Lettre à des universitaires de Lyon

6 février 1978

à MM. Marius-François Guyard,
recteur de l’Académie de Lyon, chancelier des Universités,
Maurice Bernadet, président de l’université Lyon-II, 
André Latreille, doyen honoraire, président d’honneur du Centre régional interuniversitaire d’histoire religieuse

 

Objet : Publication des actes du colloque sur « Églises et Chrétiens de France dans la deuxième guerre mondiale. »
 
 
Messieurs, 
 
Le Centre régional interuniversitaire d’histoire religieuse (universités de Lyon-II, Grenoble-II, Saint-Étienne, centre universitaire de Savoie, universités de Franche-Comté) a pris la responsabilité d’organiser à Lyon, du 27 au 30 janvier 1978, un «colloque national» sur « Églises et Chrétiens de France dans la deuxième guerre mondiale ». Vous avez vous-mêmes pris la responsabilité de présider ce colloque. J’ai, pour ma part, pris la responsabilité d’y participer (notamment par le versement d’une cotisation de cent francs) et j’ai pris la responsabilité d’y intervenir le dimanche 29 janvier lors de la séance consacrée au quatrième thème de ce colloque: « Les Églises face à la persécution raciale. » La séance était présidée par M. Margiotta-Broglio, professeur à l’université de Florence. Le rapporteur était M. François Delpech, maître-assistant à l’université Lyon-II. 
 
Avec la plus vive appréhension sur l’accueil qui serait réservé à mon intervention, avec toutes les précautions qui s’imposaient en pareil cas pour éviter de froisser les susceptibilités par une attitude provocante, après consultation, en privé, de quatre participants (dont trois «intervenants») qui m’approuvaient d’intervenir à condition que ce fût avec beaucoup de ménagements pour mon auditoire, je décidais de révéler aux participants du colloque la conclusion de mes travaux de recherche sur les textes, les documents et les témoignages de toutes provenances, relatifs au «système concentrationnaire national-socialiste ». Ces travaux de recherche se fondaient en partie sur les actes et documents du Saint-Siège relatifs à la deuxième guerre mondiale. Ma conclusion était la suivante : si, à la fin de la guerre, toutes les autorités religieuses et, en particulier, le Vatican avaient cru devoir déclarer qu’elles n’avaient rien su des «chambres à gaz» et d’une politique d’extermination (ou : «génocide»), c’est tout simplement que ces « chambres à gaz », cette extermination, ce « génocide » n’avaient jamais existé que dans des imaginations enfiévrées par la propagande de guerre et de haine. Depuis trente ans, une vingtaine d’auteurs, dont les ouvrages ont été passés sous silence ou traités injurieusement, ont contribué à dévoiler le mensonge des « chambres à gaz » et du «génocide». La popularité de la fable, la force colossale des médias, le conformisme de la « science historique » officielle exigent de nous que nous obéissions à ce mensonge, que nous participions chaque jour à ce mensonge. Pour avoir enfreint le tabou des « chambres à gaz » et du «génocide», j’ai, depuis plus de trois ans, gravement compromis la tranquillité de ma vie personnelle et de la vie de ma famille. Sur le plan professionnel, mon université s’est permis de porter atteinte au développement normal de ma carrière en m’accusant de « nazisme » (sic), de « folie » (sic) et en prétendant que je n’avais rien publié, et cela de mon propre aveu, ce qui est scandaleusement contraire à la vérité.
 
Mon intervention au colloque sur le sujet des « chambres à gaz » devait être, en principe, de cinq minutes, puis de trois-quatre minutes (?). Au bout de deux minutes cinquante-cinq secondes, le président faisait valoir que j’avais épuisé mon temps de parole. Je passais alors à la conclusion d’un feuillet d’une page et demie. Mon intervention, deux fois interrompue, avait duré, en tout, trois minutes trente-deux secondes. Un intervenant – très applaudi – élevait alors une «protestation solennelle» contre mes propos.
 
Le lendemain, j’apprenais que mon intervention pourrait ne pas être consignée dans les actes du colloque. S’il devait en être ainsi, je vous fais savoir que j’élève à mon tour une protestation solennelle contre cette forme de censure. Et je vous demande respectueusement de prendre, en la matière, toutes vos responsabilités, comme j’ai pris la responsabilité, envers et contre tout, de proclamer mon opinion.
 
Veuillez recevoir, je vous prie, Messieurs, l’assurance de ma haute considération.
 
P.S.   A l’intention de M. X. Pérouse de Montclos, directeur du Centre régional interuniversitaire d’histoire religieuse, qui me faisait grief d’avoir enregistré mon intervention sans lui en avoir demandé la permission, je déclare que je n’avais pas à demander cette permission. Je suis prêt à lui donner mes raisons. Sans l’aimable proposition du spécialiste de la prise de son, j’aurais procédé par moi-même à mon enregistrement.