Deux déclarations de Jean-Marie Le Pen, en 2012 et en 2016, sur les chambres à gaz nazies
La plus connue des déclarations de Jean-Marie Le Pen sur les prétendues chambres à gaz nazies remonte à 1987. On l’entend dire alors
Je me pose un certain nombre de questions [à leur sujet]. Je ne dis pas que les chambres à gaz n’ont pas existé. Je n’ai pas pu moi-même en voir. Je n’ai pas étudié spécialement la question ; mais je crois que c’est un point de détail de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale. (vidéo de l’intervention : Jean-Marie Le Pen Point de Détail 1987 – 1 m. 12 s.)
Il semble qu’il entendait par là que ce moyen de tuer n’était, dans toute l’histoire de la Seconde Guerre mondiale, qu’un moyen de tuer parmi tant d’autres. Il ne parlait vraisemblablement pas d’un crime mais de l’arme ou du moyen utilisé pour perpétrer ce crime. Mais les journalistes, lui coupant la parole et lui enlevant toute possibilité d’explication, ont littéralement fondu sur leur proie, s’indignant bruyamment de ce qu’ils venaient d’entendre et croyant ou affectant de croire que J.-M. Le Pen avait traité de « point de détail »… le meurtre de six millions de juifs. De son côté, il allait, à son tour, manifester son indignation et, coupant court, leur lancer
Voulez-vous me dire que c’est une vérité révélée à laquelle tout le monde doit croire, [que] c’est une obligation morale ? Il y a des historiens qui débattent de cette question.
Curieusement, le 2 ou le 3 octobre 2012, lors d’un entretien avec Andréa Bambino de l’AFP, il se fendra d’une toute autre déclaration, particulièrement intéressante mais qui est passée quasiment inaperçue :
Les chambres à gaz ont une importance fondatrice dans la politique française, colossale, incontournable. (Jean-Marie Le Pen : en refusant l’alliance avec le FN, la droite a été “suicidaire”)
Le 7 avril 2016, à la suite de deux condamnations judiciaires, l’une pour l’usage, une fois de plus, de l’expression de « point de détail » et l’autre pour des propos moqueurs sur les Roms, il vient de déclarer :
Ces réactions sont disproportionnées. Il y a un mystère autour des chambres à gaz, c’est ça ? Je ne vais quand même pas aller à Auschwitz demander pardon ! (Deux condamnations pour Jean-Marie Le Pen)
Quelles peuvent bien être, à cette heure, les convictions profondes de J.-M. Le Pen sur ces « chambres à gaz » qui, dans la politique française, ont, d’après ses propres mots, une importance non seulement « fondatrice » mais aussi « colossale » et «incontournable» ? Que pense-t-il au juste du « mystère » (sic) qui entoure ces chambres à gaz ? Et, si l’on voulait qu’il demande pardon et aille à Auschwitz comme on va à Canossa, que serait-il capable, à bout de patience, de faire et de dire ?
7 avril 2016