|

Pour Philippe de Villiers, “le révisionnisme qui nie le génocide des Juifs” est “épouvantable”

Le livre de Philippe de Villiers, Le Moment est venu de dire ce que j’ai vu (Albin Michel, 2015 [novembre], 351 p.), s’ouvre pour ainsi dire sur l’entretien que son auteur avait accordé, le 24 mai 1992, à Ivan Levaï lors de l’émission d’Europe 1 intitulée « L’Heure de vérité ».

Ce jour-là, Philippe de Villiers avait eu peur. Aujourd’hui, revivant l’épisode au temps présent, il l’avoue : « J’ai le trac » (p. 12). Sans qu’I. Levaï lui eût posé la moindre question sur « l’Holocauste » ou sur le révisionnisme historique, il s’était empressé de déclarer tout de go qu’il jugeait « épouvantable » « le révisionnisme qui nie le génocide des Juifs » (p. 12). Il avait glissé ces mots dans une phrase alambiquée et manifestement préparée de longue main. En vain. Dès cette entrée en matière, sa peur de passer pour un hérétique et de déclencher l’ire d’un juif de combat l’avait paralysé. La suite avait été à l’avenant : une déroute, la venette, une cruelle humiliation.

Vingt-trois ans plus tard, commentant cette mésaventure, il en conclut : « Je regrette ma réaction trop timorée devant les insinuations odieuses d’Ivan Levaï, le grand inquisiteur » (p. 18).

Il peut certes « regretter » de s’être ainsi conduit mais, à mon avis, sa nature profonde étant celle d’un homme timide, timoré et porté à cette sorte de forfanterie qu’on ne voit qu’aux faibles, il ne pouvait faire mieux.

On me demandera peut-être qui je suis pour tenir pareil langage et ce que j’aurais pu moi-même faire en pareille circonstance devant notre « grand inquisiteur ».

Or il se trouve que, le 17 décembre 1980, j’ai accordé un entretien à Ivan Levaï sur l’antenne d’Europe 1. Il est possible d’entendre et de lire l’intégralité des propos échangés en consultant, dans ce site, Interview de Robert Faurisson par le journaliste Ivan Levaï de Radio Europe n° 1. Ivan Levaï ne s’est jamais pardonné de s’être fait damer le pion par un révisionniste. Encore en 2001 il en avait, à mon seul nom, des remontées de bile : « Son propos [celui de Faurisson] est répugnant et vingt ans après je me souviens à quel point je me suis dit : “jamais je n’aurais dû l’amener au micro d’Europe 1, jamais, jamais”. C’était une erreur grave » (Le négationnisme pris à la racineLibération, 20 janvier 2001).

Alas, poor Ivan ! Alas, poor Philippe !

15 janvier 2016