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De quel droit les vainqueurs de la seconde guerre mondiale dénoncent-ils les pillages exercés par le vaincu ?

Le père de l’ordinateur était un Allemand du IIIe Reich dont les recherches furent financées par les autorités du IIIe Reich.

Si on mène grand bruit autour des pillages, les uns réels et les autres supposés, de Hitler, de Göring ou des autorités allemandes d’occupation pendant la dernière guerre, on est, en revanche, discret sur les plus vastes pillages qu’ait probablement connus l’histoire mondiale : ceux qu’ont perpétrés, en Allemagne, à partir de 1945, les vainqueurs de la seconde guerre mondiale. En particulier, le vol des brevets et des découvertes scientifiques semble avoir atteint des proportions considérables. Par ailleurs, dans une Allemagne exsangue, dont on démantelait les usines et dont on emprisonnait ou poursuivait devant les tribunaux une grande partie des élites dirigeantes de l’économie, de la science et de l’enseignement, beaucoup de savants et d’ingénieurs de tout premier ordre n’avaient d’autre ressource que de se mettre au service des vainqueurs.

Il faudrait pouvoir comparer en toute sérénité la politique économique de l’Allemagne dans les territoires qu’elle a occupés pendant la guerre avec la politique économique des Américains, des Britanniques, des Français et des Soviétiques pendant la guerre et après la guerre dans les pays qu’ils ont, à leur tour, occupés. On a tendance à exagérer l’aide apportée par les Américains à l’Allemagne avec le « plan Marshall ». Cette aide fut tardive (1948-1952) et les États-Unis ne firent là que restituer une petite partie de ce qu’ils avaient auparavant volé à l’Allemagne (ou de ce qu’ils avaient permis à d’autres vainqueurs de voler à l’Allemagne). « Passe-moi ta montre, je te dirai l’heure ! » Avec le plan Marshall, les Américains ont « dit l’heure » aux Allemands des «années zéro». Je dois cette remarque au révisionniste Ernst Zündel.

Au sujet de la politique économique de l’Allemagne dans les territoires qu’elle a occupés pendant la guerre, il est un aspect qu’on néglige souvent : celui de l’aide apportée par ce pays aux économies européennes menacées d’effondrement à cause, en particulier, du blocus exercé d’abord par les Britanniques seuls, puis par les Britanniques et les Américains réunis. Sans doute l’Allemagne était-elle mue par la nécessité de sauvegarder autant que possible l’économie et la monnaie des pays occupés mais ainsi a-t-elle agi en la circonstance. Il faut donc le dire et non le cacher.

La Grèce, par exemple, était menacée, à cause du blocus anglais, à la fois par la famine et par l’effondrement de sa monnaie. L’Allemagne fut amenée à prendre en faveur de la Grèce qu’elle occupait des mesures que les manuels d’histoire passent sous silence parce qu’elles ne correspondent pas du tout à l’image qu’on se fait ordinairement de l’Allemagne nationale-socialiste. En pleine guerre, L’Allemagne qui, pourtant, manquait cruellement d’or et de ravitaillement, envoya à la Grèce (et à l’Albanie) un million trois cent mille livres d’or, soixante-mille tonnes d’aliments divers ainsi que des produits d’exportation allemands. A partir d’une certaine époque, en accord avec les Britanniques, « le bateau suédois Halaren quittait chaque mois Trieste ou Venise pour le Pirée, chargé de ravitaillement allemand destiné à la Grèce ». Du moins est-ce là ce que rapportait, sans être démenti, l’ambassadeur Hermann Neubacher, ancien maire de Vienne, qui déclarait devant le Tribunal de Nuremberg qu’« ainsi, en accord avec le Plan de quatre ans [c’est-à-dire avec l’accord d’Hermann Göring], Funk [ministre de l’Économie] avait consenti le sacrifice le plus lourd pour l’Allemagne, à savoir : envoyer en Grèce une grande quantité d’or pour retarder l’inflation [1]. »

Il semble que bien des exemples aussi étonnants que celui-là pourraient être cités à propos de la politique économique de l’Allemagne dans les territoires occupés, y compris en Pologne, dans les pays Baltes et en Ukraine.

 
26 décembre 1995
 
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[1] TMI, XI, p. 441-443.