Une exécution sommaire, parmi bien d’autres, du “Maquis Chabanne” à Montemboeuf (Charente limousine)
Objet : Exécution sommaire d’Emmanuel GIRAUD par le “Maquis Chabanne”, le 17 août 1944 aux “trous de renard”, près de l’ancien moulin de Jayat, commune de 16310 MONTEMBOEUF (entre Angoulême et Limoges).
Je retrouve aujourd’hui un carnet où se trouvent consignées des notes d’audition de certaines personnes que j’avais interrogées dans les années soixante et au début des années soixante-dix sur les exécutions sommaires dues au “Maquis Bernard” et au “Maquis Chabanne”, pendant 78 jours de l’été 1944, dans quelques communes du Confolentais.
Dans ce carnet, figure une note d’audition de l’un des frères de la victime. Cette note était rédigée en style télégraphique ; je la transcris ici de manière à la rendre accessible à tous.
Note d’audition de Louis Giraud (4 septembre 1973)
Je m’appelle Louis Giraud. Je suis né le 6 février 1916 à Saint-Angeau (Charente). J’habite : Bâtiment K, 324 Cité Bel-Air, 16000 ANGOULÊME. Je suis jardinier. On peut me joindre en téléphonant à ma voisine, Mme Chenu, au 95 72 18.
J’étais le cadet de la famille. Il y avait sept enfants : cinq du premier lit et deux du second lit.
Emmanuel a été arrêté le 15 août 1944 à Coulgens en même temps que Gacon du “Bois”, commune de Jauldes. Gacon aurait été fusillé le 16 et mon frère le 17. D’après ce qu’on m’a dit, ils ont été arrêtés par Raymonde Capderat, de Coulgens, petite-fille Bordet, et par Laplagne, de Couture. Ils ont été matraqués à coups de godillots. On pouvait les suivre à la trace de leur sang. J’étais chez moi à Coulgens.
J’ai appris leur mort en lisant le numéro 1 ou le numéro 2 du journal Bir Hacheim. Dans le cas de mon frère, le motif a été qu’il avait “perçu de l’argent pour des actes antipatriotiques”. Mon frère était un simple. Il était entré dans la Milice le… 14 juillet 1944 ! Il avait accepté de l’argent. Il était domestique agricole. Sa femme également était domestique. Il avait une fille.
Dans le journal Bir Hacheim, ils disaient que cela s’était passé à Cherves-Châtelars. Je suis tombé à la renverse quand j’ai appris par votre lettre que cela s’était passé à Jayat. Je croyais que mon frère était enterré au cimetière de Cherves.
Ma mère n’était pas argentée. “Et puis, et puis”, aurait-elle eu le droit [de réclamer le corps] étant donné que mon frère avait été dans la Milice ?
Ma mère n’a jamais demandé ni obtenu de pension.
Pour Gacon, adressez-vous à André Tallon, marchand de grains.
R. FAURISSON
Note de R. Faurisson :
André Tallon m’a déclaré au téléphone : “Gacon a été fusillé. C’était un pauvre gars, moitié journalier, moitié sacristain”.
FIN
Je dois posséder dans mes archives d’autres documents concernant le cas d’Emmanuel Giraud.
26 juin 2000