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Fax à Ernst Zündel

Cher Ernst,

Je vous remercie de votre fax sur l’éventualité de déposer une plainte pour publication de fausses nouvelles, contre Sabina Citron (et sa clique) en raison de ce qu’elle dit sur « Wannsee ».

Mon avis est qu’en tant qu’universitaires, nous aurions d’excellents arguments pour montrer que « Wannsee » n’avait rien à voir avec « une rencontre de hauts dignitaires du gouvernement nazi [prenant] la décision […] d’assassiner tout homme, femme et enfant juif en Europe ». Même les universitaires qui sont aux côtés de Sabina Citron le savent et l’ont dit (Jäckel et Cie) et, si «Wannsee» avait été l’endroit pour une telle décision, Hilberg et Cie ne diraient pas qu’en fait aucune décision n’a été prise d’« assassiner » les juifs. Et il n’y aurait pas de discussion entre les tenants de la théorie « intentionnaliste » et ceux de la théorie « fonctionnaliste » : les premiers diraient : « Nous avons raison puisque le 20 janvier 1942, à Wannsee, l’”intention” de l’assassinat était clairement présente. » En fait, à « Wannsee », il s’est tenu une rencontre interministérielle (sans aucun haut dignitaire du gouvernement nazi excepté Heydrich) où Heydrich a dit que désormais « l’émigration serait remplacée par l’évacuation des juifs vers l’Est ». Ces mots (en anglais, ils sont quatorze) sont ceux, figurez-vous, de la Staff Evidence Analysis (SEA) [Service allié chargé de l’analyse des preuves et documents] ; ils ont été écrits par un J. Lester le 29 septembre 1949 pour résumer le « procès-verbal » de Wannsee (doc. NG-2586). Les mots de Heydrich étaient : Die Evakuierung der Juden nach dem Osten (p. 3 du document). Au fameux «congrès de Stuttgart» (3-5 mai 1984), les « historiens » défendant l’« Holocauste » ont implicitement accepté cette vision de « Wannsee ».

Mais ce qui peut être clair pour des spécialistes risque de n’être pas clair pour les membres d’un jury.

Et souvenez-vous que, ce que vous auriez à démontrer, c’est que S. Citron publie quelque chose qu’elle sait être faux. Rappelez-vous l’article 181 (ex-177) du code pénal du Canada : « Quiconque publie délibérément une déclaration, une histoire ou une nouvelle qu’il sait être fausse… ». Rappelez-vous aussi les mots qui suivent : « et qui cause ou peut causer un tort ou un dommage à un intérêt public […] ». Tout cela signifie qu’il vous faudrait convaincre onze ou douze simples gens du Canada :

    1. Que « Wannsee » n’a pas décidé l’assassinat des juifs d’Europe (et implicitement que rien d’autre n’a décidé un assassinat qui n’a pas existé) ;
    2. Que S. Citron a délibérément publié, à propos de « Wannsee » quelque chose qu’elle savait être faux ;
    3. Qu’en agissant ainsi, elle a causé ou pu causer un tort ou un dommage à un intérêt public du peuple canadien.

Il serait aisé, pour l’avocat de Sabina Citron, de montrer que la dame croyait ce que chacun au Canada croit au sujet de l’« assassinat » des juifs et qu’elle a le droit d’ignorer que quelques universitaires ont changé d’avis sur « Wannsee » dans les années quatre-vingts (spécialement) ; et puis, même si elle a diffusé ou publié quelque chose qu’elle savait être faux, quel est l’intérêt public qui en a souffert ? Bien sûr, quelques individus au Canada et, en particulier, Ernst Zündel souffrent à cause de ce mensonge mais ils ne représentent pas le public dans son ensemble. Rappelez-vous que vous auriez à définir cet « intérêt public ». La loi exige cette définition précise.

Imaginez les conséquences si vous perdiez votre procès. Dans le monde entier, les médias en tireraient la conclusion que « Wannsee » avait, à juste titre, été décrit comme la rencontre où les nazis avaient pris la décision d’assassiner ces pauvres juifs. Les médias auraient tort de le dire mais, vous le savez, ils le diraient.

18 janvier 1992