En Allemagne, tourmente judiciaire pour quinze lignes de latin
En 1978 le prestigieux historien allemand Hellmut Diwald, professeur à l’université d’Erlangen (mort en 1993), publiait dans son Histoire des Allemands[1] quelques lignes où il manifestait son scepticisme quant à la version orthodoxe de l’histoire d’Auschwitz. Comme on s’en doute, il allait chèrement payer son audace. Cependant mon propos n’est pas d’évoquer son cas mais celui d’un autre universitaire allemand, un sociologue frotté de latin.
En 1994 paraissait à Tübingen un gros ouvrage où une trentaine d’auteurs rendaient hommage à la mémoire d’H. Diwald.[2] Parmi ces auteurs figurait Robert Hepp, professeur de sociologie à l’université d’Osnabrück.
Dans une note de sa contribution[3], le lecteur découvrait quinze lignes rédigées en latin où R. Hepp ne faisait pas mystère de sa propre incroyance en ce qui concernait
illud Judæorum gentis excidium, ratione institutum et in « castris extinctionis » gaso pernicioso methodice peractum,
ce qui, le diable aidant, pourrait se traduire par :
ce fameux génocide des juifs rationnellement institué et méthodiquement conduit dans des « camps d’extermination » avec un gaz mortel.
Sur ordonnance d’un tribunal de Tübingen, tous les exemplaires du gros ouvrage que la police avait pu saisir furent détruits. Pour sa part, R. Hepp, pendant deux ans, put s’imaginer que l’appareil judiciaire et l’administration universitaire ne se donneraient pas le ridicule de lui chercher noise pour quinze lignes de latin. En réalité, à partir de 1996, il entra dans une période de turbulence qui, aujourd’hui, en 1999, semble enfin s’achever.
Pendant trois ans il lui fallut connaître tour à tour une perquisition à son domicile, la confiscation de certains de ses livres et de ses disquettes informatiques, deux procédures criminelles, un procès civil (d’abord en première instance, puis en appel, enfin auprès de la cour fédérale de justice) ainsi que des attaques venimeuses de la presse et, en particulier, du magazine Stern. Pour couronner le tout, l’enquête disciplinaire déclenchée par son université allait durer plus de mille deux cents jours.
R. Hepp, jusqu’ici, a réussi à éviter la prison ou l’asile psychiatrique. Son collègue Günther Deckert, lui, est toujours en prison, depuis des années. Il en va de même pour l’historien Udo Walendy.
L’Allemagne fédérale est un pays « libre et démocratique » dont il convient de ne pas braver les tabous, même en latin.[4]
31 mai 1999
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[1] Geschichte der Deutschen, Propyläen Verlag, Berlin 1978 ; version originale ; la police allemande de la pensée publiera une version « corrigée ».
[2] Hellmut Diwald, Hohenrain-Verlag, Tübingen 1994 ; textes présentés et rassemblés par Rolf Josef Eibicht.
[3] Ibid., p. 147, n. 74 ; voir Claude Lorne, « In Latino Veritas ? », Rivarol, 9 septembre 1994, p. 12.
[4] L’Allemagne fédérale est allée jusqu’à jeter en prison trois citoyens américains, successivement, qui étaient connus pour leur activité révisionniste dans leur propre pays mais dont les écrits parvenaient à des citoyens allemands. En ce moment l’Australien Fredrick Toben est en prison à Mannheim depuis le 8 avril 1999 parce que les publications de son institut, autorisées en Australie, parvenaient aux Allemands sur Internet. Aucun révisionniste étranger ne peut mettre le pied en Allemagne sans risquer arrestation et prison. La Gestapostasi veille et surveille.