L’Union des athées et Robert Faurisson
Le 30 mai 1993, à Paris, lors de son congrès annuel qui s’est tenu dans une salle de la Mutualité, l’Union des athées a, pour la quatrième fois depuis 1987, envisagé l’exclusion du professeur Faurisson. Pour la quatrième fois, cette exclusion a finalement été refusée.
Le professeur, à qui, de 1988 à 1992, toute possibilité de défense avait été déniée par M. Albert Beaughon, président de l’Union, s’est vu accorder, le 30 mai 1993 au matin, dix minutes afin de répondre à la motion d’un « Collectif Union des athées pour l’éviction de Robert Faurisson ». Au cours d’un exposé en six points, il a déclaré en substance :
1. J’appartiens depuis 1987 à l’Union des athées ; j’y suis, j’y reste et j’y resterai quoi qu’il advienne, même en dépit d’une éventuelle mesure officielle d’exclusion.
2. L’article 10 des statuts de notre Union stipule expressément qu’« aucun membre ne peut être exclu » ; je ne comprends donc pas que M. A. Beaughon ait ouvert les colonnes de La Tribune des athées à un collectif qui s’est abusivement dénommé « Collectif Union des athées pour l’éviction (de tel ou tel)» ; il y a là une contradiction dans les termes et une infraction aux statuts de notre Union.
3. Déjà à trois reprises (en 1987, 1991 et 1992), on a procédé à un vote en vue de mon exclusion ; ces tentatives ont échoué ; la présente tentative – la quatrième du genre – pourrait faire croire que notre Union pratique la démocratie au marteau ; je suis en faveur d’une démocratie respectueuse des règles qu’elle s’est données.
4. Le motif qu’on invoque cette fois-ci est que je coûterais de l’argent à notre Union ; mon adhésion en 1987 aurait provoqué de nombreuses démissions qui auraient, elles-mêmes, entraîné une forte baisse des cotisations. Ma réponse est que notre Union est une association à but non lucratif et que les cotisations n’y sont que facultatives et volontaires; cet argument financier ne peut donc, à lui seul, justifier mon exclusion.
5. Le motif réel de ceux qui demandent mon exclusion tient à mes recherches et à mes opinions révisionnistes ; j’ai écrit que je ne croyais pas plus aux magiques chambres à gaz hitlériennes que je ne crois aux pals, aux grils et aux fours des procès de sorcellerie. Mais que savent mes adversaires au sujet des arguments du révisionnisme historique ? À peu près rien. Je constate que ce qu’ils en savent se résume à ce qu’en disent les grands médias, les quels sont uniformément hostiles au révisionnisme. Pour juger, il faut avoir entendu le pour et le contre. On n’a entendu que le contre. On ne peut donc pas formuler de véritable jugement en la matière.
6. Bien que je n’aie pas à m’en expliquer, je suis prêt à fournir des éclaircissements sur les mobiles probables et les motifs certains de mon comportement de révisionniste.
Je ne suis intéressé ni par l’argent, ni par les honneurs, ni par la publicité personnelle; aucun motif religieux ou politique n’inspire ou ne dicte mes recherches et mes opinions révisionnistes ; je suis athée et apolitique. Expliquer mon révisionnisme par une hostilité à la Synagogue n’a pas plus de sens, pour prendre un exemple célèbre, qu’expliquer le révisionnisme de Galilée par une hostilité à l’Église, encore que, dans un cas comme dans l’autre, la répression antirévisionniste ait été ou soit d’inspiration essentiellement religieuse et politique.
Les mobiles ou les motifs qui peuvent expliquer ma conduite sont un trait de caractère, un goût, une expérience et une conviction (ou une illusion).
Ce trait de caractère est une curiosité pour les mystères (les intellectuels aiment à qualifier cette curiosité d’« intellectuelle » : c’est un adjectif de trop) ; ma curiosité (comme celle de Sherlock Holmes ?) s’aiguise dès lors qu’on lui interdit de s’exercer librement.
Le goût en question est celui de la recherche : de la recherche pour trouver ; et ce que je trouve, je veux le rendre public.
L’expérience dont je veux parler est celle qui m’a conduit à me méfier des hommes politiques, des juges, des gendarmes, des policiers, des gardiens de prison, des professeurs et des journalistes quand ils paraissent unanimes à défendre une opinion qui m’est répétée chaque matin, chaque soir, chaque nuit, jour après jour, pendant des années ; j’ai tendance à croire que ce qu’on protège ainsi ne peut être qu’un mensonge.
La conviction – tout à fait immodeste – ou l’illusion, peut-être, qui m’anime est que je passerai à l’histoire et que, dans mon sillage, beaucoup de personnes (en particulier des historiens, des professeurs, des juges et des hommes politiques) ne passeront à l’histoire que pour autant que je les aurai nommés et comme je les aurai nommés. Je n’attends rien du jugement de mes contemporains car celui qui apporte ou illustre une idée neuve ne peut que surprendre et froisser les hommes de son temps. Je n’attends guère du jugement de mes enfants car le conflit des générations tend à obscurcir ce jugement. Mais je compte sur mes petits-enfants. Quand ils parleront de moi au passé, j’espère qu’ils reconnaîtront que j’ai eu raison et que j’ai fait montre de courage : « Il a dit une petite chose exacte ; il s’est battu comme la chèvre de Monsieur Seguin ». Je n’aspire pas à d’autre oraison funèbre.
En conclusion, R. Faurisson a remercié les athées qui ont eu le courage de prendre sa défense. Il a préconisé le respect de l’Union des athées, c’est-à-dire « l’union » (autour de la Charte et des statuts) et non pas la désunion ; une union de tous ceux qui, sans exclusive politique et sans distinction idéologique, se définissent par le simple mot d’« athées ». Il a souhaité que personne ne songe à démissionner ; il a suggéré que chacun puisse, comme lui, déclarer : « J’y suis ; j’y reste ; j’y resterai quoi qu’il advienne. »
Notons qu’un incident s’est produit lors de ce congrès : un dénommé Pierre Courson, ancien interné à Buchenwald, s’est approché du professeur pour lui demander son nom, puis l’a violemment frappé à l’aide de sa canne-épée. Immédiatement, deux amis qui accompagnaient M. Faurisson ont ceinturé le perturbateur qui, aussitôt, a choisi de quitter les lieux. Le lendemain, nous pouvions lire dans la presse :
Selon M. Pierre Courson […] : « M. Faurisson a tenu des propos abominables et distribué des tracts niant l’existence des chambres à gaz. Je lui ai donné trois coups de canne, et ses gardes du corps m’ont plaqué au sol. Ensuite, M. Faurisson est parti […] ».[1]
Qui sont les véritables menteurs ?