Un combat millénaire

Avec foi, ardeur et talent, Ingrid Rimland, qui s’est fait un nom dans la littérature américaine, anime le « site Zündel » (Zundelsite) sur le Net à partir de la Californie où elle réside.

Dans un message envoyé aux révisionnistes le 18 septembre 1998, elle sollicite l’opinion et les suggestions de ces derniers à propos d’un manifeste révisionniste qui prendra les dimensions d’un bref essai et commencera par le texte suivant d’Ernst Zündel, rédigé il y a quelques années :

Ce que nous sommes – et ce que nous ne sommes pas

La vérité révisionniste n’a nul besoin de contrainte. Nos arguments suffisent. Ceux-ci trouvent leur fondement dans la science et dans une recherche attentive. Pour convaincre les autres de ce qu’ils avancent, les révisionnistes ne vont pas chercher des professeurs qui sont en désaccord avec eux pour les frapper, ainsi que l’ont fait en France des terroristes juifs du Tagar pour le professeur Faurisson et pour d’autres ou comme cela s’est fait en Allemagne pour mon avocat Jürgen Rieger.

Les révisionnistes n’envoient pas des colis piégés comme ceux que j’ai reçus ou ne font pas sauter de voitures comme ce fut le cas en France pour mon jeune collègue François Duprat qu’ils ont tué tout en rendant son épouse infirme à vie.

Les révisionnistes ne détruisent pas par le feu les maisons des sionistes et des communistes. Ils ne mettent pas le feu aux librairies comme on l’a fait à des révisionnistes en France et ils ne brûlent pas les imprimeries comme on l’a fait en Angleterre.

Les révisionnistes ne détruisent pas par le feu le travail de toute une vie comme on l’a fait le 7 mai 1995 quand j’ai eu pour 400 000 dollars de dégâts à la suite d’un incendie criminel – un crime non encore élucidé par la police de Toronto – où mes documents et ma bibliothèque furent détruits.

 

Pour sa part, Ingrid Rimland écrit : « Les révisionnistes proposent au monde un nouveau regard sur l’histoire et demandent simplement aux honnêtes gens d’exercer leur bon sens et de décider pour eux-mêmes de ce qui leur semble vrai, plausible et juste. »

Elle poursuit en disant que le temps du débat avec la partie adverse et le temps des questions sont désormais révolus. Le débat a été refusé, le dogme de l’«Holocauste» s’est trouvé brutalement renforcé, les questions que nous posions ont trouvé leur réponse et le mystère de cet « Holocauste » a été résolu.

Ingrid Rimland pense que la recherche révisionniste ne suffira pas pour « mettre un terme à ce combat qui a pris de vastes proportions ».

C’est sur ce dernier point que je me suis permis de lui donner mon opinion. Pour moi, je pense que ce combat n’aura malheureusement pas de terme. Il a commencé au XXe siècle et il ne prendra pas fin au XXIe siècle. Le révisionnisme historique s’inscrit dans une succession d’aventures intellectuelles qui sont vieilles comme l’humanité et qui ne prendront fin qu’avec celle-ci : il s’agit du conflit, perpétuellement renouvelé, entre la science et la croyance, l’interrogation et la foi, la recherche et le dogme.

J’ai donc adressé à Ingrid Rimland le texte suivant :

J’approuve votre projet du 18 septembre 1998. Les quatre premiers alinéas d’Ernst Zündel sur « les révisionnistes » sont excellents. J’approuve en particulier l’idée selon laquelle, d’après nous, il est aujourd’hui nécessaire de commencer par dire : « Nous avons résolu le mystère de l’Holocauste ».

En revanche, il nous faut, à mon avis, faire comprendre à nos lecteurs qu’ils ne doivent pas pour autant se bercer d’illusions. En tout état de cause, comme je l’ai déclaré dans ma conférence de l’Institute for Historical Review en septembre 1994, je ne crois personnellement pas que nous serons capables un jour de « mettre un terme à ce combat qui a pris de vastes proportions ».

Selon moi – mais je peux me tromper car nul ne sait de quoi demain sera fait – dans la lutte qui oppose exterminationnistes et révisionnistes personne ne gagnera ni ne perdra de manière définitive.

Cette lutte, en effet, qui se situe simplement dans un cadre restreint – le cadre du XXe siècle – n’est que la manifestation d’un conflit très ancien qui a commencé à l’aube des temps. Il s’agit du conflit qui oppose la superstition au savoir. En ma qualité de Français, je songe en particulier ici aux efforts déployés par Voltaire au milieu du XVIIIe siècle pour dénoncer ce qu’il appelait « l’Infâme » et qui, pour lui, se trouvait dans l’Ancien Testament et dans les croyances juives. Il avait pour habitude de dire : «Écrasons l’Infâme!» Deux siècles plus tard, on le constate, Voltaire n’a pas écrasé l’Infâme et l’Infâme n’a pas écrasé Voltaire. Ils continuent de se battre.

Les hommes, dans leur ensemble, paraissent avoir autant besoin de la superstition que de la connaissance. Ils ont autant besoin de l’obscurité que de la lumière. Et, en dépit de leurs protestations vertueuses, ils sont autant attirés par le mal que par le bien.

Je précise : « les hommes dans leur ensemble », et j’ajoute que ces tendances opposées sont conscientes ou inconscientes, visibles à tous ou camouflées.

En 1992, David Irving avait eu raison de lancer : « Le vaisseau de bataille “Auschwitz” est coulé ! » mais c’est à tort qu’il croyait que la religion bâtie autour des crématoires d’Auschwitz en recevrait pour autant un coup mortel. Ainsi que je l’ai expliqué en 1994, ces religions peuvent fort bien s’accommoder de la disparition ou de l’affaiblissement des données de la réalité concrète sur lesquelles elles se sont greffées.

Je citais l’exemple de Massada.

Selon une légende juive, les juifs qui avaient trouvé refuge dans cette forteresse de la mer Morte, opposèrent une farouche résistance armée aux Romains qui venaient, en 70 de notre ère, de détruire Jérusalem. Au XXe siècle, des fouilles archéologiques entreprises sur place prouvèrent que ni le siège ni la bataille n’avaient eu lieu. Que croyez-vous qu’il arriva alors ? Le mythe de « Massada », ce sanctuaire de la résistance du peuple juif et de ses martyrs, n’en devint que plus vivace.

Il en va de même pour Auschwitz.

Ceux qui possèdent une longue expérience de l’aventure révisionniste ont le devoir, me semble-t-il, de faire savoir aux nouveaux venus que cette aventure, où manifestement on ne recueille ni honneurs ni richesses, ne débouchera malheureusement pas un beau matin sur une victoire définitive.

Méfions-nous d’un optimisme de façade. Méfions-nous également – cela va de soi – d’un pessimisme de façade. Évitons l’enthousiasme tout comme la morosité. Et, jusque dans l’analyse du révisionnisme lui-même, efforçons-nous d’être révisionnistes, c’est-à-dire exacts.

 

Pour moi, « ce combat qui a pris de vastes proportions » est malheureusement appelé à prendre des proportions encore plus vastes et je n’en vois personnellement pas le terme même à longue échéance.

30 septembre, 1998