Léon Poliakov, Pierre Vidal-Naquet, Claude Lanzmann

« L’ordre du génocide fut donné par Hitler à Himmler au début de 1941. » Cette affirmation, Léon Poliakov la retire. Elle était pourtant au fondement même de son ouvrage sur le IIIe Reich et les juifs : Bréviaire de la haine. L’historien avoue aujourd’hui avoir succombé à « une sorte de passion dénonciatrice » ; il n’avait formulé cette assertion que « sur la foi de quelques témoignages de deuxième ou troisième main ».[1]  

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Pierre Vidal-Naquet prétendait en 1980 que, contrairement à ce qu’affirmaient les révisionnistes, les Alliés avaient bel et bien expertisé des chambres à gaz homicides dans les camps de concentration du IIIe Reich. Dix ans plus tard, il déclare que « [les nazis] se sont acharnés à détruire toute trace matérielle de ces chambres ». S’ils se sont acharnés, il est douteux qu’il soit resté une seule chambre à gaz à expertiser.

P. Vidal-Naquet ne croit donc manifestement plus à l’existence de ces expertises de l’arme du crime.[2] « Tout paraît invraisemblable et pourtant tout est vrai » : la phrase est de P. Vidal-Naquet ; elle sert de publicité à un ouvrage d’Edward Reicher, Une vie de juif.

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Claude Lanzmann et son film Shoah semblent devenir les objets d’une sorte de révision. «L’Holocauste n’est pas une marque déposée, ni un fonds de commerce!» s’exclame Alain Vidalies.[3] Alain Finkielkraut écrit : « Claude Lanzmann se considère comme le concessionnaire exclusif de l’Extermination… [Il] a inventé une nouvelle définition de l’antisémitisme : l’antisémite, c’est celui qui ne fait pas ses dévotions au Film Unique. Cette auto-idolâtrie est grotesque et dégoûtante. Si Le Nouvel Observateur avait eu une once de charité, il n’aurait pas ainsi donné en spectacle la déchéance d’un artiste en mamamouchi. »[4] C. Lanzmann réplique d’Israël : «Accoutumé à statuer et légiférer sur tout sans qu’on le contredise jamais, Finkielkraut, incapable de me répondre, s’étrangle de rage, s’égare dans l’enflure et la haine. »[5]  

Tzvetan Todorov estime : « Shoah, film sur la haine, est fait avec de la haine et enseigne la haine. »[6]  

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La thèse de l’« Holocauste » est en difficulté. Les zizanies s’aggravent. On se rejette mutuellement la responsabilité d’un échec qui prend des proportions alarmantes.[7]  

1er février 1991

[Publié dans la Revue d’histoire révisionniste, n° 4, février-avril 1991, p. 105-106.]

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[1] L. Poliakov, « Histoires et polémiques : à propos du génocide », Commentaire, printemps 1991, p. 203.
[2] Voy., en 1980, « Un Eichmann de papier. Anatomie d’un mensonge », Esprit, septembre 1980, p. 53-56, repris dans Les Assassins de la mémoire, La Découverte, Paris 1987, p. 195, n. 42 ; à comparer avec « Négateurs. Des semeurs de haine », propos recueillis par René François, Différences, mars 1990, p. 17.
[3] « L’Holocauste, dommages et intérêts », Sud-Ouest, 23 octobre 1990.
[4] A. Finkielkraut, « Le cas Lanzmann », Le Nouvel observateur, 31 janvier 1991, p. 118.
[5] C. Lanzmann, « La pensée défaite », Le Nouvel observateur, 31 janvier 1991, p. 41.
[6] T. Todorov, Face à l’extrême, Le Seuil, Paris 1991, p. 255.
[7] Sur G. Wellers à propos de S. Klarsfeld et sur ce dernier à propos d’A. Mayer, voy. Revue d’histoire révisionniste, n° 3, p. 98 et 212.