprendre que les prétendues chambres à gaz homicides étaient, en réalité, des chambres à gaz de désinfection? A leur arrivée dans les camps, la routine voulait qu’on conduise séparément à la douche, d’une part, les hommes et, d’autre part, les femmes et les enfants. Il est normal que Kurt Franz puisse désigner une «entrée» à ce camp. Il n’est pas normal qu’il ne désigne rien d’autre, sinon peut-être un corridor. La seule précision obtenue de lui serait que le gazage durait de trente à quarante-cinq minutes. Le journaliste, sensible au vague des réponses, fait précéder ces bribes d’interview par des fragments d’affirmations émanant de procureurs allemands selon lesquels à Treblinka « jusqu’à 18.000 (dix-huit mille) juifs furent tués chaque jour. Le massacre était effectué à l’aide de gaz émanant d’un moteur de char d’assaut russe du type T-34 ». Ce moteur aurait été un «moteur diesel». Quand on sait qu’un moteur diesel est, par rapport à un moteur à explosion, impropre à gazer (il est pauvre en CO et riche en CO2), on se trouve devant une incongruité technique et une invraisemblance chimique. Par ailleurs, le journaliste et ces procureurs passent sous silence le document de Nuremberg PS-3311, déposé en décembre 1945 par le procureur polonais Tadeusz Cyprian, membre de la Commission, à Londres, des Crimes de guerre pour le compte des Nations-Unies : selon ce document officiel, qui avait force de loi (article 21 du statut du Tribunal militaire international), c’était à la vapeur d’eau et non au gaz que les Allemands exterminaient leurs victimes à Treblinka ! Le « puits » dont parle Kurt Franz fournissait l’eau !

Les sorciers et les sorcières ne poussaient pas l’audace jusqu’à nier l’existence du diable. Ils disaient parfois pour leur défense qu’ils n’avaient personnellement pas eu de contact avec le diable. Ils percevaient au loin des bruits, des flammes et seules des odeurs leur parvenaient : c’était le diable. Kurt Franz et d’autres accusés ont été contraints d’utiliser le même subterfuge. Ce n’est pas à leur déshonneur mais au déshonneur d’un appareil judiciaire qui, en plein XXe siècle, a rétabli les procès de sorcellerie.

4) Hans MÜNCH : Ce témoin dit que, médecin à Auschwitz, il a «refusé la sélection. C’est-à-dire d’envoyer des êtres humains à la mort». Il avait été envoyé dans ce camp parce qu’il s’agissait d’y «maîtriser les épidémies ». Un jour, son supérieur direct, le docteur Weber, à qui il demande de l’aider à retrouver un camarade juif récemment arrivé au camp, lui rétorque : «Folie ! Tu ne le retrouveras plus jamais. Dès que tu le chercheras, ses camarades le cacheront, certains que tu veux l’envoyer à la chambre à gaz.»

Commentaire : Cette occurrence est la seule où ce témoin parle de chambre à gaz ou de gazage. Hans Münch est ici aussi vague qu’il l’a été le 11 mai 1948 dans son témoignage devant un tribunal américain.[2]

II – Les chiffres de gazés

Le journaliste  en vient ensuite à parler des chiffres. « Les chiffres d’Eichmann et ceux de Himmler» : tel est le titre. Or, aucun chiffre d’Eichmann, ni aucun chiffre de Himmler ne sont donnés. Ce que rapporte le journaliste, c’est simplement la déclaration de Wilhelm Höttl selon laquelle son ami Eichmann lui aurait un jour confié à Budapest que «quatre millions de personnes avaient été tuées dans les camps, tandis que deux millions avaient été massacrés par les commandos de la mort, par fusillades». Le journaliste dit de Wilhelm Höttl qu’il était un SS «en relation avec les Américains». En réalité, Höttl collaborait activement avec les Américains et c’est grâce à cette collaboration qu’il a pu se tirer d’affaire. Le premier gage qu’il ait donné aux Américains est sa déclaration du 7 novembre 1945, d’après laquelle Eichmann lui aurait déclaré en août 1944 que, «dans les différents camps d’extermination, environ quatre millions de juifs [et non pas : de personnes] auraient été tués, cependant que deux autres millions auraient trouvé la mort d’une autre façon ; la plupart de ces derniers auraient été exécutés par les Einsatzkommandos de la Police de Sûreté pendant la campagne de Russie [3]. » Autrement dit, dès août 1944, le total des juifs tués aurait été de six millions, ce qui donne à penser que le total des juifs morts pour la durée totale de la guerre aurait été bien supérieur au chiffre, partout répété et jamais prouvé, de six millions. Le journaliste passe sous silence ce qu’il est advenu au Tribunal de Nuremberg de cette déclaration de Höttl. Le 14 décembre 1945, le procureur adjoint américain, William Walsh, avait tenté d’utiliser cette déclaration. L’avocat allemand, Kurt Kauffmann, surpris de ce chiffre de six millions, avait alors demandé la comparution de W. Höttl, comparution d’autant plus aisée à obtenir que le personnage était précisément détenu à Nuremberg. Le procureur Walsh avait battu en retraite : à l’en croire, s’il avait lu un extrait de cette déclaration, c’était « dans le seul but de montrer le nombre approximatif de juifs qui, selon lui [Höttl], sont morts de la main des Allemands [4]. » Le président du Tribunal n’allait pas convoquer Höttl mais, dans le jugement final, il allait retenir le chiffre de 6 millions en le mettant directement au compte d’Eichmann ![5]

Le journaliste ne rapporte pas non plus ce que Höttl a fini par confier en 1987 à un journal allemand. Eichmann, lors de sa visite d’août 1944, était dépressif : il était aussi alcoolique ; Höttl l’avait enivré avec un alcool d’abricots, le fameux «Barracks» des Hongrois, et c’est une fois ivre qu’Eichmann se serait répandu en confidences.[6] En 1960, interrogé par le juge d’instruction israélien, le capitaine Avner W. Less, sur les propos que lui avait prêtés Höttl, Eichmann avait répondu : « Les allégations de Höttl ne sont rien d’autre qu’un salmigondis de salades que ce type s’est fourrées dans la tête [7]. » Et, comme le juge A. W. Less insistait sur le nombre des juifs morts, Eichmann lui avait répondu : « Mon capitaine, après la guerre, les Alliés ont tout de même recensé – je crois – deux millions quatre cent mille juifs, comme je l’ai déjà dit. Et des centaines et des centaines de milliers sont ressortis des camps de concentration [8]. »

III – Les anomalies de cette enquête

Cette enquête du Monde diplomatique présente d’autres points qui sont dignes d’intérêt :

1) Trenker, Franz et Münch adoptent, jusqu’au mimétisme, le langage du vainqueur puisque, aussi bien, ils parlent de « camps d’extermination », expression qui n’a jamais existé chez les nationaux-socialistes et qui a été créée, utilisée et imposée par les vainqueurs de la seconde guerre mondiale ;

2) Les accusés allemands ont eu affaire à la justice de leurs vainqueurs, relayée, dans certains cas, par la justice de la RFA et, manifestement, ils ne pourraient pas, même s’ils en avaient l’extrême courage, affronter à nouveau l’appareil répressif. La loi dite «du mensonge d’Auschwitz» est là pour les dissuader ; Le Monde diplomatique a poussé l’ingénuité jusqu’à rappeler l’existence de cette loi. On comprend donc que des Allemands, interrogés sur le point de savoir si les chambres à gaz ont existé, préfèrent soit se réfugier dans le silence, soit répondre que ces chambres ont existé, surtout quand ces Allemands sont déjà en prison ;

3) Le cas de Kurt Franz est significatif. Cet officier allemand a été condamné à la prison à vie mais il nourrit l’espoir d’être libéré. Il est prêt à faire n’importe quelle déclaration sur le tabou du siècle. La visite du journaliste est une aubaine. Franz lui promet tout ce qu’il voudra sur les chambres à gaz pourvu que le journaliste écrive qu’il a été, lui Franz, injustement condamné. Franz lui dit : « De temps en temps, j’ai un congé de huit jours que je passe à Düsseldorf avec ma femme, gravement malade… Venez donc nous voir lors d’un de mes prochains congés… Je vous invite. » Kurt Franz vit donc dans la totale dépendance des procureurs, gardiens de la vérité officielle, et, moins que tout autre Allemand, il peut s’offrir le luxe d’affirmer qu’il n’y a jamais eu de chambres à gaz à Treblinka et à Belzec ; ses permissions de sortie et ses chances de libération sont en jeu ;

4) Le journaliste n’a consulté que des procureurs ou juges d’instruction et, en particulier, ceux de Ludwigsburg, dont l’emploi salarié est de pourchasser exclusivement les « criminels nazis » ; leur dévotion à la cause exterminationniste est totale ; c’est au point, par exemple, que le procureur Spiesz tient à dire « nous » lorsqu’il évoque ce que les Allemands sont censés avoir fait à Treblinka, Sobibor et Belzec. Le journaliste, notant ce point, écrit : « Nous et non pas eux, le visage reflète la douleur et la gêne ». Le journaliste n’a consulté aucun avocat ; il se comporte en accusateur ;

5) Le journaliste parle avec insistance de «l’action Reinhard», une «action d’extermination» ainsi appelée, nous dit-on, en hommage à Reinhard Heydrich et qui aurait consisté à conduire les juifs dans les «camps d’extermination» de Treblinka, Sobibor et Belzec. Le procureur Spiesz parle de cette action. Il dit : « Nous n’avons eu besoin que de cent vingt hommes au total pour réaliser l’action Reinhard, c’est-à-dire l’extermination d’au moins 1.750.000 personnes dans les trois camps de Treblinka, Sobibor et Belzec » : c’est-à-dire une moyenne de quarante personnes par camp. Dans le livre Les Chambres à gaz, secret d’État, un chapitre tout entier est consacré à cette action. Il n’y a qu’un malheur pour les exterminationnistes, c’est qu’une telle action n’a jamais existé. Ce qui a existé, c’est une action « Reinhardt » (avec un « t »), du nom probablement du secrétaire d’État aux Finances, Fritz Reinhardt; cette action semble avoir été une opération de confiscation de biens appartenant à des Polonais juifs ou non juifs.[9]

6) Le journaliste dit que Kurt Schwedersky, ancien juge d’instruction des procès de Treblinka, lui a fait la déclaration suivante :

Comme vous le savez, pendant le IIIe Reich, il était strictement interdit de parler ouvertement de l’extermination des juifs […] Pourtant, à ma grande surprise, je suis tombé sur un document dans lequel il est ouvertement question du transport des juifs français à Auschwitz, ainsi que du but de cette déportation. Dans ce document, il est dit que «le lieutenant-général de la Wehrmacht K., stationné à Paris, se montre fort coopératif et se déclare d’accord avec l’extermination à 100% des juifs».

Ce document est très connu et il n’a nullement le sens que lui attribuent ce magistrat allemand ainsi que les historiens exterminationnistes qui en font état. Theodor Dannecker, représentant d’Eichmann à Paris, avait simplement dit, dans une lettre du 13 mai 1942, qu’il avait fait la connaissance du lieutenant-général de la Wehrmacht Kohl (homonyme du Chancelier Kohl). Celui-ci, au cours d’une conversation à bâtons rompus, s’était révélé comme très hostile aux juifs. Il était « d’accord à 100% avec une solution finale de la question juive ayant pour but un anéantissement total de l’ennemi». Coupée de son contexte, cette formule aurait pu signifier que ce général était en faveur d’un anéantissement physique des juifs ; rétablie dans son contexte, elle signifie que ce général est pour l’anéantissement de l’ennemi, ce qui n’a rien que de banal. D’ailleurs, ajoute Dannecker, «il s’est aussi montré un ennemi des églises politiques» ; ces derniers mots sont généralement supprimés parce qu’ils ont pour effet de relativiser la formule concernant l’ennemi juif. Au procès Barbie, ce fragment a été escamoté [10], et cela, pourrait-on dire, selon un usage établi par Joseph Billig, Georges Wellers, Raul Hilberg, Marrus et Paxton… ; ainsi a-t-on tiré argument de cette lettre de Dannecker, gravement tronquée, pour prouver que Barbie avait pu, lui aussi, savoir que la déportation équivalait à l’extermination ;

7) Les aveux, extrêmement vagues, que nous avons vus sont loin d’avoir la précision relative des aveux de nazis qui ont confessé l’existence de gazages dans des camps où il a fallu admettre qu’il n’y avait eu, en fin de compte, aucun gazage : c’est le cas, notamment, pour Ravensbrück et Oranienburg-Sachsenhausen.

IV – Une photographie de chambre à gaz

L’enquête se clot sur une photographie dont voici la légende

Une chambre à gaz de Treblinka – Photo prise par les nazis au printemps 1944 avant l’arrivée des troupes soviétiques, et saisie par la justice allemande dans les affaires de Kurt Franz (Publication en exclusivité mondiale).

Dans le corps de l’article, cette photographie était ainsi annoncée :

A propos de Kurt Franz, M. Spiesz me rapporte l’incident suivant :

« En automne 1943, l’action Reinhard achevée et les armées soviétiques se rapprochant, il fut décidé de faire disparaître les camps d’extermination de Treblinka, Sobibor et Belzec. Tous les prisonniers furent gazés, à l’exception de quelques-uns dont on avait besoin pour transformer ces camps de la mort en de paisibles paysages. On fit sauter le seul bâtiment construit en dur, celui des chambres à gaz, action que Franz a photographiée (voir photo page 6). »

On ne sait donc pas au juste si la destruction a eu lieu « au printemps 1944 » ou «en automne 1943», si la photo a été prise par les nazis ou par Kurt Franz et si ce que l’on nous montre est «une chambre à gaz [au singulier]» ou « le seul bâtiment construit en dur, celui des chambres à gaz [au pluriel] ». On est surpris de constater qu’un tel document, en possession de la justice allemande depuis tant d’années, n’ait jamais été révélé, vu qu’on ne possède aucune photographie des prétendues chambres à gaz de Treblinka, Sobibor et Belzec et pas le moindre plan ou document nous permettant de comprendre à quoi pouvaient ressembler ces étonnants abattoirs chimiques.

Mais il faut se féliciter de l’initiative du journal. Rien ne pouvait donner une plus juste idée de la thèse exterminationniste que cette photographie qui ne représente… rien, sinon un officier allemand, portant casquette, près de l’extérieur d’un bâtiment en briques !

Le journal Le Monde a beaucoup œuvré en faveur de la thèse de l’existence des chambres à gaz. Avec cette longue enquête du Monde diplomatique et avec cette photographie, il vient d’atteindre un sommet de l’aplomb journalistique. Désormais, quiconque voudra se faire une idée de l’honnêteté du Monde en général et du Monde diplomatique en particulier sur le chapitre des chambres à gaz n’aura qu’à se rapporter à la livraison de mars 1988 du Monde diplomatique, p. 4-6. La photographie de la page 6, publiée « en exclusivité mondiale », reflète idéalement le contenu de l’enquête tout entière, confiée au journaliste Alexandre Szombati: même les procureurs allemands de Ludwigsburg, pétris de néo-masochisme, même un Adalbert Rückerl et un Willi Dressen, n’avaient pas osé aller aussi loin dans la mystification.

Quant à la photographie d’Auschwitz-Birkenau sur laquelle s’ouvre l’enquête, elle est émouvante dans sa simplicité. Elle est due à Raymond Depardon. Derrière des barbelés, on aperçoit, dans un paysage de neige, les baraquements des internés. Ces barbelés sont tout à fait dérisoires par rapport au « mur de Berlin» et ils n’ont pu empêcher à Auschwitz quelque six cent soixante-sept évasions en quatre ans.[11] Ces baraquements sont comparables à tous les baraquements de tous les camps du monde. Cette neige est celle des hivers de Pologne. Là ont vécu, ont souffert et ont trouvé la mort, des hommes et des femmes qui ont droit au respect de leurs souffrances, et donc à la vérité sur les camps de concentration.

V – Le nombre des morts d’Auschwitz

Le nombre des morts d’Auschwitz a été évalué par les exterminationnistes indifféremment à neuf millions, à huit millions, à six millions, à cinq millions, à quatre millions (c’est ce chiffre qu’on voit inscrit sur le monument de Birkenau), à trois millions, à deux millions et demi, à un million et demi, à un million, à huit à neuf cent mille.[12] Aucun de ces chiffres fantastiques n’a jamais été fondé sur une enquête scientifique. Nous avons toutes les raisons de penser que le vrai chiffre est connu des gouvernements alliés. Les Allemands semblent avoir laissé intactes les énormes archives d’Auschwitz. Parmi ces archives se trouvaient, en 1945, soit trente-huit, soit trente-neuf volumes nommés Totenbücher (registres mortuaires). Les Polonais possèdent soit deux, soit trois de ces volumes; le reste est à Moscou. Le 30 octobre et le 5 novembre 1964, le professeur Nikolaï Alexeïev, doyen de la faculté de droit de Léningrad, était venu déposer au « procès d’Auschwitz » à Francfort. Il avait été conduit à révéler l’existence de ces registres. Tout récemment, le 12 février 1988, le Suisse Charles Biedermann, directeur du Service international de recherches d’Arolsen (RFA), venait déposer à charge contre Ernst Zündel au «procès de Toronto» (Canada). Contre-interrogé de très près par l’avocat de ce dernier, il était conduit à dire que les Soviétiques refusaient toujours la consultation des registres en leur possession ; à la question de savoir combien de noms de morts étaient contenus dans les deux ou trois volumes détenus par les Polonais, il répondait qu’il ne savait pas, et pourtant son Service possède photocopie de ces volumes. En 1979, dans Der Auschwitz MythosWilhelm Stäglich écrivait :

Jusqu’à ce jour, ces registres ne semblent pas avoir été utilisés. Peut-être les retient-on parce que les chiffres qu’ils indiquent contredisent le nombre exagérément élevé de décès que l’on a propagé partout  ?[13]

Il est symptomatique que pas un historien exterminationniste ne proteste contre l’attitude des Soviétiques et que pas un d’entre eux n’ait encore révélé le total des morts des deux ou trois registres polonais. Ce total permettrait une évaluation du total général des morts dans les trente-huit ou trente-neuf volumes. Je rappelle que le Service international de recherches est contrôlé par un ensemble de dix gouvernements, dont celui des États-Unis, du Royaume Uni, de la France, de la RFA et d’Israël. Ces gouvernements montent la garde et, par une série de mesures que Charles Biedermann a dû révéler à la barre des témoins au procès de Toronto, ils s’opposent à la divulgation de toute statistique sur le nombre des survivants des camps de concentration et à la révélation de tout apport de documents dans les archives du Service international de recherches. Ils savent certainement le nombre des morts d’Auschwitz, mais ils refusent de le révéler.

– Conclusion –

Cette enquête du Monde diplomatique prouve d’abord qu’en mars 1988, à l’heure même où certains auteurs juifs ne croient plus aux chambres à gaz ou conseillent de ne pas trop s’appesantir sur un examen de l’existence de cette arme prodigieuse [14], le journal Le Monde déclare nettement que lesdites chambres à gaz ont existé. Du point de vue de l’histoire des croyances et, d’une manière plus précise, pour tout historiographe, cette enquête est donc précieuse. Car un jour viendra où l’on cherchera à contester que le mythe des chambres à gaz ait jamais été admis à ce point (le sondage sur les chambres à gaz publié par Le Monde du 4 novembre 1987 (p. 10) n’a malheureusement aucune valeur. La formulation des questions est entièrement captieuse). Grâce à cette enquête, nous serons en mesure de prouver qu’en mars 1988 Le Monde se battait encore pour assurer la survie d’un mythe en pleine agonie.

Plus on veut démontrer l’existence des chambres à gaz, plus on démontre, en fait, qu’on n’en possède aucune preuve. Nous sommes simplement invités à croire ce que disent des témoins qui croient et qui, de plus, n’ont le droit de parler que parce qu’ils croient.

Les exterminationnistes sont à bout de ressources. Il va leur falloir, d’une façon ou d’une autre, saborder la magique chambre à gaz. Qui en prendra l’initiative ? Les Soviétiques pourraient, un jour, mettre au compte de Staline le massacre de Katyn et, pour faire bonne mesure, le mensonge d’Auschwitz. Après tout, leur rapport mensonger sur Auschwitz (document URSS-008 du 6 mai 1945) ne porte-t-il pas la signature du fameux faussaire Lyssenko et d’un métropolite ? Et puis, les Soviétiques possèdent les registres mortuaires d’Auschwitz : une arme redoutable… Nul doute que les Israéliens le savent, et les Américains avec eux.

30 mars 1988

 

[Publié dans les Annales d’histoire révisionniste, n° 4, printemps 1988, p. 135-149.]

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Notes

[1] Le Monde, 3-4 septembre 1978, p. 9.
[2] Procès contre l’I.G. Farben, NMT, sténogrammes en anglais, p. 14321-14345 ; sténogrammes en allemand, p. 14460-14481.
[3] Doc. de Nuremberg PS-2738, TMI, XXXI, p. 85-87.
[4] TMI, III, p. 574.
[5] TMI, I, p. 266.
[6] Welt am Sonntag, 8 mars 1987, p. 2.
[7] J. von Lang, L’Interrogatoire [d’Eichmann en Israël], Belfond, Paris 1984, p. 137 [Die Angaben von Höttl, das ist ein Sammelsurium von Durcheinander, das der Mann hier in seinem Kopf bekommen hat (J. von Lang, Eichmann-Protokoll, p. 107)].
[8] Ibid., p. 138 ; version allemande, p. 108.
[9] Voyez U. D. Adam, «Les chambres à gaz», in L’Allemagne nazie et le génocide juif, Gallimard-Le Seuil, Paris 1985, p. 259, n. 70.
[10] Le Monde, 20 mai 1987, p. 10, 4e colonne.
[11] T. Iwaszko, « Häftlingsfluchten aus dem KZ Auschwitz », Hefte von Auschwitz, 7, 1964, p. 3-57. Voy. aussi Himmler à Höss : « Le nombre d’évasions d’Auschwitz est exceptionnellement élevé et sans précédent dans un camp de concentration. » (Kommandant in Auschwitz, p. 178).
[12] G. Reitlinger, The “Final Solution”, Vallentine Mitchell, Londres 1953, p. 500.
[13] Le Mythe d’Auschwitz, La Vieille Taupe, Paris 1986, p. 410, n. 85.
[14] Lettre d’Ida Zajdel et Marc Ascione, Article 31, janv.-fév. 1987, p. 22 ; J. Gabel, Réflexions sur l’avenir des juifs, Klincksieck, Paris 1987, p. 135-136.