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Aktion Reinhardt (version française)

Daté de mars 1986, l’article ci-dessous n’a, jusqu’ici [août 2009], jamais été publié. Il démolit la thèse de substitution adoptée par certains exterminationnistes ainsi que par le semi-révisionniste David Irving, thèse selon laquelle, à défaut d’un «Holocauste», devenu aujourd’hui douteux, dans les prétendues « chambres à gaz » d’Auschwitz, de Birkenau et de Majdanek, il aurait existé, plus à l’Est, un incontestable « Holocauste » dans les « chambres à gaz » des trois camps de Sobibor, de Belzec et de Treblinka, appelés par D. Irving « les sites Reinhardt ».

En ce moment même, John Demjanjuk, qui est âgé de 89 ans, fait les frais de ce mensonge. Après avoir été faussement accusé d’avoir gazé des juifs à Treblinka, puis condamné à mort par un tribunal israélien et après avoir vécu cinq ans dans l’attente d’être pendu, il a été reconnu innocent et libéré. Des juifs ont alors eu l’aplomb de prétendre que, s’il n’avait pas été à Treblinka, il avait dû être à Sobibor ! En conséquence, les autorités américaines l’ont à nouveau extradé et livré, cette fois-ci, à la justice allemande et non à la justice israélienne. Malgré son état de santé qui est alarmant, J. Demjanjuk est aujourd’hui incarcéré dans une prison allemande.

La légende veut que la prétendue extermination des juifs à Sobibor, Belzec et Treblinka se soit produite dans le cadre d’une « Aktion Reinhard ». Or, ainsi que le démontrait R. Faurisson il y a déjà vingt-trois ans, cette opération, qui porte en fait le nom d’un secrétaire d’Etat aux finances du IIIe Reich, Fritz Reinhardt (avec un «t») et non pas le prénom de Heydrich, soit Reinhard (sans «t»), n’a rien eu à voir avec une extermination quelconque ; elle a essentiellement porté sur les retombées économiques et financières des déplacements en Pologne de populations polonaises et juives dans les années 1942-1943. Une étude attentive de l’un des documents concernant l’« Aktion Reinhardt » va jusqu’à prouver que le responsable de cette opération, le général Odilo Globocnik, avait bien présente à l’esprit l’idée que les juifs ainsi déplacés et passant par les camps de transit de Sobibor, de Belzec et de Treblinka seraient installés, après la guerre, hors d’Europe. Au procès de Nuremberg (1945-1946), par un tour de passe-passe d’une insigne malhonnêteté, l’accusation britannique a réussi à cacher cette idée d’O. Globocnik, laquelle, d’ailleurs, ne fait que reproduire des pensées exprimées par Hitler ou Himmler. Tant il est vrai que les autorités du IIIe Reich recherchaient, comme les sionistes, « une solution finale TERRITORIALE » (eine territoriale Endlösung) de la question juive. Des expressions telles que « solution » ou « solution finale » de la question juive ne sont que l’abréviation de « solution finale territoriale » de la question juive. Dès le 24 juin 1940 Heydrich parlait de « eine territoriale Endlösung » et, de son côté, un haut fonctionnaire, Martin Luther, chef de la division « Allemagne » au sein du ministère des Affaires étrangères, rappelait dans un long mémorandum en date du 21 août 1942 que cette formule restait en vigueur et qu’à la fin de la guerre les juifs, dans leur ensemble, devraient avoir à quitter l’Europe (Aufzeichnung, p. 4, 13 ; alias document du procès de Nuremberg NG-2586).

Dans le récent Dictionnaire de la Shoah (sous la direction de Georges Bensoussan, Jean-Marc Dreyfus, Édouard Husson et Joël Kotek, Larousse 2009), on ne manquera pas de lire l’article « Opération Reinhard [sic] » du Belge Daniel Bovy ; l’auteur semble d’une ignorance crasse ; sur le sujet il n’a apparemment lu ni Raul Hilberg, ni Uwe Dietrich Adam, ni l’indispensable document de Nuremberg PS-4024. Il ne fait que spéculer dans le vide.

3 août 2009

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L’Aktion Reinhardt – et non Reinhard – (mars 1942-octobre 1943) n’a jamais été une opération d’extermination des juifs de Pologne mais une opération dont les quatre objectifs étaient :

– le transfert de certaines populations polonaises ou juives ;
– l’utilisation de la main-d’œuvre polonaise ou juive (parfois dans des camps) ;
– l’exploitation de biens confisqués aux Polonais ou aux juifs ;
– la collecte de valeurs dissimulées ou encore la saisie d’immeubles.

Le responsable de cette opération fut Odilo Globocnik, ingénieur diplômé devenu général de division SS et siégeant à Lublin. O. Globocnik s’est probablement suicidé en prison le 31 mai 1945.

Si l’Aktion Reinhardt avait été une opération d’extermination des juifs, elle aurait produit, en tant que telle, des documents qui auraient attesté de l’existence d’un ordre ainsi que de directives et d’instructions en ce sens. De plus, pour ne prendre que ces trois exemples souvent cités, les camps de Treblinka, de Sobibor et de Belzec, utilisés, parmi bien d’autres, dans le cadre de cette opération, ne se seraient pas révélés être des camps de transit mais auraient été équipés pour exterminer des masses humaines.

Pour donner corps à la thèse de l’extermination, on écrit souvent Aktion Reinhard (sans « t »). On prétend qu’une vaste opération d’assassinats collectifs aurait été ainsi baptisée en hommage au Protecteur de Bohême-Moravie, Reinhard Heydrich, assassiné à Prague par des terroristes tchèques armés par la Grande-Brétagne. L’attentat a été perpétré le 27 mai 1942 et la victime est morte le 4 juin. Comme l’Aktion Reinhardt a débuté vers la mi-mai 1942, elle est antérieure à cet assassinat. Et puis, on imagine difficilement la bureaucratie allemande décidant de donner à une entreprise de ce genre le prénom de l’un des plus hauts dirigeants de l’État : il n’était pas dans ses usages d’appeler Hitler, Göring, Himmler ou Heydrich par leurs seuls prénoms d’Adolf, de Hermann, de Heinrich ou de Reinhard.

L’admission de l’historien Uwe Dietrich Adam

Uwe Dietrich Adam est l’auteur de Judenpolitik im Dritten Reich (Droste, Düsseldorf 1972). Il a participé au colloque d’historiens qui, du 29 juin au 2 juillet 1982, s’est tenu, à huis clos, à la Sorbonne. Paru trois ans plus tard, un ouvrage est supposé reproduire le texte des communications de ce colloque (L’Allemagne nazie et le génocide juif, Gallimard/Le Seuil, 1985). Dans sa propre contribution sur «Les chambres à gaz» (p. 236-261), U. D. Adam procède à d’intéressantes révisions de la thèse communément admise au sujet de l’Aktion Reinhardt. Par exemple, il en vient à écrire :

À ce sujet, certaines énigmes subsistent. Ainsi, au contraire de ce que pensent la majorité des historiens, il n’est pas certain que le nom de cette opération ait été attribué au souvenir de Heydrich, disparu le 5 juillet 1942 [erreur pour : le 4 juin 1942], à la suite d’un attentat. De même on explique mal le décalage dans le temps des travaux de construction : le chantier de Belzec débuta en novembre 1941, celui de Sobibor en mars 1942 et celui de Treblinka fin mai et début juin 1942 (p. 246).

Dans une note, il précise :

Utiliser le nom du chef du RSHA [Office central de sûreté du Reich] disparu aurait été un choix non seulement impropre mais irrévérencieux : quel rapport aurait-il pu y avoir par ailleurs entre l’assassinat de Juifs polonais et les Tchèques auteurs de l’attentat ? Le nom évoque sans doute plus vraisemblablement celui du secrétaire d’État aux Finances Fritz Reinhardt, orthographe que l’on retrouve précisément dans certains documents de l’opération Reinhardt. Sur cette dernière, l’auteur de ces lignes prépare une monographie (p. 259, n. 70).

Malheureusement, U. D. Adam devait mourir avant de pouvoir achever cette monographie.

Au procès de Nuremberg

Au procès de Nuremberg, l’accusation a utilisé le choix de documents réunis sous la cote PS-4024 (TMI XXXIV, p. 58-92), qui concerne la partie économique de l’Aktion Reinhardt. Le sujet à été évoqué, au cours des débats, les 5, 6 et 16 août 1946. Pour la version française, on se reportera, dans le volume XX, aux pages 341-350 mais en prenant soin de confronter cette version à la version allemande des pages 349-359, tant la version française peut induire en erreur, par exemple quand elle donne à croire qu’un document allemand contenait le mot de Sklavenlager (camp d’esclaves) alors que cette expression provient sous sa forme anglaise du major Elwyn Jones, substitut du procureur général britannique (texte français fautif, p. 348 ; texte allemand correct, p. 357). Dans le même volume XX, on consultera, pour la version française, les pages 451-453 et, pour la version allemande, les pages 460-462. Dans le volume XXI, on se reportera, pour la version française, aux pages 257-258 et, pour la version allemande, aux pages 268-270.

Une « omission » du substitut britannique

Au procès de Nuremberg, le substitut Elwyn Jones a voulu faire du recueil de documents PS-4024 son cheval de bataille contre l’accusé allemand Walther Funk, ministre de l’Économie, et contre deux témoins allemands qui furent, d’une part, Friedrich Karl, baron von Eberstein, général de division SS et préfet de police à Munich, et, d’autre part, le juge SS Gunther Reinecke. Dans les trois cas, E. Jones s’est montré peu convaincant. Par ailleurs, il s’est rendu coupable d’une grave omission. Dans un document en date du 27 février 1943, O. Globocnik envisageait sept mesures destinées à calmer les appréhensions des populations à transférer ou à transplanter. Le substitut britannique a omis la dernière et la plus significative de ces mesures dont on peut proposer la traduction suivante :

7/. On envisage de donner aux transplantés une attestation de ce qu’ils auront laissé en tant que maison, ferme, bétail et biens à inventorier, sans prendre pour autant l’engagement d’une compensation obligatoire. Que cette compensation doive s’ensuivre un jour au Brésil ou en Extrême-Orient, l’avenir en décidera. Il faut seulement donner aux transférés le sentiment qu’il s’ensuivra plus tard une indemnisation des biens laissés derrière eux (TMI et IMG, XXXIV, p. 66).

Et c’est après ces mots qu’apparaît la signature d’O. Globocnik. On ne peut voir la signature sans voir le point 7. On relève, dans ce point 7, la trace de l’idée, chère à Adolf Hitler, Reinhard Heydrich et à bien d’autres nationaux-socialistes selon laquelle la question juive trouvera sa solution, après la guerre, dans la création d’une sorte d’État juif qui pourra se situer à Madagascar, en Afrique, en Amérique du Sud ou en Extrême-Orient. Ni O. Globocnik, ni aucun autre national-socialiste n’a envisagé la solution d’un tel problème par l’extermination physique du peuple juif.

Quant à la politique qui consiste à déplacer des populations entières et à les spolier plus ou moins brutalement d’une partie ou de la totalité de leurs biens, elle est d’un emploi malheureusement constant tout au long de l’histoire. Les Alliés l’ont pratiquée à grande échelle à l’égard d’environ 12 millions d’Allemands à la fin de la guerre. Quant aux juifs, ils ne suivent pas d’autre politique à l’égard des Arabes de Palestine.*

mars 1986

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* Note (avril 1986) : Mark Weber, de l’Institute for Historical Review, auquel j’ai envoyé une version anglaise de ce texte, me fait savoir que, curieusement, dans la traduction des documents allemands mise au point par le ministère public américain, on note la même omission du point 7 (Nazi Conspiracy and Aggression, G.P.O., Washington 1946-1948. Supplement A, p. 744-770 pour le document PS-4024).